Coronavirus et déconfinement : "face au manque de moyens, on a très peur d'une 2è vague" le personnel hospitalier alerte

Ils sont en première ligne depuis deux mois dans cette crise du covid-19. Les annonces du ministre de la santé dimanche 17 mai 2020 n’ont pas rassuré les personnels soignants qui dénoncent le manque de moyens et d’effectifs. Certains ont décidé de se mobiliser.

 

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Hausse des salaires, primes, organisation du travail et assouplissement des 35 h. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le ministre Olivier Véran, a esquissé les contours de son futur plan santé, qui sera officiellement dévoilé le 25 mai 2020. Un «Ségur de la santé» qui ne rassure pas vraiment les professionnels.

Bien avant la crise sanitaire liée au coronavirus, les hôpitaux tiraient déjà la sonnette d’alarme pour dénoncer le manque de moyens et d’effectifs. La gestion de l’épidémie vient encore renforcer cette réalité.

Inquiétude et épuisement

L’activité habituelle reprend dans la plupart des services hospitaliers avec en toile de fond cette crainte d’une deuxième vague liée au déconfinement. «Nous avons entendu les promesses du gouvernement. Mais ce que nous voulons, ce ne sont pas des paroles, mais des actes» explique Chaïba Janssen, secrétaire du syndicat SUD à l' Hôpital Edouard Herriot de Lyon (HEH).

Le 12 mai 2020, le syndicat SUD d'HEH a émis un préavis de grève reconductible toutes les 24 h pour contester "l’absence ou le manque de mise en place de tous les moyens nécessaires à garantir la sécurité et la santé des salariés" des secteurs public et privé dans les établissements du sanitaire, du social et du médico-social.

Sur les 3500 agents d’HEH, seuls 185 ont été testés, précise Chaïba Janssen. Des unités de soin continu ont été transformées pour accueillir des lits de réanimation. "Il a fallu bricoler, car on manque de matériel. Le renfort de personnels peu formés (infirmiers de blocs et d’anesthésie) a aussi été un problème, certains étudiants infirmiers de 3e année étaient complètement perdus».

La gestion liée à l’entretien et au bio-nettoyage fait aussi partie des inquiétudes. 13 agents de services hospitaliers (ASH) font partie de la brigade Covid, les autres sont gérés par une entreprise privée. Ils ont moins de 10 minutes pour faire une chambre. Leur rôle est pourtant essentiel pour éviter les infections nosocomiales.

Aujourd’hui, la désinfection est faite deux fois par jour. Elle devrait être faite toutes les deux heures sur toutes les surfaces comme les ascenseurs, les vestiaires, les casiers des agents. Nous avons demandé des cashs de protection  pour les claviers d’ordinateurs. Les salles de soin ne sont pas faites correctement. En réanimation, ce sont les aides-soignants qui font le ménage et l’entretien des chambres des patients.  On est vraiment très inquiet avec le risque d'une deuxième vague. "
 

Une lettre ouverte pour alerter sur la situation

Dans ce contexte, à l’appel des syndicats SUD, CGT et FO, les agents de l’hôpital Edouard Herriot peuvent signer une lettre ouverte qui sera adressée au ministre de la santé, à l’Agence Régionale de Santé d’Auvergne-Rhône-Alpes, au Maire de Lyon, à la Direction des Hospices Civils de Lyon (HCL) et à la direction de l’Hôpital Edouard Herriot. (HEH)

« Nous sommes infirmiers, aides-soignants, agents des services hospitaliers, médecins, brancardiers, kinésithérapeutes, préparateurs en pharmacie, techniciens de laboratoire, manipulateurs radio, administratifs, personnels ouvriers et techniques, etc... Nous travaillons à HEH de jour comme de nuit à V, à I, à K, à F, à E, T, aux urgences, en réanimation, au BDA, à la cuisine, au poste de sécurité, dans les Centrales, la lingerie etc....

Nous participons tous à la prise en charge des patients atteints du COVID et des autres patients, et nous n'acceptons pas ce qui se passe à l'hôpital ! Sur la base des revendications suivantes, nous exigeons :

* Tout le matériel pour nous protéger et prendre en charge les patients : des masques chirurgicaux, FFP2, des sur-blouses, des gants, du gel, des défibrillateurs, des médicaments, des respirateurs...
* Des tests en quantité suffisante pour tous les personnels afin qu'une campagne massive de dépistage soit menée sur l'Hôpital.
* La réouverture de tous les lits fermés pendant la crise. Le retour des ASH dans tous les services.
* La stagiairisation de tous les contractuels et l'embauche de personnels en plus, tout de suite !
* Le respect de nos plannings, de nos horaires, non aux soignants «uber» !
* La prime de 1500€ pour tous les personnels d'HEH, Charpennes, Dentaire et le déblocage immédiat de notre point d'indice. + 400 euros pour tous par mois (salaire)
.


L'idée est d'abord de faire circuler cette lettre ouverte aux agents avant de la diffuser auprès des commerçants et des habitants du quartier. Un moyen de recueillir davantage de signatures et d'alerter sur cette cure d'austérité qui touche l'hôpital. "4 000 lits ont été supprimés en 2 ans aux Hospices Civils de Lyon, 20 000 en 10 ans " précise Chaïba Janssen.

La psychiatrie en soutien

Du côté de l'hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon, la CGT s'associe à la lettre ouverte de ses confrères d'HEH. L'établissement s'est mobilisé ces derniers mois contre des fermetures d'unités et un plan d'économie ; avec quelques avancées obtenues : "Tout le monde touchera la prime de 1500 euros", explique Marc Auray, le responsable départemental CGT du Vinatier. Tous les contractuels de plus de 6 mois vont être titularisés et tous les autres devraient être prolongés.
La direction s'est aussi engagée à rouvrir trois unités d'ici septembre, mais l'ITARD (unité de patients polyhandicapés et déficitaires graves) est toujours menacée de fermeture. Les syndicats restent vigilants. "On prévoit de se mobiliser tous les mardis avant une grosse action le 18 juin prochain", précise la CGT.
 

En Ardèche, "on s'est débrouillé au jour le jour"

A l'hôpital d'Aubenas en Ardèche , qui compte 732 lits répartis sur  4 sites, "c'était quand même un gros foutoir, on a dû se débrouiller au jour le jour, mais la crise a été plutôt bien gérée", explique Manuelle Terme, infirmière.
Le principal blocage reste la prime de 1500 euros, qui n'a pas été attribuée aux soignants du département. Une stratégie clivante, "que l'on ne comprend pas". Nous restons très vigilants, nous ne sommes pas dupes ; on attend de voir les dispositions prévues dans le plan santé le 25 mai prochain et s'il le faut, nous n'hésiterons pas à monter au front", prévient Manuelle Terme.


 
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