Les salles de sport n'ont toujours pour l'heure aucune directive ou protocole pour leur réouverture. Malgré cette incertitude, les professionnels de ce secteur s'organisent et réfléchissent pour pouvoir accueillir à nouveau du public début juin si la phase 2 du déconfinement est lancée.
Alors que nous entamons la deuxième semaine de déconfinement, certains corps de métier attendent avec angoisse et impatience le feu vert du gouvernement pour la reprise : les salles de sport sont dans le flou le plus complet quant à leur réouverture y compris au niveau de la date.
A Meylan Fitness, une salle indépendante de l'agglomération grenobloise qui fonctionne depuis 17 ans, l'équipe travaille sur place pour organiser le retour des adhérents. Environ 1000 personnes, qui profitent de toute une palette de cours collectifs, musculation, cardio, de Pilates ou de cours en piscine.
"Très vite, nous avons fait le choix de suspendre les prélèvements mensuels des abonnés annuels" explique Marie-Claire Fady co-propriétaire de la salle."Nous avons une dizaine de salariés, des profs qui travaillent à temps partiel et jonglent avec d'autres structures, sur les deux mois, nous avons assuré les salaires avec le dispositif gouvernemental de chômage partiel"
Une nouvelle organisation
En attendant cette phase 2 du déconfinement qui se profile début juin, si tout va bien, quelques changements sont prévus : le sens de circulation, le gel hydro-alcoolique, un plexiglas à l'accueil mais aussi la désinfection des appareils, des vestiaires avec un accès aux toilettes repensé.
Pour les cours collectifs, Marie-Claire et Yves Fady pensent mettre en place un planning différent avec des cours moins longs permettant une rotation plus importante des élèves."Nous réfléchissons aussi à mettre en place des cours en extérieur, mais il faudra négocier avec nos voisins proches."
La piscine, où se déroule habituellement un grand nombre de cours collectifs d'aquabike et aqua-training, restera pour le moment fermée. Cette piscine constitue dailleurs une part importante du chiffre d'affaire. Ce qui amène à évoquer le problème de cette réouverture avec un exercice d'équilibrisme budgétaire périlleux : il faudra que les recettes soient à la hauteur des charges, or avec cette nouvelle organisation, cela semble difficile. Même si Marie-Claire Fady reconnaît sa hâte de retrouver ses élèves, pour la plupart des fidèles, " Si on repousse cette réouverture, il se peut que certains ne reviennent pas et filent ailleurs". Les grandes chaînes, qui fédèrent désormais la plupart des salles de sport, auront peut-être moins ce problème pour franchir ce cap difficile.
Du côté des petites salles
Quand aux petites structures, qui misent sur le coaching, l'esthétique et le sur-mesure, c'est également l'attente, les préparatifs et la mise en place de nouvelles habitudes.
BodyTech, installée au centre de Grenoble, réorganise ses locaux afin d'éviter les croisements : il n'y aura pas plus d'une personne en même temps dans les vestiaires. Le matériel sera désinfecté régulièrement entre chaque séance. Le coach portera gants et masque. Des créneaux ont été rajoutés pour permettre cet étalement des séances. Dans la mesure du possible, les séances de coaching seront organisées en extérieur.
Pendant le confinement, le lien a été maintenu avec les clients par des séances quotidiennes en live et en replay sur Facebook.
De nombreuses structures ont ainsi fonctionné rejoignant les coachs influenceurs qui utilisent depuis longtemps cette méthode de fonctionnement. Ainsi le couple lyonnais Justice Gallice et Thibault Geoffray a fait transpirer et sautiller de très nombreux confinés sédentaires tout en lançant leur programme de remise en forme "MyFiitChallenge.com " pour cet été.
Une nouvelle façon de consommer du Fitness s'est installée même si certains pratiquants piaffent pour retrouver en vrai leurs cours, leurs profs, et tout ce qui va avec. Pour ces accros-là, les challenges Pompes commando, Burpees et autres squats explosifs ne remplacent pas totalement l'émulation d'un groupe qui transpire ensemble sur son tapis. Tapis qu'il faudra désormais apprendre, sinon à désinfester, au moins à acheter individuellement pour sa pratique de yoga ou d'abdo-fessiers.
Bref, les uns se préparent, inventent le sport post-Covid, les autres rongent leur frein en attendant de pouvoir dépenser des calories et préparer la silhouette de cet été particulier qui s'annonce pour tous.
En Italie et dans une partie de l'Europe, les salles de sport et les piscines commencent à accueillir les clients qui ont hâte de se débarraser de leurs kilos de confinement, en moyenne deux paraît-il...