Marcel Hirscher et Alexis Pinturault apprécient de concert la sévère Face de Bellevarde à Val d'Isère, théâtre pentu et verglacé du slalom géant, samedi, et du slalom dominical de la Coupe du monde de ski alpin, jusqu'à présent nettement à l'avantage de l'Autrichien.
"Une piste que j'adore. Il n'y a que du mur et c'est de la glace. C'est un géant atypique, car on ne skie pas où on veut, on est tiré vers le bas par la pente", souligne Pinturault. Le changement est radical par rapport à l'Oreiller-Killy (OK), la piste historique de Val d'Isère qui a accueilli la semaine dernière les épreuves, dont un géant, de l'étape annulée à Beaver Creek (États-Unis). "Le jour à la nuit", précise le skieur de Courchevel.
En neuf courses sur la Face, Pinturault, 25 ans, a connu beaucoup de déchets (six éliminations), un grand bonheur -victoire en slalom le 8 décembre 2012, sa première en Coupe du monde hors City event-, suivi le lendemain d'une désillusion immense en géant - 28e alors qu'il avait course gagnée à quatre portes de la fin.
"Et puis il y a eu des annulations (2011 et 2014), mon forfait en géant l'an dernier (conséquence d'un traumatisme crânien). J'aime cette piste, ça fait un peu combat, boxeur. On a toujours l'impression de faire des fautes, seul le chrono nous dit si on skie vite ou pas. C'est très dur de trouver le bon compromis", explique Pinturault. Cette année encore, le Savoyard n'abordera pas la Face dans des conditions optimales, handicapé par un gros hématome à la main droite contracté à l'entraînement jeudi en Suisse.
Un lieu symbolique pour Hirsher
Bellevarde, c'est une toute autre musique pour Hirscher, vainqueur des cinq dernières éditions de la Coupe du monde et déjà en tête au classement général provisoire de la saison.
Le Salzbourgeois y compte neuf podiums pour 13 participations, un ratio exceptionnel. Une seule fois, il n'a pas terminé la course.
Il a égrené cinq victoires, dont quatre en géant. "C'est toujours bon de retourner sur les lieux des succès, même si les cartes sont rebattues à chaque fois", remarque le skieur aux 40 succès sur le circuit majeur. Le lieu est d'autant plus symbolique que l'ogre autrichien y a conquis ses premiers podium -3e du super-combiné en 2008 -, et victoire -en géant l'année suivante- en Coupe du monde. "Oui, on peu dire que je m'y suis révélé", consent le meilleur skieur du monde.
Hirscher sera aussi le favori du slalom, même s'il devra compter entre les piquets serrées avec Henrik Kristoffersen, lauréat en 2015. Le jeune Norvégien a manqué le slalom de Levi (Finlande), dominé par Hirscher à la mi-novembre, pour un différend avec sa fédération nationale sur un sponsor qu'il souhaitait porter sur le casque.
Au-delà du duel à trois Pinturault-Hirscher-Kristoffersen, la question est aussi: combien de géantistes français sur la 'boîte' samedi? Les Bleus ont dépoussiéré les statistiques avec un tir groupé -quatre dans les cinq- sur l'OK.
Mais la première victoire de Mathieu Faivre a été assombrie par la blessure de Thomas Fanara (35 ans), quatrième malgré une rupture du ligament croisé du genou droit en seconde manche. La saison est terminée pour le lutin de Praz-sur-Arly. Les quatre mousquetaires ne sont plus que trois, en comptant Victor Muffat-Jeandet.