Les 120 salariés du groupe de céramique Cérabati (87 sur l’unité de fabrication à Couteuges en Haute-Loire et une trentaine au siège à Lyon) sont très inquiets. D’après les syndicats, l’entreprise aurait une dette de 2,3 millions d’euros à ce jour auprès de ses fournisseurs.
A première vue, l’activité parait normale. Mais le personnel de Cérabati (ex Carofrance, ex Marazzi) est inquiet. Dans les prochains jours, le travail risque de s’arrêter faute de matière première. Les fournisseurs n’étant plus payés régulièrement, il risquent de ne plus livrer la matière première nécessaire à la fabrication de carrelage.
D’après Laurent Batisson, délégué CGT, l’outil industriel, avec ses deux fours et une nouvelle presse, est pourtant des plus modernes, mais le problème vient d’un manque de trésorerie. "La société est aux mains d’investisseurs étrangers, le pdg, basé en Italie, nous fait des promesses de recapitalisation qu’il ne tient pas, une fois le chèque est bloqué en Turquie, une fois il est sur le point d’arriver, c’est du n’importe quoi et ça nous met en difficulté".
« Gangsters » !
A la sortie, un ouvrier qui a plus de 20 ans d’ancienneté ne mâche pas ses mots : "On a vraiment affaire à des gangsters ! Les actionnaires nous ont laissé tomber, on est vraiment au plus bas".
Le moral n’y est pas, d’autant qu’il y a quelques mois le groupe Cérabati devait se regrouper avec deux autres entreprises de céramique pour devenir leader français dans la fabrication de carrelage. Mais les problèmes de trésorerie ont rendu ce rapprochement avec Desvres Céramique caduc.
Table ronde
Ce matin, une table ronde était organisée en préfecture de Haute-Loire au Puy-en-Velay en présence du Commissaire régional au redressement productif, du préfet et de différents services de l’Etat. Deux dirigeants locaux de Cérabati y participaient ainsi que des délégués de la CGT et de Force Ouvrière. Il n’en est pas sorti grand-chose.
"L’actionnaire principal nous dit toujours que l’argent va arriver, il nous amuse depuis un mois et demi, les pouvoirs publics ne peuvent absolument rien faire tant qu’il n’y a pas de plainte au tribunal de commerce", expliquait Thierry Cornern, FO, à la sortie.
Son collègue, CGT, Eric Bezli, renchérissait : "La solution malheureusement passe par un dépôt de bilan pour rechercher un repreneur avec l’aide des pouvoirs publics".
Le tribunal de commerce de Lyon (ville où se trouve le siège de Cérabati) viendrait justement d’être saisi par un transporteur pour impayé.
Le PDG du groupe Dorcas Céramic, propriétaire de l’entreprise de Haute-Loire, devrait se rendre demain, jeudi 20 octobre, sur le site de Couteuges, un site qui a déjà connu plusieurs soubresauts depuis qu’il s’est spécialisé dans la fabrication de carrelage moyen et haut de gamme en 1984, et où la main d’œuvre a été divisée par deux en vingt ans.