Depuis le 3 avril, des mesures de restriction ont été prises afin de freiner la progression de l’épidémie de COVID 19. Dans l’Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme les effets de ces mesures tardent à se faire sentir, selon un épidémiologiste de Santé Publique France.
Ce n’est pas un véritable troisième confinement mais depuis le 3 avril, des mesures de restriction de déplacements et de fermeture de commerces ont été mises en place dans les départements métropolitains. Objectif : limiter la progression de l’épidémie de COVID. Dans l’Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme, les indicateurs ne sont pas encore totalement à la baisse. Philippe Pépin, épidémiologiste à Santé Publique France, explique : « Les 4 départements auvergnats présentaient le 3 avril une situation assez favorable. Ils avaient une incidence un peu moins élevée qu’au niveau national et régional. Près de 20 jours plus tard, au niveau régional les taux d’incidence ont baissé, d’environ 25%, ainsi qu’au niveau national. Pour les 4 départements auvergnats, la situation a évolué un peu moins favorablement : les taux d’incidence sont restés quasiment stables et ont même légèrement progressé dans le Cantal et la Haute-Loire. Dans la région, il y avait des départements comme le Rhône et la Loire avec des taux d’incidence élevés et pour ces départements, les restrictions ont eu un effet assez visible. Mais pour des départements globalement plus ruraux, la situation a moins vite évolué de façon favorable. Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions car tout cela va évoluer plus favorablement dans les jours qui viennent ». Pour la période du 18 au 24 avril, les taux d'incidence sont dans l’Allier de 236,6, dans le Cantal de 179,3, en Haute-Loire de 385,6 et dans le Puy-de-Dôme de 288,2.
On dépiste moins mais les résultats sont plus souvent positifs
L’épidémiologiste émet une hypothèse pour expliquer cette situation : « On voit au niveau national et régional qu’il y a une baisse du taux de dépistage et une augmentation du taux de positivité : on dépiste moins mais les résultats sont plus souvent positifs. C’est peut-être en lien avec les vacances scolaires. Il y a eu moins de dépistages, notamment chez les jeunes, avec des taux de positivité assez bas. Les gens qui vont aller se faire dépister sont davantage des personnes cas contacts ou avec des symptômes ». Il ajoute : « Dans les 4 départements auvergnats, il y a une stabilité de la situation mais pas encore d’inversion franche, alors que cette inversion commence vraiment à se voir dans d’autres départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes ».
La situation dans les hôpitaux auvergnats
Si l’on observe les tensions hospitalières et la part d’hospitalisations en réanimation, là aussi la situation s’est dégradée en Auvergne : « Au niveau des indicateurs hospitaliers, l’effet des mesures sanitaires prises début avril va s’observer avec un petit décalage dans le temps car les personnes sont d’abord positives et après, elles vont éventuellement recours au système hospitalier. On constate que la tension hospitalière reste très forte en France, mais aussi dans la région et dans les départements auvergnats. Globalement, le nombre total d’hospitalisations tend à se stabiliser mais le nombre de patients en soins critiques continue de progresser très légèrement. Pour les 4 départements d’Auvergne, là aussi la situation s’est relativement dégradée avec une petite progression des hospitalisations conventionnelles et des soins critiques. Le 6 avril, dans ces 4 départements, on avait 435 personnes hospitalisées pour COVID et le 26 avril, on en comptait 510. Pour les soins critiques, sur la même période, on passe de 68 personnes à 82 personnes ». Philippe Pépin garde cependant bon espoir : « La tension hospitalière ne diminuera que lorsque l’incidence et la circulation virale diminueront. On observe globalement une évolution plutôt favorable, même si dans les départements auvergnats c’est moins le cas que dans d’autres départements. Probablement que dans les jours et semaines qui viennent on aura une petite amélioration ».
Un déconfinement territorialisé peut être pertinent
Se pose alors la question du déconfinement. Les chiffres sont-ils assez bons en Auvergne pour déconfiner ? L’épidémiologiste répond : « Un déconfinement territorialisé peut être pertinent. Je ne sais pas quels seuils seront retenus pour ouvrir un département. On a souvent évoqué des seuils de 150, 250 car ce sont des seuils d’incidence un peu critiques. Pour le moment, la plupart des départements de métropole et d’Auvergne-Rhône-Alpes sont au-dessus de ces seuils. On a constaté qu’un confinement très strict comme le premier de mars 2020 a un effet très net sur les indicateurs et relativement rapide. Un confinement moins strict comme le deuxième a aussi un effet assez net mais moins rapide. Ce qui a été fait pour cette troisième vague, avec des mesures de restrictions de déplacements et de fermeture des certains commerces, a un impact plus long à se faire sentir. Le fait que la vaccination progresse viendra compenser le manque d’effets de ces mesures et on va peut-être arriver à faire baisser les indicateurs. Ce sera à voir dans les semaines qui viennent ». Enfin, l’épidémiologiste analyse l'évolution de la présence du variant anglais : « On constate aussi la progression des variants dans toute la région. Il y a un mois, on était environ à 80% de variant anglais et aujourd’hui on est quasiment à 90% dans la région. C’est une situation plus ou moins comparable dans tous les départements. Il y a eu un remplacement de la souche initiale par des nouveaux variants ».
A la lumière de l'analyse de l'épidémiologiste, il faudra encore faire preuve de patience pour constater les effets des mesures restrictives en Auvergne comme dans le reste des départements français.