Au terme d'une journée de négociations dans sa majorité, le président du Conseil italien a décrété mercredi soir l'obligation vaccinale pour les plus de 50 ans. Les réfractaires seront passibles d'une amende.
"Il nous faut restreindre au minimum la part de notre population constituée de non-vaccinés". En sortant nuitamment mercredi 5 janvier du Palazzo Chigi, la résidence du président du Conseil italien, Roberto Speranza, le ministre de la Santé, a annoncé une nouvelle mesure sur le front de la vaccination.
Pour les plus de 2 millions d'Italiens de plus de 50 ans encore non vaccinés, l'injection va devenir obligatoire. Même ceux qui auront 50 ans d'ici le 15 juin sont concernés, une première en Europe.
Application immédiate
Le décret du gouvernement prendra effet aussitôt sa parution dans la Gazzetta Ufficiale, le Journal officiel italien. Autrement dit, l'application sera quasi-immédiate.
Les quinquagénaires disposant d'un motif et d'un certificat médical pourront y échapper, mais le vaccin sera imposé aux guéris de la Covid-19 dans les 6 mois après l'infection. Actifs, retraités, chômeurs... L'obligation vaccinale s'applique à l'ensemble de la population.
Une obligation sans limite d'âge est également imposée à "tous les personnels des universités et des écoles de formation artistiques, musicales et chorégraphiques". Pour les étudiants, en revanche, le "pass sanitaire de base" (avec ou sans test selon le degré de vaccination) suffira encore.
100 à 1 500 euros d'amende
Les plus de 50 ans qui ne se soumettront pas à cette obligation vaccinale encourent 100 euros d'amende. Et beaucoup plus pour ceux surpris sur leur lieu de travail.
A partir du 15 février, tous les plus de 50 ans devront être en mesure de présenter un "super Green pass" (un pass vaccinal) attestant d'un parcours de vaccination complet. En son absence, plus de salaire, l'employé étant considéré en "absence injustifiée". Il conservera son poste de travail, même si l'employeur pourra embaucher un remplaçant vacciné à sa place.
Ceux qui se présenteraient sans "super Green pass" sur leur lieu de travail encourront une amende pouvant aller de 600 à 1 500 euros.
"Pousser les non-vaccinés à le faire"
"Nous voulons pousser les Italiens encore non vaccinés à le faire, s'est justifié Mario Draghi lors d'une conférence de presse. Et si nous intervenons en particulier sur les classes d'âge qui sont le plus à risques d'hospitalisation, c'est pour réduire la pression sur les hôpitaux et sauver des vies".
Il s'agit donc d'encercler, les plus de 5 millions d'Italiens qui ne se sont pas encore fait vacciner. En Italie comme en France, la stratégie est la même mais les procédés diffèrent.
Italie-France : pas le même niveau de contagion
Concernant la circulation du variant Omicron, l'Italie en est encore au point où en était la France à la période de Noël. En Italie, 190 000 cas positifs à la Covid-19 ont été dépistés mercredi contre plus de 300 000 en France.
"Notre pic de contamination devrait être atteint vers la fin janvier", déclarait jeudi matin le célèbre virologue milanais Fabrizio Pregliasco, de passage à Aoste. "La chance que nous avons, c'est que la très grande majorité de nos vaccinés, quand ils ne réussissent pas à éviter d'être infectés, subissent le virus sous sa forme asymptomatique". Une preuve de plus pour ce médecin que la vaccination fonctionne.
Mais à l'image du président du Conseil italien, qui vient de se décider à user la manière forte avec l'obligation vaccinale, il ne semble plus croire à la possibilité de convaincre sans contraindre.
Avant Noël, il s'était rendu, en pleine manifestation No Vax, sous l'Arc de la pace de sa ville de Milan. "Je l'ai fait car je voulais me rendre compte du son, de l'odeur, du vécu réel de ceux qui refusent le pass sanitaire", a-t-il expliqué au journal en ligne Notizie.it. Une expérience qui l'a marquée, lui et les deux gardes du corps qui l'accompagnaient.
"Le premier qui s'est approché de moi brandissait un crucifix en carton, en me disant que je finirai brûlé en enfer, a-t-il expliqué. Quant aux autres, ils se sont contenté de m'insulter de loin, le plus souvent en me menaçant de m'infecter."
Une tentative de main tendue qui aura tourné court. Tout comme celles des gouvernements italiens ou français. Devant une vague Omicron de plus en plus proche de l'échappement, les Italiens ont fait le choix de l'intransigeance.