Covid-19 : l'Italie suspend le salaire du personnel soignant qui refuse de se faire vacciner

Depuis avril, un décret permet de suspendre les soignants refusant la vaccination en Italie. Les premières sanctions commencent à tomber dans plusieurs régions. Plus d'une cinquantaine de personnes sont visées par une suspension de salaire, tant qu'elles ne changent pas d'avis.

Pour les autorités sanitaires, le message est clair : "on ne peut pas inciter la population à se faire vacciner et permettre au personnel soignant de se soustraire à ce devoir social". C'est une question de crédibilité et de solidarité.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi avait annoncé la couleur dès le 26 mars dernier après la contamination de patients en milieu hospitalier par des soignants non vaccinés : "Il est absolument inacceptable que du personnel sanitaire non vacciné soit en contact avec des malades, qu’ils soient envoyés au contact des malades" avait-il tonné.

Le décret a été adopté en avril. Il prévoit, "soit un changement de fonction, soit la mise en congé forcé, soit la suspension sans salaire".

Même si cette suspension était déjà possible selon la loi, aucune sanction n'avait encore été prise. Ces dernières semaines en revanche, plusieurs régions ont décidé de l'appliquer.

En Calabre, seize infirmiers et sages-femmes mais aussi un vétérinaire sont ainsi visés par une suspension de salaire jusqu’à décembre prochain. "La sanction ne sera levée que s’ils changent d’avis" ont indiqué les autorités.

Dans la région de Gênes, 26 soignants ont refusé clairement de se faire vacciner. Ils attendent la sanction, soit une suspension de salaire, une mise en congé forcé, ou un changement de mission.

 

Des syndicats partagés

"On viole notre liberté de choix et d’accès aux soins", estime Rolando Scotillo, secrétaire général de la FISI, un syndicat qui lutte contre l’obligation de vaccination.

D’autres organisations, favorables à la vaccination, s’inquiètent pour les soignants vaccinés qui pourraient en faire les frais. "Ils risquent de ne pas pouvoir prendre de congé pour remplacer le personnel suspendu, alors qu’ils sont épuisés", déplore Michele Vannini, secrétaire de la CGIL Santé.

 

Un taux de soignants non vaccinés minime

A ce jour, seulement 2,36% du personnel soignant n'est pas vacciné de l'autre côté des Alpes, soit  42 536 soignants sur 2 millions de personnels médicaux. Il n'empêche, le gouvernement insiste et ne "veut surtout pas d'une nouvelle vague, qui n'est toujours pas exclue".

31,38 % de la population italienne est à jour d'une vaccination complète, selon le gouvernement. 

En mars dernier, le président de la région Ligurie, Giovanni Toti avait demandé une loi contre le personnel sanitaire antivaccin, deux de ces derniers ayant infecté au moins 12 patients dans deux hôpitaux ligures.

« Vu la nécessité de protéger les citoyens dans des moments délicats, comme l’hospitalisation, nous avons peut-être maintenant les conditions juridiques et politiques pour prendre des mesures », avait-il estimé, invitant le gouvernement à offrir « un cadre réglementaire clair » sur ce sujet afin d’éviter « le chaos dans nos hôpitaux ».

 

Et en France ?

La Russie a pour sa part déjà elle aussi adopté la même politique de sanction pour les fonctionnaires réfractaires. En France, le principe se dessine. 

"J'étais contre et il me semble que maintenant on doit l'envisager"

 "J'étais contre et il me semble que maintenant on doit l'envisager", estimait ce mercredi matin Jean-François Delfraissy. Le président du Conseil scientifique avoue avoir "changé d'avis" sur la question. "Beaucoup se joue dès maintenant" pour anticiper une quatrième vague en septembre.

"Sur la vaccination des soignants, en particulier en Ehpad, mais pas seulement, j'ai changé d'avis : j'étais contre l'obligation, mais il me semble que maintenant, on a atteint le niveau où l'on doit en tout cas envisager une obligation", a-t-il estimé ce mercredi 30 juin sur France Inter. "Parce que si on veut anticiper ce qu'il se passe en septembre, c'est maintenant", a-t-il déclaré, par ailleurs persuadé : "On aura une 4e vague, beaucoup plus nuancée que les 3 premières".

Le gouvernement a pour sa part décidé de laisser deux mois aux personnels soignants pour faire le choix éclairé de se faire vacciner contre le Covid-19. Si à la rentrée, le taux de vaccination, notamment dans les Ehpad, est trop bas, Olivier Véran envisage de rendre la vaccination obligatoire.

Rien n'indique, pour l'instant, que les sanctions appliquées en Italie pourraient être mises en oeuvre dans l'hexagone.

 

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