Ne pouvant plus payer leur loyer, les restaurateurs sont de plus en plus nombreux à renoncer à leur établissement. C'est le résultat d'un sondage réalisé le 15 février par la fédération GastroSuisse auprès de 3000 établissements membres. Le pays a enregistré cette année une vague de fermetures
Fermer, avant de faire faillite. C'est a priori le choix que font ces derniers mois bon nombre de restaurateurs en Suisse, à en juger par les résultats d' un récent sondage publié ce 15 février par Gastrosuisse, la fédération de l’hôtellerie et de la restauration en Suisse.
L’organisation fondée en 1891 défend les intérêts de près de 20 000 entreprises membres (dont environ 2500 hôtels) organisées en 26 associations cantonales et quatre groupements sectoriels. C'est la plus grande organisation patronale de la branche de l’hôtellerie-restauration.
Une vague de fermetures depuis novembre 2020
Les données indiquent une vague de fermetures depuis novembre 2020. La plateforme immobilière ImmoScout24 indique que l’offre de surfaces pour l’hôtellerie-restauration sur sa plateforme a explosé depuis cette date.
En janvier 2021, le nombre de biens immobiliers dans le domaine de la restauration est en hausse de près de 70% par rapport au même mois de l’année précédente. Ce sont surtout les locations qui sont concernées par cette hausse.
De plus en plus de locataires dans l’hôtellerie-restauration décident en effet de résilier leur bail, ce que confirme Daniel Borner, directeur de GastroSuisse "Nous avions mis en garde les bailleurs. Si de nombreux locataires de surfaces commerciales se voient contraints de résilier leur bail, c'est que ces bailleurs ne font pas de concessions. Dans beaucoup d’endroits, les parties au bail n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord sur une solution concernant le loyer."
"4 bailleurs sur 10 refusent même de parler d'une réduction de loyer"
Selon un sondage auprès d’environ 3000 établissements membres, 77% des locataires de surfaces commerciales d’hôtellerie-restauration avaient contacté leurs bailleurs fin octobre 2020 afin de négocier une baisse de loyer.
Seuls 32% des établissements interrogés, 42% de ceux qui avaient contacté leurs bailleurs, se sont vu accorder une réduction de loyer. Dans 4 cas sur 10, le bailleur a même refusé d’entamer une négociation.
Daniel Borner prédit: "A la vue de l’offre abondante sur le marché immobilier des locaux dédiés à la restauration, une vacance prolongée menace. GastroSuisse conseille fortement à tous les bailleurs de prendre très au sérieux la situation dramatique de l’hôtellerie-restauration et de consentir à des réductions importantes des loyers.»
" Les nouvelles données soulignent que les chiffres des faillites ne sont pas éloquents. Beaucoup d’entreprises cesseront d’abord leur activité avant de se mettre en faillite".
La Confédération avait déjà pris des mesures contre les faillites au printemps 2020. C’est en particulier la dérogation transitoire à l’obligation d’aviser le juge en cas de surendettement qui explique l’absence d’augmentations des faillites en 2020.
Selon les professionnels, un retour à la normale, dans le meilleur des cas, prendra des années. "C’est ce que montre l’expérience de la dernière crise causée par le choc du franc suisse en 2011, dont l’hôtellerie-restauration ne s’était toujours pas entièrement remise début 2020." conclut Daniel Borner.