Les stations de ski sont plongées dans l'incertitude à l'aube du début de la saison. Et les réservations font grise mine pour les vacances de Noël, malgré les offres d'annulations sans frais proposées par de nombreux hébergeurs.
Les stations de ski veulent croire à une réouverture pour Noël, mais les réservations sont à la traîne. La reprise de l'épidémie de Covid-19 et le nouveau confinement ont largement ralenti la cadence, malgré les annulations sans frais proposées par bon nombre d'hébergeurs. La semaine de Noël, qui représente 13% de la fréquentation annuelle, enregistre "-50% de réservation et celle du Nouvel An -40%", relève Eric Brèche, président des Syndicat national des moniteurs du ski français.
Et le gouvernement affiche une très grande prudence quant à un desserrement progressif du confinement d'ici les fêtes. "Je pense que c'est trop tôt pour dire la façon dont la saison d'hiver va se passer", a affirmé la ministre du Travail Elisabeth Borne sur BFMTV jeudi 19 novembre.
Selon @Elisabeth_Borne, "il est encore trop tôt" pour réserver ses vacances aux sports d'hiver pic.twitter.com/D4NvmrZoLf
— BFMTV (@BFMTV) November 19, 2020
"Quand on voit les indicateurs sanitaires, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes (...), faire arriver dans ce contexte beaucoup de touristes (...) semble difficile", a-t-elle ajouté alors que les stations sont dans les starting-blocks, espérant rouvrir dès la fin du confinement. Le secrétaire d'Etat aux PME, Alain Griset, a promis de "revoir la semaine prochaine" des entreprises de montagne à la situation "préoccupante" pour leur donner "une visibilité sur cette première partie de saison".
Les stations veulent rassurer et mettent en avant le besoin des Français de se "ressourcer" grâce à des vacances "plaisir", après des mois de crise sanitaire. Mais sans hôtellerie ni restauration, pas de saison de ski. "C'est l'espoir qui nous fait vivre en ce moment", résume Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM) et maire de La Plagne-Tarentaise.
120 000 saisonniers dans l'incertitude
"Il y aura une saison hivernale. On n'est pas capables aujourd'hui de vous dire dans quelles conditions, à quelle date", temporise la ministre du Travail, se disant "attentive" à la situation des saisonniers. Elle a déjà incité les stations à embaucher malgré un début de saison très incertain, quitte à les mettre au chômage partiel si l'activité ne démarre pas.
"Un bon signal, pour Jean-Luc Boch, car il ne faut pas que les 120 000 saisonniers soient les grands oubliés de cette crise." Mais ce discours "n'est pas clair pour 2021", estime François Gauthier, président de la commission Hôtels au GNI, le syndicat patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration.
"Il faut que le chômage partiel puisse bénéficier à tous les saisonniers, y compris ceux embauchés pour la première fois, dans toutes les entreprises, sur l'ensemble de la saison", dit-il. Le secteur craint notamment que les indemnisations soient moins favorables à compter du 1er janvier.
Une crainte partagée par Valentin Front, directeur d'une boutique de ski à Méribel (Savoie). Il a déjà investi des milliers d'euros d'equipements de ski mais préfère attendre avant d'embaucher la soixantaine de saisonniers prévus pour la saison. "On aurait déjà dû recruter pas mal de nos collaborateurs, certains auraient dû commencer la saison d'hiver lundi dernier. Ils ne pourront la commencer que le 1er décembre et beaucoup d'entre eux sont en attente d'une date définitive d'embauche", explique-t-il.
Plus alarmiste, Pierre Didio du syndicat FO Savoie estime que si les 15 000 employés des remontées mécaniques devraient avoir droit au chômage partiel, "la grande majorité des saisonniers n'y aura pas accès, car ils ne seront sans doute pas embauchés". Selon Antoine Fatiga (CGT), responsable des saisonniers en Auvergne-Rhône-Alpes, "30 ou 40% des saisonniers, déjà très précaires", pourraient "rester sur le carreau".