Covid : l’Italie enquête sur un haut responsable de l’OMS soupçonné d'avoir "fait disparaître un rapport"

Le parquet de la ville de Bergame, épicentre de la 1ère vague de covid dans le pays, ouvre une vaste enquête "sur la gestion de la crise" et soupçonne un haut responsable italien de l'OMS d'avoir "caché" des informations.

Selon l'AFP, c'est l'agence onusienne qui a révélé ce mercredi 14 avril l'information : l'OMS a annoncé avoir été saisie d'une demande des autorités judiciaires du parquet de Bergame, concernant Ranieri Guerra, haut fonctionnaire italien à l'OMS.

Le parquet qui enquête "sur la réponse initiale de l’Italie à la pandémie de Covid-19" soupçonne ce haut fonctionnaire de lui avoir menti.

Selon des médias italiens, les procureurs de Bergame le soupçonnent de "leur avoir donné de fausses informations". Ranieri Guerra, qui était jusque récemment l’un des 11 directeurs généraux adjoints de l’OMS est actuellement conseiller spécial du chef de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

La ville de Bergame a été l’épicentre de la première vague de coronavirus qui a frappé l’Italie début 2020, et les investigations portent sur "une éventuelle mauvaise gestion de la crise".

Le pays dénombre plus de 103 000 décès en un an. La ville, proportionnellement la plus touchée par le virus dans le pays, est devenue un symbole.  Il y a un an, un long convoi militaire évacuait des dizaines de cercueils hors de Bergame, où les morgues étaient débordées

 

Un rapport embarrassant supprimé ?

M. Guerra avait été entendu par les procureurs en novembre dernier après que Francesco Zambon, auteur principal d’un rapport de l’OMS sur la réaction de l’Italie à la crise retiré à la hâte par l’agence onusienne, eut déclaré "que le document avait été supprimé pour éviter d’embarrasser le gouvernement de Rome".

M. Zambon, qui a démissionné de l’OMS le 31 mars, a déclaré mercredi à l’AFP que "l’organisation avait du mal à résister aux pressions politiques, rappelant les accusations selon lesquelles elle rechignerait à faire pression sur la Chine à propos des origines de la pandémie".

"Cette petite histoire italienne vous aide à comprendre la grande histoire chinoise ", a estimé M. Zambon.

M. Guerra a pour sa part nié tout acte répréhensible. « J’ai dit aux procureurs tout ce que je savais à l’époque, en toute bonne foi », a-t-il déclaré à l’agence de presse italienne AGI, ajoutant qu’il était prêt à leur parler de nouveau.

Interrogé par l’AFP, M. Guerra n’a pas souhaité faire de commentaires.

À Genève, un porte-parole de l’OMS a simplement déclaré: "L’OMS examine actuellement une demande d’assistance judiciaire internationale émanant du bureau du procureur général de Bergame ".

Il a cependant refusé de donner plus de détails, réitérant la position de l’OMS selon laquelle le rapport sur la réponse de l’Italie au coronavirus a été retiré parce qu’il "contenait des inexactitudes et des incohérences ".

Le document, rédigé par un bureau de l’OMS à Venise, a été publié le 13 mai et retiré le jour suivant.

L’une de ses conclusions les plus accablantes était que l’Italie disposait d’un plan de préparation aux pandémies obsolète, datant de 2006. Le document qualifiait également la réponse initiale des hôpitaux italiens à l’épidémie d’« improvisée, chaotique et créative, palliant ainsi l’absence de directives officielles".

Dimanche, l’émission d’information italienne « Non è l’Arena » a dévoilé une fuite d’une conversation sur WhatsApp dans laquelle M. Guerra se vantait apparemment d’avoir bloqué le rapport. « J’ai fini par m’adresser à Tedros et j’ai fait retirer le document », avait-il écrit à un haut responsable de la santé à Rome, faisant apparemment référence au chef de l’OMS.

L’agence onusienne a nié que M. Tedros ait été impliqué dans cette affaire.

Le procureur général de Bergame, Antonio Chiappani, a indiqué à l’AFP qu’il ne ferait aucun commentaire sur l’enquête de son équipe, qui cherche également à savoir "pourquoi les autorités, régionales ou nationales, n’avaient pas eu recours plus tôt à la quarantaine pour isoler les foyers du virus".

C’est dans ce cadre que l’ancien Premier ministre Giuseppe Conte, plusieurs ministres et responsables régionaux ont été interrogés par le parquet.

Selon le Quotidien Suisse Le Temps, la nouvelle provoque une onde de choc non seulement en Italie, mais aussi à Genève, notamment parce qu'elle "mettrait à jour une connivence entre Rome et l’OMS pour camoufler le degré d’impréparation de la Péninsule". 

 

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