Le suspect interpellé pour le meurtre de deux fillettes il y a une vingtaine d'années, est présenté ce jeudi 25 juillet au juge d'instruction en charge de l'affaire à Grenoble. En attendant, dans son quartier de Voreppe, les voisins décrivent un homme "étrange".
Georges P., âgé de 37 ans, avait subi un prélèvement d'ADN il y a quelques années après une interpellation pour conduite sous l'emprise de la drogue. C'est en croisant sa fiche d'empreintes génétiques avec des traces d'ADN prélevées sur les deux scènes de crimes qu'un laboratoire de Bordeaux a pu l'identifier. Il doit être entendu par un juge d'instruction en vue d'une mise en examen.
A Voreppe, dans le quartier de Bourg-vieux où il vit, l'interpellation de Georges P. a surpris mais après quelques moments de réflexion les voisins décrivent un homme en proie à de "graves problèmes psychologiques sûrement liés à la drogue" consommée régulièrement. Un homme solitaire et renfermé. Sa compagne a quitté le quartier.
C'est à deux pas de ce quartier que les corps de Sarah et Saïad ont été découverts, respectivement au printemps 1991 et à l'automne 1996. Georges P. connaissait bien les frères des fillettes. Depuis, l'homme a même confié son enfant en garde à la mère de Sarah Siad aujourd'hui nounou.
L'avocat du suspect, Me Emmanuel Decombard, souligne que son client n'avait "pas le profil d'un assassin". "Il est sans histoire, a une concubine et un enfant de 4 ans", a-t-il souligné. "On doit étudier avec sérieux les preuves avancées au niveau scientifique", a ajouté Me Decombard en insistant sur la présomption d'innocence.
Les demandes du procureur
Pour Sarah Siad, 6 ans, disparue le 16 avril 1991, le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, a requis la mise en examen du suspect pour tentative de viol sur mineur de 15 ans et assassinat. La fillette avait disparu alors qu'elle jouait près de son domicile à Voreppe. Elle avait été étranglée. Son corps avait été retrouvé dans un bois non loin de chez elle.
Pour Saïda Berch, 10 ans, disparue le 24 novembre 1996, le procureur a requis la mise en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans. Elle avait disparu entre son domicile et un gymnase à Voreppe. Son corps avait été retrouvé au bord d'un canal.
Pour les proches de Saïda Berch, "c'est le soulagement et l'espoir", a réagi leur avocat Me Arnaud Lévy-Soussan. "C'est l'espoir que la personne qui risque d'être mise en examen est bien l'auteur et qu'il soit en capacité d'assumer sa responsabilité", a-t-il développé. Mais ce rebondissement de l'enquête fait aussi "ressurgir un événement dramatique pour eux: ça les renvoie 17 ans en arrière", a-t-il ajouté.