Crise économique : "Il y a un tournant environnemental à saisir" en Auvergne-Rhône-Alpes

La crise économique qui s'installe en Auvergne-Rhône-Alpes depuis le début de la pandémie fera disparaître environ 10% des petites et moyennes entreprises. C'est l'analyse du président régional de la CPME qui espère un rebond grâce à une économie qui innove... dans l'écologie.

En pleine crise sanitaire liée au Covid 19, François Turcas, le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) du Rhône et d'Auvergne-Rhône-Alpes fait un point sur la situation des entreprises de la région. "Il y a un tournant environnemental à prendre" selon François Turcas, pour qui il est important désormais, de conjuguer économie et écologie, sinon "on n'a rien compris."

Yannick Kusy : Vous évoquez un bilan mitigé de la crise sanitaire sur le plan économique, avec 10% de disparition d'entreprises dans notre région?

François Turcas : C'est un ressenti provenant des remontées du terrain, de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes, et surtout des présidents départementaux de la CPME me font part des difficultés de leurs adhérents. Il faut être réaliste. Il faut savoir reconnaître qu'environ 50% de nos entreprises vont bien et s'en sortiront avec des bilans corrects. Parmi elles, environ 20% ont même pu faire des résultats presque miraculeux, du fait d'une activité en phase avec les besoins engendrés par la crise sanitaire. Pour l'autre moitié, j'estime que 25% vont survivre grâce aux aides multiples de l'Etat, de la Région, des collectivités. Sur les 25% restants, j'évalue qu'environ 10% d'entreprises sont condamnées. Elles étaient déjà en mauvais état avant la Covid19. Elles ont pu avoir un peu d'oxygène avec le PGE (Prêt garanti par l'Etat) mais ça s'arrête là. Le jour où il faudra rembourser le mur de dettes qui nous attend à compter du mois d'avril, il est évident que seuls les plus forts gagneront.

Avril... à condition qu'il n'y ait pas un nouveau confinement ?

Effectivement, je vous parle de la base actuelle. Plus nous irons vers un durcissement, plus on assistera à une asphyxie de l'économie. Et plus cela sera dur, en particulier pour les adhérents de la CGPME. Des gens qui ont investi leur savoir, leur talent, et qui sont responsables de leur entreprise vis à vis de leurs employés, et qui se portent caution. Croyez-moi, ces gens-là ne rigolent pas. Si on ne travaille pas, comment pouvons-nous dégager un revenu en fin de mois ?

Le président de la Région Laurent Wauquiez a annoncé hier la création d'un fond souverain régional. Qu'en pensez-vous ?

C'est une initiative très intelligente, comme toutes les aides possibles et imaginables. Tous ces fonds permettent de reboucher au mieux les trous dans la raquette... et de maintenir hors de l'eau la tête de tous ces entrepreneurs. Mais reste que tout ce qui est donné par les collectivités aujourd'hui devra bien un jour être remboursé. On sera probablement taxés, un jour, pour pouvoir permettre à nos enfants de ne pas hériter de dettes qui sont déjà, aujourd'hui dès leur naissance, supérieures à 40 000 euros.

Quelles sont les perspectives de rebondir ?

Il y a un tournant environnemental à prendre. Créer de nouveaux pôles d'innovation et de réflexion sur l'eau, l'air et les énergies renouvelables. Il faut absolument profiter de cette période de crise pour prendre du recul, et aller de l'avant avec de nouvelles initiatives intelligentes. Aujourd'hui, si on n'est pas capable de conjuguer économie et écologie, on n'a rien compris. 

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