"La foncière citoyenne nous a permis d'agrandir le champ des possibles" un néo-agriculteur s'installe grâce à l'investissement participatif

Un ancien éducateur sportif s'est reconverti en éleveur de brebis et de poules à une heure de Toulouse entre la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Une installation rendue possible grâce au soutien financier d'une foncière agricole qui s’appuie sur l’épargne citoyenne sociale et solidaire.

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La crise qui secoue le monde agricole depuis un an prouve combien il est difficile de vivre du métier de paysan. Et pour de nombreux porteurs de projets agricoles qui ne sont pas issus de familles d'agriculteurs, acquérir le foncier est un véritable frein. Un jeune agriculteur installé à Fabas dans le Tarn-et-Garonne a pourtant réussi son pari.

Cet ancien éducateur sportif et maître-nageur, est à la tête d'une vingtaine de brebis et d'une centaine de poules sur une exploitation de plus de 35 hectares. Avant de concrétiser son projet, Benjamin Daveau a fait le tour des solutions de financement. "On ne voulait pas faire appel aux banques, car on était sûr que notre demande serait refusée. Après plusieurs recherches, je suis tombé sur Ferme en Vie." 

Une foncière citoyenne

Crée en 2021, la foncière utilise l'épargne citoyenne pour acquérir des fermes puis les loue, avec option d'achat, à des agriculteurs qui n'ont pas les moyens de financer leur projet.

Dans le cas de Benjamin Daveau, 2200 particuliers ont participé pour financer les 200 000 euros nécessaires à l'achat de la parcelle. "Les gens peuvent investir de 500 à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Chacun est propriétaire d'un petit pourcentage des terres achetées" explique Vincent Kraus cofondateur de la foncière agricole "Fermes en vie".

À Fabas, le néo-agriculteur loue la parcelle 5000 euros par an. En contrepartie, il doit respecter un cahier des charges : produire une agriculture biologique et vertueuse en privilégiant le circuit court et la vente à la ferme. 

"On avait besoin de redonner du sens à ce qu'on faisait en tant qu'humain sur terre. On avait le capital qui nous aurait permis de faire quelque chose mais pas à cette échelle-là. La foncière agricole nous a permis d'agrandir le champ des possibles" réagit Benjamin Daveau.

Un agriculteur sur deux sans solution de reprise

Cette formule innovante pourrait bien être une des solutions à l'investissement agricole. Thomas Roumagnac, directeur opérationnel à la SAFER (société d'aménagement foncier et d'établissement rural) : "Il faut capter des porteurs de projets venant de l'extérieur car un agriculteur sur deux partira en retraite d'ici 10 ans sans successeur. Pour s'installer, il faut mobiliser des capitaux importants et le rendement est relativement faible, alors l'épargne citoyenne permet d'alléger le poids du foncier".

La foncière citoyenne a déjà permis l’installation de plus de 30 fermes (50 agriculteurs et agricultrices) partout en France.

Écrit avec Jordan Lasserre. 

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