Un dernier complice jugé après l'assassinat de deux Congolais à Chasse-sur-Rhône, en Isère

Plus de 15 ans après les faits, l'assassinat de deux Congolais à Chasse-sur-Rhône (Isère) en 2000 revient, ce jeudi 19 mai, devant la cour d'assises de l'Isère, qui doit juger le dernier complice présumé de cette nébuleuse affaire.

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L'affaire débute le 29 décembre 2000 quand un Renault Scenic est découvert en flammes, frein à main serré, dans un champ de maïs fauché à Chasse-sur-Rhône. A l'intérieur, deux hommes tués de deux balles dans la tête et le cou.

Après analyse ADN, les victimes se révèleront être Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d'une tribu de la province du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement congolais à l'époque de Mobutu.

Dès le départ, les enquêteurs vont être happés par le contexte géopolitique de cette affaire, survenue deux semaines avant l'assassinat du président de la RDC Laurent-Désiré Kabila.

Trafic d'uranium, trafic d'or, barbouzerie des services secrets français ou congolais: de nombreuses pistes ont été explorées pendant les dix ans de l'enquête, mais les meurtriers n'ont jamais été retrouvés.

Un premier procès

Finalement, seuls trois complices présumés ont été poursuivis. Au terme d'un premier procès, en février 2015, les jurés ont condamné par contumace l'homme d'affaires belge Benoît Chatel, à 20 ans de réclusion. Son ancien associé, l'architecte d'intérieur monégasque Alain Deverini a été acquitté

Faute d'avocat, et hospitalisé lors de la première audience, l'Italien Domenico Cocco, 63 ans, n'avait pu être jugé. C'est donc son procès qui se tient jusqu'à vendredi à Grenoble. 

Quant à Benoît Chatel, il serait décédé d'un infarctus à Mexico le 14 juillet 2013. Mais la Justice a de gros doutes. Après sa mise en examen, Chatel, informateur de la police et des services secrets, n'avait cessé de voyager en dépit d'un contrôle judiciaire qui le lui interdisait. La dernière trace qu'il a laissée est une photo d'avril 2012 le montrant en RDC aux côtés d'hommes d'affaires et d'un ancien ministre.

Que s'est-il passé? 

Selon la thèse retenue par l'accusation, Chatel, Deverini et Cocco auraient voulu éliminer les deux victimes, des "putschistes" supposés, afin de protéger leurs affaires en RDC. Chatel aurait ainsi donné rendez-vous aux deux victimes à la gare de Lyon Part-Dieu en leur promettant une importante somme d'argent pour financer un coup d'État. Mais c'est Domenico Cocco et deux "Maghrébins" de Vénissieux, -jamais identifiés-, qui se seraient rendus sur place pour les abattre.

Le dernier accusé, un proche du "milieu"

Cocco, présenté comme proche du "milieu", s'était aussi chargé de recruter ces deux tueurs pour "exécuter un contrat" moyennant 200.000 francs (30.500 euros), selon l'accusation. Ceux-ci n'ont jamais été retrouvés. Le téléphone portable de l'Italien a d'ailleurs déclenché des bornes, non loin du lieu des faits, le jour du crime. Mais "il a toujours clamé son innocence", assure son avocate.

Père de six enfants, dont trois non reconnus, sans occupation connue, Domenico Cocco a été cité dans des affaires de trafic de stupéfiants en Belgique et de proxénétisme en Italie et en France. Il a survécu à un règlement de comptes dans le Var, recevant deux balles de calibre 11,43 mm.

"Ce que les parties civiles attendent, c'est qu'il dise qui sont ces Maghrébins et qui l'avait chargé de les trouver", tonne Me Jean-Baudouin Kakela Shibaba, avocat des familles des victimes. Sans trop y croire: "ça va encore être des dénégations, on ne saura jamais qui a tué ces gens."
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