Si les Alpes n'ont jamais été un champ de bataille, elles ont largement contribué à l'effort de guerre. Plus encore, même, que d'autres régions. C'est ce que révèlent les dernières études historiques. Cent ans après la fin du conflit, France 3 Alpes vous dévoile les derniers secrets de 14-18.
A l'occasion de l'Armistice, France 3 Alpes vous propose une immersion à la découverte des derniers secrets de la Grande Guerre. Où quand les anecdotes, les petites histoires, rencontrent l'Histoire avec un grand H.
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A Quintal, nous irons à la rencontre de Sébastien Chatillon. Il est l'auteur d'un livre à paraître en 2019 et qui trace, de façon très précise, le bilan de la Grande Guerre en Haute-Savoie. Avec des chiffres étonnants : ainsi, il apparaît que les Savoyards ont été victimes d'une surmortalité comparés aux soldats d'autres régions.
Robustes, vaillants, ils étaient en effet envoyés, en bons montagnards, sur les terrains les plus difficiles. Dans les Vosges notamment. Ils en ont payé le prix fort. Ainsi, à Faverges, 25% des hommes mobilisés ont perdu la vie contre, en moyenne, 18% dans le reste de la France.
Des chiffres qui montrent également que les soldats alpins se laissaient plus facilement recruter que d'autres. Ils simulaient moins de maladies, moins de claudications selon les rapports militaires.
Aux Archives départementales de Haute-Savoie, vous verrez comment le conflit a transformé toute l'économie de la région. Le département, jusqu'alors tourné vers l'Horlogerie, bascule vers le décolletage au moment du conflit. Et même vers l'industrie chimique avec la "Cheddite", un redoutable gaz fabriqué au pied du Mont-Blanc.
Vous découvrirez à quel point la Haute-Savoie, sans être le théâtre de combats, était au centre des attentions. D'abord parce que le gouvernement français redoutait l'exportation de produits vers l'Allemagne via la Suisse. Ensuite, parce que la proximité avec l'Italie et la présence de nombreux immigrés italiens inquiétaient : nos voisins transalpins étaient en effet alliés au Reich Allemand avant de se déclarer neutres puis de rallier la France et la Russie.
Les frontières et leur perméabilité. Voilà le principal enjeu dans les Alpes. Des frontières qui permettaient aussi aux déserteurs de fuir plus facilement les horreurs de la Grande Guerre. Ainsi, en Haute-Savoie, les historiens ont recensé jusqu'à 900 déserteurs contre seulement 300 en Savoie. Tous ou presque fuyaient vers la Suisse, neutre.
La neutralité, c'est l'autre grand mot qui revient souvent lorsqu'on évoque le conflit dans les Alpes. Saviez-vous, par exemple, que les Haut-Savoyards auraient pu éviter la mobilisation? En août 1914, plus de 80% du département est en effet considéré comme une zone neutre.
C'est un héritage des Traités de Paris et Vienne, en 1814 et 1815, consécutifs à la chute de Napoléon 1er. A l'époque, seule l'armée suisse est autorisée à entrer sur ce territoire. L'armée française ne le peut pas. Tout comme elle ne peut pas forcer le recrutement. Un privilège maintenu en 1860 lorsque la Savoie est rattachée à la France mais aboli en 1919. Après que les Savoyards aient versé le prix du sang et prouvé ainsi leur attachement à leur "nouvelle" patrie.
>> DIMANCHE EN POLITIQUE, à voir ce dimanche 11 novembre à partir de 11h 30 sur France 3 Alpes