Ce n'est pas tous les jours que l'on voit des enseignants, des directeurs et des présidents d'IUT sortir les banderoles. C'était le cas ce mardi 14 mai devant le rectorat de Grenoble. Les IUT du sillon alpin redoutent une dévalorisation de leurs filières.
Les directeurs des IUT de Grenoble, Annecy, Chambéry et Valence ont du mal à avaler un projet de loi qui doit passer fin mai à l'Assemblée nationale. Dans cette loi, la ministre grenobloise de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, veut donner la priorité aux bacheliers professionnels dans les sections de techniciens supérieurs (STS) et aux bacheliers technologiques dans les Instituts universitaires de technologie (IUT). Ces filières seraient, selon la ministre, trop souvent monopolisées par des bacheliers généraux. Conséquence, toujours selon la ministre, les bacheliers pros et technos atterrissent à la fac où ils ont souvent du mal. Geneviève Fioraso prévoit donc des quotas.
"On va tuer la filière universitaire technologique"
Depuis plusieurs semaines, le président de l'Union nationale des présidents d'IUT (Unpiut), Jean-Paul Vidal, redoute que ces quotas ne tirent la qualité des IUT vers le bas. Il l'a dit récemment dans le quotidien "Les Echos": "Dire que le recteur va faire entrer plus de bacs technos dans les IUT, c'est risquer de faire entrer des jeunes aux niveaux très faibles. Et si on supprime toute sélection à l'entrée, on ne pourra plus assurer la qualité du diplôme. On va tuer la filière universitaire technologique".
A Grenoble, le directeur de l'IUT 2, Lionel Filippi, utilise les mêmes arguments.
"Un devoir de justice sociale"
En mars dernier, lors d'un voyage officiel à Reims, Geneviève Fioraso avait rappelé "qu'un étudiant sur cinq quitte l'enseignement supérieur sans diplôme, toutes filières confondues, et que le taux de réussite des bacheliers technologiques, de 68 % en IUT, n'est que de 13,5 % pour ceux qui intègrent l'université, souvent par défaut". La priorité donnée aux bacheliers technologiques dans les IUT est donc pour elle "un devoir de justice sociale, un enjeu de formation, un enjeu d'insertion professionnelle".