Vasectomie, slip chauffant ou injections d’hormones ? Trois méthodes contraceptives masculines vécues par les trois personnages du film de Guillaume Levil "Le problème du pantalon". L’humour à la rescousse d’un sujet tabou, traité ici… Sans tabou.
Guillaume Levil a la pêche, le sens de l’humour, celui de l’à-propos et son film lui ressemble. 52 minutes tourbillonnantes pour aborder un sujet jamais discuté : la contraception masculine. Le thème s’impose après une soirée avec une amie : "Elle devait subir une IVG. Elle m’a fait de la peine. Elle pleurait sur mon épaule. C’était une amie proche et ça m’a vraiment marqué cette histoire d’IVG. Moi, je n'avais pas ce problème, parce que je n'ai pas d'utérus… Faire l’amour ça devrait toujours être la fête, mais parfois, c’est un cataclysme. Le film est parti de là : pourquoi est-ce uniquement aux femmes que devrait revenir la responsabilité d’éviter le cataclysme ?"
Faire l’amour ça devrait être la fête tout le temps ! Mais parfois c’est un cataclysme…
Il en faudra du temps au réalisateur pour faire son film. Par trois fois, il est lâché par des hommes dont l’entourage-souvent féminin, refuse qu’ils témoignent. La raison ? La honte de parler de contraception masculine à la télévision. "J’ai senti la pression et le tabou alors je me suis dit que j’allais désacraliser le sujet. Sujet certes sérieux mais traité comme une comédie" explique le réalisateur.
Le documentaire suit David, Quentin et William. Des trentenaires qui, pour différentes raisons, souhaitent, se "contracepter", comme ils disent. Autrement dit, ils ne veulent plus pouvoir procréer de façon définitive ou pas réversible. Le premier choisit les injections d’hormones. Il ne veut plus jamais avoir à accompagner une femme à une IVG. Le second ne veut pas d’enfant : ce sera la vasectomie. Le troisième, qui veut prendre sa part dans la contraception de son couple, opte pour le slip chauffant. Les trois hommes cherchent, échangent avec leurs proches, tâtonnent et prennent le chemin de la contraception devant l’objectif de Guillaume Levil.
J’aurais aimé qu’on me montre un film comme ça quand j’avais 15 ans…
Les échanges avec les proches déclenchent l’hilarité aux mots « slip chauffant ». Méthode thermique qui augmente la température des testicules grâce à un sous-vêtement adapté à faire soi-même en suivant les tutoriels ! On est loin d’une révolution scientifique !
Les plus à l’aise avec le sujet sont les adolescents qui ponctuent le film. Spontanés, plus ou moins bien informés ils se questionnent et questionnent la part de chacun dans la contraception : "J’ai fait appel à des ados parce que, quand j’avais 15 ans, j’aurais aimé voir un film comme celui-ci. Leurs points de vue m’intéressent. Le documentaire circule dans des festivals et dans des collèges et lycées. J’aimerais qu’il soit vu par le plus grand nombre de jeunes. J’aimerais aussi le présenter dans les plannings familiaux. Il faut ouvrir le débat", dit Guillaume Levil.
54 ans après la légalisation de la pilule contraceptive en France et alors que les questions de parité et d’égalité homme-femme sont de tous les débats, la contraception masculine est rarement évoquée et encore plus rarement utilisée. Raison de plus pour en parler !
Les méthodes contraceptives masculines évoquées dans le film
La vasectomie : méthode de stérilisation. Elle consiste à couper et bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules. L’acte chirurgical pratiqué sous anesthésie dure une dizaine de minutes
La méthode thermique : il faut porter un slip chauffant ou un anneau pendant 12 à 15h par jour. Le slip ne chauffe pas mais il permet de rehausser les testicules pour que le corps en augmente la température de façon naturelle. Plus chauds, les spermatozoïdes ne sont plus opérationnels en terme de reproduction. Il faut quelques semaines pour que la méthode soit efficace. Contrairement à la vasectomie, elle est réversible.
La méthode hormonale : une piqûre par semaine. C’est l’équivalent de la pilule contraceptive pour les femmes. Peu pratiquée et difficile d’accès, c’est encore un parcours du combattant pour l’obtenir.