Dossier : le secteur textile se tisse un avenir à Charlieu (Loire) et à Romans/Isère (Drôme)

Le textile est un secteur qui a marqué l'industrie régionale. Un temps omniprésent, il a bien failli succomber à la crise. Aujourd'hui, la filière se tourne vers l'avenir avec l'espoir de créer des emplois dans les prochaines années. Secrets de cette renaissance: innovation et développement durable.

Les Tissages Charlieu : savoir-faire et innovation textile

Dans la Loire, au nord de Roanne, les Tissages de Charlieu fabriquent des tissus jacquard depuis 50 ans. L’entreprise a été créée en 1967. Elle a été reprise en 1997 par Eric Boël. La société s'est diversifiée dans les tissages unis en 2006 en rachetant la partie tissage industriel de la société Lapalud à Thizy.
Aujourd'hui, 2,2 millions des mètres de tissus produits chaque année dans l'usine de Charlieu. 80 métiers à tisser tournent 7 jours/7 jours, 24 h/24h pour réaliser tissus et produits textiles. A Charlieu, c'est une fabrication 100% française destinée à la mode, aux entreprises de pointe ou encore à l'ameublement. 

"Notre métier, c'est de traduire en tissus les pensées, envies et besoins liés à l'habillement, aux sports, aux tissus techniques, à l'ameublement ..." résume Eric Boël.
L'entreprise doit sa survie à sa capacité d'innover. Un chiffre le prouve : 700 nouveaux tissus sont réalisés chaque mois par les équipes R&D (Stylistes, coloristes, croiseurs de fil ou encore prototypeurs) et les équipes de la production (gareurs, maîtres tisseurs, ourdisseurs noueurs...) et de la confection. Quand Eric Boël a repris la société, elle faisait travailler 35 personnes. Aujourd'hui les effectifs ont doublé. 

La réussite est fondée selon le responsable sur le développement durable. "On a 30% de nos tissus sont en matières biologiques ou recyclées," explique Eric Boël. Des salariés ont créés plusieurs marques au sein des tissages.  Elles réalisent 15% du chiffre d'affaires des tissages. Le développement durable s'applique jusque dans l'organisation même de l'entreprise.

"1083", la petite marque de jeans "éco-conçus" qui monte 

Autre exemple d'un textile éthique et durable avec la jeune marque de jeans1083, installée à Romans/Isère, dans la Drôme. Depuis cinq ans, le créateur de l'entreprise Thomas Huriez, propose aux consommateurs un produit né à moins de 1083 bornes de chez lui. 1083 vend 20 000 pièces par an, notamment par le bouche-à-oreille. La production encore confidentielle pour le marché du jeans. Mais la petite marque drômoise qui mise aussi sur la qualité bénéficie déjà d'une belle notoriété.
Depuis le mois de septembre la marque  a ouvert son école du jean. Thomas Huriez entend même rapatrier à Romans/Isère l'assemblage des pantalons. Il est aujourd'hui sous-traité à Marseille et en région parisienne. Une école de couturière a donc ouvert ses portes.

L'entreprise a également permis de sauver une société des Vosges: la filature et le tissage Valrupt Industries, dernière usine en France à fabriquer du fil de coton bio. L'entreprise était en redressement judiciaire. Thomas Huriez vient de la racheter  pour coller à sa logique du made in France. L'ambition affichée du jeune chef d'entreprise : faire des jeans en quantité mais surtout "en qualité".