Droit à l'avortement : malgré une inscription dans la Constitution, la crainte d’un retour en arrière reste grande

L’inscription récente du droit à l’avortement dans la Constitution française a été saluée comme une victoire, mais elle est jugée insuffisante. Ce samedi 28 septembre, des manifestations sont organisées un peu partout en France, notamment à Lyon ou encore Clermont-Ferrand.

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En mars 2024, la France est devenue le premier pays au monde à inscrire explicitement dans sa Constitution l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Six mois après cette inscription, des rassemblements sont organisés ce samedi 28 septembre à Paris et dans plusieurs villes du pays à l'occasion de la journée internationale du droit à l'avortement. 

Craintes et garanties

Le contexte politique inquiète les militantes et les associations. Taxé d'avoir choisi un gouvernement "réactionnaire" avec des ministres conservateurs sur les questions sociétales, le Premier ministre Michel Barnier a assuré mi-septembre que les "droits acquis", notamment en matière d'avortement, seraient "intégralement préservés". L'inscription en mars de la "liberté garantie" d'accès à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution "ne suffit pas", a estimé le collectif dans un communiqué.

Selon un baromètre Ifop publié par le Planning Familial, pour 89% des Français, des freins persistent en termes de structures et de délais. Près d’un tiers des Français (31%) et la moitié des femmes qui ont eu recours à un avortement (51%) craignent une régression de l’accès à l’avortement dans un avenir proche en France. 

La crainte d’une possible remise en cause du droit à l’IVG en France reste ancrée. C'est d'ailleurs cette crainte qui a poussé plusieurs collectifs à manifester ce samedi à Paris et dans plusieurs villes de France. Les associations se mobilisent aussi pour que l’IVG soit un droit européen. Le texte de l'appel à manifester s'inquiète que puissent être "revues à la baisse" les conditions de la "liberté garantie" d'accès à l'IVG. 

Le collectif réclame l'accès à l'IVG "sur tous les territoires", la "garantie pour toutes du choix des méthodes" (chirurgicale ou médicamenteuse), l'effectivité des séances d'éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire et des mesures contre les "activistes anti-IVG" qui "propagent de fausses informations" sur internet. 

300 personnes à Lyon

À l’occasion de cette journée mondiale pour le droit à l’avortement, le Collectif Droits des femmes 69 a appelé à un rassemblement dès 16 heures, place de la Comédie, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Lyon. Près de 300 personnes étaient présentes devant l'Hôtel de Ville.

Le collectif réclame "des moyens véritablement sanctuarisés" pour défendre le droit à l’IVG. Il explique se battre "pour que nos services publics, nos centres d'IVG ne soient pas privatisés et transformés en centres commerciaux et hôtel de luxe comme c'est le cas de l'Hôtel-Dieu", et appelle à ce que "les femmes et les minorités de genre puissent librement disposer de leurs corps". 

Rassemblement à Clermont-Ferrand

La manifestation a débuté timidement en milieu d'après-midi. Elles étaient finalement près de 200 femmes rassemblées dans le centre-ville de Clermont-Ferrand, place de Jaude, ce samedi après-midi. 

IVG : des chiffres à la hausse en France

La hausse du nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) observée en 2022 s'est poursuivie en 2023, après une baisse marquée pendant la crise sanitaire, selon une étude publiée ce mercredi 25 septembre.

Au total, 243 623 IVG ont été enregistrées en France, soit 8 600 de plus qu'en 2022, précise cette étude réalisée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). La hausse du nombre d'IVG observée en 2022 se poursuit donc, après la nette baisse en 2020 et 2021 en lien avec la pandémie de Covid-19. Selon cette étude, 79% des interruptions volontaires de grossesse sont réalisées à l'aide d'un médicament prescrit par un médecin ou une sage-femme. 

En 2023, le taux de recours à l'IVG atteint 16,8 IVG pour 1.000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2023, contre 16,4 pour 1.000 en 2021 et 15,1 pour 1.000 en 2020. 

Entre 2022 et 2023, les taux de recours augmentent pour toutes les classes d'âge chez les femmes majeures, avec une hausse plus marquée pour les 20-34 ans, où les IVG restent les plus fréquentes.

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