Après la pandémie de Covid, c'est au tour de la guerre en Ukraine de provoquer des pénuries en tout genre, comme celle des bouteilles en verre. Pour faire face à ce problème qui risque de durer, certains viticulteurs mettent en place des solutions innovantes.
La guerre en Ukraine se fait sentir jusque dans nos exploitations viticoles. Le conflit a eu une conséquence inattendue : une pénurie de bouteilles en verre qui pénalise bien des viticulteurs !
Des pénuries inédites
Franck Faugier, vigneron au Domaine des Hauts Chassis à La Roche-de-Glun, peut enfin vendre son millésime 2021 ! Il a enfin réussi par trouver de précieuses bouteilles en verre.
A cause des pénuries de bouteilles, d’étiquettes et de capsules, son fournisseur a annulé sa commande de 40 000 bouteilles en verre 10 jours avant que ce viticulteur de la Drôme n'embouteille son vin. « Si vous ne mettez pas en bouteille, le vin reste dans la cuve et vous ne vendez plus rien (…) c’est risqué », explique le viticulteur.
Les vignerons connaissent des ruptures de stock sans précédent : « Je me suis adressé à plusieurs fournisseurs. Un, deux, trois, quatre fournisseurs pour avoir des bouts de commande. J’ai été dépanné par d’autres collègues vignerons parce qu’heureusement, l’entraide marche encore un peu (…). Mais c’est la première fois que j’ai eu si peur que ça. Ça ne s’était jamais produit », confie Franck Faugier. « Le problème, c’est que toutes ces ruptures arrivent en même temps », ajoute-t-il.
Ces ruptures ont un coût qui est loin d’être négligeable pour le vigneron de La Roche-de-Glun et pour tous les viticulteurs : « Ça nous coûte beaucoup plus cher. Les bouteilles ont pris 15% au 1er avril et autour de 25% début mai ». Les 60 000 bouteilles dont Franck aura besoin en octobre prochain pourraient donc lui coûter encore plus cher.
Et si la solution, c'était le réemploi ?
Dans le département voisin, en Isère, depuis un an, Antoine Dépierre, viticulteur dans le domaine Mayoussier à Auberives-en-Royans, recycle ses bouteilles : « Ça a commencé pendant le premier confinement, beaucoup de remise en question, beaucoup d’inquiétudes ». Bien avant les pénuries, le viticulteur a lancé l’opération : « Ma bouteille s’appelle Reviens ». Le principe est simple : quand il livre des bouteilles à ses clients, il récupère certaines des bouteilles usagées pour les recycler. Une formule qui ressemble au principe de la consigne d'antan. Les précieuses bouteilles sont ensuite nettoyées par une entreprise spécialisée.
Aujourd’hui, Antoine recycle 10% de ses bouteilles. « On a amorcé ce système (…) avant les questions de pénurie (…) on s’était fixé l’objectif de 10% (…) c’est chose quasiment faite ».
Selon le jeune viticulteur, le réemploi, c’est d’abord une « philosophie » qui nécessite de repenser son fonctionnement de production : « Ça a un coût déjà dans la tête parce qu’il faut changer son process, il faut changer la logistique ». Le réemploi demande en effet une organisation différente. Antoine Dépierre a dû demander des papiers et des colles différents pour les bouteilles recyclées. Avant les pénuries, les coûts étaient équivalents : "En terme de coût brut, aujourd'hui, de laver une bouteille ou d'en acheter une neuve, ça coûte (...) environ 23 centimes d'euros".
Les pénuries encouragent le viticulteur à développer et à amplifier « Ma bouteille s’appelle reviens » : « Si on pouvait en récupérer 1 000 de plus, ce serait super ». Mais ce qui compte avant tout pour le jeune viticulteur, c’est de s’adapter aux clients : « On ne veut pas forcer nos clients (…) à le faire ». Alors que le prix des bouteilles ne cesse d’augmenter, le réemploi semble être une aubaine pour Antoine. Objectif pour l'année prochaine : doubler le nombre de bouteilles recyclées.