À Saint-Restitut, les bonnes sœurs font de la résistance

Elles ne sont plus que deux à vivre au monastère de Saint-Restitut. Or le Vatican estime que les communautés de moins de cinq religieuses ne sont plus viables. Alors, par crainte d'être expulsées, elles font don du monastère à la municipalité de Saint-Restitut.

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Nous pénétrons dans l'enceinte de six hectares du monastère de Rédemptoristines. Seuls les bruits de nos pas sur le gravier et du vent dans les oliviers viennent perturber le silence de ce lieu de méditation.

Nous passons un second portail avant d'apercevoir la chapelle. Celle où les sœurs Madeleine et Marie-Cécile viennent se recueillir. Aujourd'hui, elles prient pour pouvoir finir leurs jours à Saint-Restitut et être enterrées auprès des autres religieuses qu'elles ont connu depuis leur arrivée, en 1978.

Don à la municipalité

Les deux nonnes septuagénaires vivent dans la maison accolée au cloître, derrière la chapelle. Ce qu'elles craignent, c'est un écrit du Pape François de 2018, indiquant qu'une communauté n'est pas viable en-dessous de cinq sœurs. Une décision inacceptable pour soeur Madeleine, cuisinière ici depuis 45 ans.

Nous nous suffisons à nous-même. Avec sœur Marie-Cécile, nous avons chacune une auxiliaire de vie.

Sœur Madeleine

Une autonomie que défend Gwenaëlle, une enseignante qui leur rend visite régulièrement. "Elles ont une voiture et se gèrent au niveau de la cuisine. Et depuis un an avec des bénévoles, on vient faire le ménage, nettoyer la chapelle et leur faire des courses." Pour cette fervente catholique arrachée ces deux sœurs à ce domaine "n'a pas de sens. C'est leur maison où elles ont vécu leur foi. Et abandonner ce lieu pour elles, c'est aussi abandonner les autres sœurs enterrées là".

Alors pour s'affranchir de l'autorité du diocèse, les nonnes souhaitent faire don du domaine à la municipalité de Saint-Restitut. Aux conditions qu'elles puissent y vivre jusqu'à ce qu'elles en aient les capacités et que la sérénité des lieux soit préservée à jamais.

Une proposition acceptée à l'unanimité par le conseil municipal après un accord de la préfecture de la Drôme en mai dernier. "Je n'ai pas envie qu'on entre dans une guerre Etat/Eglise au travers de la commune, précise la maire Christine Forot. On souhaite simplement que la volonté des sœurs soit respectée. Si cette donation est légale, il n'y a aucune raison que la commune refuse."

"Des âneries"

Selon Eric Lorinet, administrateur du diocèse jusqu'à la nomination d'un nouvel évêque, "le diocèse n’a aucun pouvoir de déloger les soeurs et n'a aucun intérêt financier dans
cette affaire puisqu'il ne peut pas récupérer le domaine. Le diocèse et Rome veulent seulement
aider les sœurs à envisager l'avenir de manière rationnelle et respectueuse de leur vocation. Or

elles se sont mis cette idée en tête et leur peur leur fait dire et faire des âneries."

Ce qui pose problème légalement pour l'Eglise, c'est l'acte de donation. "Un bien ecclésiastique ne doit pas être donné sans autorisation romaine" précise le diocèse, avant d'ajouter que "les deux sœurs qui revendiquent que les biens constituant la donation sont issues de leurs héritages, omettent volontairement d’indiquer que cette donation, au regard du droit français n’est pas possible puisqu’elles la font sans l’accord de trois autres membres de leur communauté."

En effet, trois autres sœurs font partie de la communauté. Selon le journal Libération, l'une vit en EHPAD, une autre a coupé les ponts pour s'installer en Belgique, et la troisième s'est éloignée pour réfléchir à sa vocation religieuse.

Dans un recours grâcieux, le diocèse demande à la commune de revenir sur sa délibération avant le 18 septembre prochain.

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