Ils étaient une cinquantaine, ils sont entrés dans l'église Saint-Ferréol, à Marseille, encadrés par une quinzaine de militants. Après six jours de négociation pour obtenir un logement, ces jeunes migrants ont accepté de repartir mais les solutions ne leur conviennent pas.
"On n'aurait pas dû accepter" soupire Anouk, une militante qui a soutenu les jeunes pendant ce coup de force. "Une trentaine de mineurs a obtenu une chambre d'hôtel, les vingt autres sont dans des CHRS". Ces CHRS, Centres d'hébergement et de réinsertion sociale, sont plus communément appelés des "foyers", beaucoup de sans-abris y sont accueillis, l'atmosphère y est souvent décrite comme "électrique".
Ni les mineurs exilés ni les militants ne sont satisfaits de cette solution. Une certaine amertume vient clore cette "fausse négociation", selon les termes d'Anouk. En occupant l'église du 13 au 19 juillet, le groupe de jeunes voulait obtenir un logement décent.
A peine arrivé dans le CHRS de la Minoterie, 15e arrondissement de Marseille, un mineur aurait donné l'alerte, car il aurait affirmé avoir été agressé sexuellement dans sa chambre, assure Anouk qui précise que ce mineur aurait décidé de porter plainte. D'après Clémentine, également militante, le jeune homme aurait ensuite été installé dans une chambre d'hôtel. Mais autour de 22 heures, le 115 (le Samu Social) aurait demandé à l'hôtel de le faire sortir. Depuis, les militants ne le trouvent plus. "Nous avions alerté que ça n'était pas des lieux pour des jeunes", s'insurge Anouk. Dans le cadre de l’évacuation de l’église Saint Ferréol le vendredi 19 juillet, le CHRS La Minoterie a été sollicité par l’Etat pour accueillir un certain nombre de personnes.
Une accusation d'agression sexuelle que réfute le groupe SOS Solidarité. En début d’après-midi, quatre personnes ont été reçues sur le site, assure-t-il dans un message transmis à France 3 Provence-Alpes. "Les conditions d’hébergement leur ont été présentées par un accueillant et la directrice adjointe. Il leur a été proposé de visiter les deux chambres double qui leur étaient destinées, est-il écrit dans ce document. Suite à cette visite, elles ont refusé la proposition, indiquant vouloir obtenir un logement, et ont quitté les lieux. Elles ont été accompagnées par un professionnel durant toute la durée de la visite, qui a duré 20 minutes tout au plus, et aucun incident n’a été relevé."
A la suite de ce refus, quatre autres personnes ont été orientées : deux se sont présentées dans le courant de l’après-midi, ajoute le Groupe SOS Solidarités. "Elles ont accepté la proposition et sont toujours hébergées sur site ce lundi. Les deux autres ont visité les lieux plus tard dans la journée, mais ont décliné la proposition d’hébergement, souligne le document. Elles ont été accompagnées par un accueillant pendant toute la durée de la visite. Aucune de ces situations ne correspond donc au témoignage recueilli au sein de l’article, évoquant la situation d’une victime d’agression sexuelle ayant été relogée dans un hôtel."
"Un groupe de migrants a été transporté à Vitrolles. Nous ne pouvons pas aller là-bas pour leur donner à manger, il faut qu'ils reviennent à Marseille pour ça", dénonce Clémentine. Selon elle, jusqu'à lundi prochain, rien ne serait prévu pour leurs repas. Aucun accompagnement non plus. Certains préfèrent encore la rue. Les hébergements qui ont été proposés le sont pour une durée de deux semaines. Pas plus.
Négociation tendue avec l'Eglise
"Depuis le début, on a mené les négociations avec l'Eglise", décrit Anouk, "On était censés gêner les messes alors qu'on ne faisait rien. Ils voulaient qu'on s'en aille, on n'aurait pas dû accepter".
"Les jeunes ont subi une énorme pression. Ils ont fini par accepter alors qu'au début, ils n'étaient pas du tout d'accord. L'église leur a dit qu'on allait les remettre à la rue. Ils ont craqué", raconte Clémentine.
Le 22 septembre 2023, à Marseille, le Pape François avait fait de l'accueil des migrants et du sauvetage des embarcations en péril le marqueur du respect des valeurs de civilisation dont se réclame l'Europe. Le discours a fait le tour du monde.