Les syndicats reconduisent leur opérations "prisons mortes" sur tout le territoire après l'attaque d'un fourgon de la pénitentiaire qui a fait deux morts et trois blessés. Le mouvement est national. À Saint-Etienne, Valence et Bourg-en-Bresse, les agents soutiennent leurs collègues décédés et réclament des moyens.
Suite à l'attaque d'un fourgon, mardi 14 mai, qui transportait un détenu, qui a fait deux morts chez les agents de la pénitentiaire et trois blessés, l'émotion est grande chez les agents.
Les principaux syndicats des gardiens de prison ont rappelé leur solidarité avec leurs collègues et dénoncé dans un tract commun le manque de moyens alloués aux prisons et aux conditions d'extractions des prisonniers.
"Des événements barbares"
Des blocages vont se poursuivre partout en France devant les établissements pénitentiaires. À Bourg-en-Bresse, environ 80 agents postés à l'extérieur de l'établissement ont annoncé la reconduite de leur mouvement. Des palettes ont été installées et incendiées. L'activité dans le centre est réduite. Seuls entrent les personnels de santé et les livraisons de repas.
Olivier est surveillant brigadier, il est encore sous le coup. "On est face à des événements tristes, graves et barbares. On a tous vu les images. Un cap a été franchi. Il y a deux morts. Le pronostic vital des autres collègues est engagé. Il y a de la tristesse et de l'émotion qui"… Il s'arrête. Il retient un sanglot, s'excuse et poursuit : "qui nous touchent tous".
"Ils veulent tuer du bleu"
Ce représentant de l'UFAP Justice ne comprend pas ce qui est arrivé à ses collègues. Ils transportaient un détenu au profil dangereux. "Il existe pourtant des moyens techniques comme la visioconférence. On sort des détenus pour aller signer un simple papier, parfois à l'autre bout de la France."
La voyoucratie n'a plus de limite, plus de peurs. Il faut redonner toute la place aux forces de l'ordre. On ne gère pas des Bisounours, on gère des voyous, des gens qui se sont sortis du système et qui veulent tuer du bleu.
Olivier, surveillant, syndicat UFAP Justice
À Valence, ils sont environ 150 devant la prison, "nous sommes tous là en soutien à nos collègues assassinés", raconte l'un des représentants syndicaux sur place. L'intersyndicale relance ses appels. Elle réclame des moyens humains, des équipements et la réduction des extractions entre autres.
Le cas de Gabriel Fortin
À Valence, où est détenu Gabriel Fortin, surnommé le tueur de DRH, dont le procès en appel se déroule en ce moment, se pose la question de sa comparution devant ses juges.
Un représentant syndical explique : "le cas particulier de cet individu ne se pose pas ici puisqu'il a été transféré dans un autre établissement durant son procès, mais le problème va se poser dans l'autre prison où il est, car les agents sont également en train de bloquer là-bas".
À Saint-Etienne et Roanne aussi
À 11 heures ce matin, pour la minute de silence, ils étaient une petite centaine devant les portes d'entrée de l'établissement de La Talaudière, à Saint-Étienne. Même scénario que devant les autres prisons : palettes en feu et blocage des portes. Pour Thierry Marchand, de l'UAFP-UNSA, "c'est rare une telle mobilisation. Ça en dit long sur la tristesse des agents et l'émotion que suscite ce drame. On est tous montés à l'arrière d'un fourgon, on aurait pu être dans la même situation".
À 11 heures ce matin, une minute de silence a donc été observée. À 14 heures, les organisations syndicales seront reçues par le garde des Sceaux à Paris. "Nous verrons à ce moment-là si on continue les actions" assurent les syndicats.
En fin de journée, le personnel est encore en assemblée générale. Les surveillants du centre pénitentiaire de Roanne, ont d'ores et déjà annoncé reconduire cette journée "prisons mortes" demain, jeudi 16 mai.