Les "gestes du travail pour la cueillette du tilleul dans les Baronnies Provençales" ont été inscrits à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français en juillet 2024. L'aboutissement d'un long travail pour les cueilleurs et le Parc Naturel Régional de ce secteur de la Drôme qui recevaient ce 25 novembre un certificat symbolique des mains de la ministre de la Culture Rachida Dati.
Ce ne sont pas les fleurs du tilleul des Baronnies, au caractère bien particulier, qui viennent d'être distinguées mais bien les gestes du travail de la cueillette de ces précieuses fleurs. Un savoir-faire ancestral, qu'il était important de préserver pour perpétuer une longue tradition.
Le travail ancestral des cueilleurs de tilleul
Nasha Queruel est cueilleuse de tilleul à La-Roche-sur-le-Buis, au cœur des Baronnies. Pour le tilleul on ne parle pas de producteur mais de cueilleur. Elle ne boude pas son plaisir. "Je suis ravie, c'est une très bonne chose que les traditions comme celle de notre cueillette soient reconnues. On est une dizaine de cueilleurs du secteur à porter ce projet depuis plusieurs années avec le soutien déterminant du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. Cette inscription, c'est une récompense."
En moyenne, la production de Nasha tourne autour de 330 kg par an. Elle produit du tilleul pour l'herboristerie. L'arbre fleurit en juin, la cueillette doit se faire très rapidement, parfois en quelques jours. "2024 est une année correcte, la météo de juin a été plutôt bonne pour le tilleul."
On se retrouve le 14 juillet à Buis-les-Baronnies pour la traditionnelle Fête du Tilleul !
— BaronniesProvençales (@pnr_baronnies) July 7, 2024
Venez célébrer cette plante emblématique qui fait partie de notre héritage et goûtez aux spécialités à base de tilleul qui ont su conquérir les générations 👪 pic.twitter.com/jdpnu8k55O
Satisfaction aussi pour Alexandre Vernin, chargé de mission du patrimoine culturel au sein du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. La structure s'est beaucoup investie dans ce projet de reconnaissance entamé en 2017.
"L'objectif était de conserver les savoir-faire spécifiques des Baronnies sur le tilleul pour qu'ils ne se perdent pas. Jusqu'ici, la transmission des gestes de la cueillette, de la taille, du séchage était essentiellement familiale et elle était en train de disparaître. Notre idée était de créer une sorte de thésaurus spécifique au tilleul des Baronnies et destiné aux centres de formation et aux nouveaux cueilleurs qui s'installent " précise-t-il.
Un séchage plus rapide pour un caractère mieux préservé
La préservation de la spécificité des pratiques est capitale. Par exemple, dans les Baronnies, le séchage du tilleul est plus rapide qu'ailleurs grâce au climat du secteur. Ca permet de préserver au mieux le caractère et la saveur de ces précieuses sommités.
Les tilleuls sont présents partout en Drôme Provençale, dans les champs, au bord des routes ou dans les cours des maisons. L'arbre ne nécessite aucun traitement particulier au cours de l’année. Il pousse « au naturel », en dehors de la période de cueillette durant laquelle les producteurs taillent les branches pour obtenir une floraison abondante l’année suivante, en façonnant l’arbre pour lui donner cet aspect d’arbre « boule » très marquant dans le paysage des Baronnies.
Pourquoi pas une labellisation "tilleul des Baronnies"
Dans les années 60, ces tilleuls donnaient environ 400 tonnes de fleurs séchées par an et couvraient 90% de la consommation totale française. Au fil des ans, la production s'est étiolée au profit de fleurs de tilleul venues d'ailleurs. Mais les arbres n'ont pas été coupés donc il existe en quelque sorte des "réserves" de production.
Seul souci : le réchauffement climatique qui a tendance à raccourcir la durée de cueillette. Il faut aujourd'hui tout récolter en moins de quatre semaines, du sud au nord des Baronnies.
La prochaine étape pourrait être la reconnaissance d'une filière propre "Tilleul des Baronnies" et d'une Indication Géographique Protégée. Voire d'une AOP.
Cette première reconnaissance est aussi très importante dans un autre dossier qui implique le Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. Celui de la reconnaissance du patrimoine alimentaire alpin autour de la thématique de la cueillette et qui concerne la France, l'Italie et la Slovénie.