Accusé d'avoir tué en janvier 2021, deux directrices des ressources humaines et une employée de Pôle Emploi, Gabriel Fortin, 48 ans, est jugé du 13 au 30 juin devant la cour d'assises de la Drôme, à Valence. Il doit également répondre d'une tentative d'assassinat. Des faits qui se sont déroulés entre l'Alsace, la Drôme et l'Ardèche. Un procès exceptionnel.
Ce mardi 13 juin 2023, s'est ouvert le procès de Gabriel Fortin, surnommé le tueur de DRH. Une première journée d'audience aux assises de la Drôme à Valence au cours de laquelle l'accusé a été dépeint par ses proches. Déroulez le fil de notre direct de la journée.
19h : l'audience est suspendue. Elle reprendra mercredi matin à 9h.
18h58 Christophe S. est le dernier témoin de la journée. Il quitte la salle. Edith Dautreville ne sera pas présente à la barre. Sa déposition est lue à l'audience. Elle connait l'accusé depuis sa naissance. Elle connaît son frère aussi. Malgré leurs différences, leur mère ne les mettait pas en compétition selon ce témoin. "C'est terrible ce qu'il a fait (..) Gabriel ne connaissait pas beaucoup de personnes, il n'avait pas beaucoup de copains, contrairement à son frère", explique-t-il. Elle décrit deux caractères opposés. Elle décrit aussi une mère "fusionnelle" avec son fils Gabriel. "Il a vécu son chômage comme une déchéance".
18h42 Christophe S. vient de prêter serment. Ce dernier était un ami d'enfance. "Je connais Gabriel depuis le CE1.Au collège, on était dans la même classe en 4e et 3e", explique-t-il. Après, leurs chemins se sont séparés jusqu'à ce que Gabriel Fortin le recontacte. Des échanges épistolaires rares, entre 2008 et 2016. Le témoin évoque notamment un épisode de fellation à l'adolescence.
Valeur familiale, valeur travail
18h40 "J'ai fait un pas vers le chemin du pardon", explique avec des larmes dans la voix la tante de l'accusé. Elle quitte la salle d'audience.
18h30 Magali Fortin évoque une histoire de famille fortement marquée par la valeur travail. Des valeurs partagées par ses parents. Sur les soupçons de maladie mentale avancés par Olivier Bengone : "s’il est coupable des actes dont on l'accuse, c'est difficile de penser qu'il est en bonne santé", déclare Magali Fortin.
18h25 Les deux enfants de Francine Fortin ont été pris en charge par sa famille lorsqu'elle est tombée malade. "Quand Francine est revenue, Gabriel était vraiment petit. Il était collé à sa mère", résume la tante de l'accusé.
18h00 L'audience reprend : la tante de Gabriel Fortin est appelée à la barre. Elle explique avoir connu l'accusé enfant. Lors de son témoignage, Magali Fortin décrit aussi une sœur "très sévère" qui a donné une éducation dure à ses enfants. Une éducation qui mettait l'école et le sport au centre des préoccupations. "Le père de Gabriel Fortin était un homme très calme. Francine avait beaucoup d'admiration pour lui. Il avait des ambitions politiques et il est rentré dans son pays", explique Magali Fortin. Elle décrit un étudiant brillant qui est retourné au Gabon, marié par ailleurs.
17h25 suspension de séance
17h15 Olivier Bengone estime cependant avoir eu "une enfance heureuse". Sur les deux mots retrouvés au domicile de Gabriel Fortin, l'un est adressé à son frère : "Olivier, merci pour ces moments".
17h07 "Je suis son frère, mais je ne suis pas son psychiatre !" rétorque Olivier Bengone à l'adresse d'un avocat des parties civiles qui lui demande le pourquoi des mots de Gabriel Fortin à l'audience ce jour. Se souvient-il d'un enfant victime de racisme ? "Pour lui, je ne sais pas". Et l'éducation reçue ? "Les seules choses importantes : les études et le sport". À l’issue du confinement, il explique : "j'ai compris qu'il versait dans le complotisme".
17h00 Me Arcadio, avocat de la famille Caclin, questionne le témoin. "Vous avez dit que la perte de l'emploi pouvait expliquer le passage à l'acte. (..) Dans votre enfance avez-vous vu des signes avant-coureurs ?". Le témoin répond par la négative. Me Dreyfus interroge à son tour. "Pourquoi Pôle Emploi ? Votre frère ne semblait pas avoir de difficultés financières". L'instruction a fait état de sommes d'argent conséquentes sur les différents comptes bancaires et placements d'épargne de l'accusé qui disposait de plus de 100 000 euros. "Il avait travaillé en Allemagne, il était très économe et dépensait très peu", précise Olivier Bengone. "Pourquoi Pôle Emploi ? Pourquoi Patricia Pasquion ? Je n'ai pas de réponse", conclut le témoin.
"Psychopathe à ce point-là"
16h44 Olivier Bengone évoque aussi "la paranoïa" de sa mère et pense que son frère est "dans la même tendance". Le témoin a écrit une lettre à son frère détenu, "une lettre pratique". Gabriel Fortin ne lui a jamais répondu. "Comment avez-vous interprété son silence ?" demande le président à Olivier Bengone. La réponse tient en deux mots, cinglante : "schizophrène paranoïaque !". Si le témoin peut expliquer le passage à l'acte de son frère en raison des "licenciements successifs", il ne comprend pas la mort de Patricia Pasquion, à Pôle Emploi.
16h40 Que savait-il de la vie personnelle de son frère ? "Vie affective, il n'en avait pas (..) on ne se voyait pas suffisamment pour pouvoir échanger", explique le témoin marié et père de famille. Pas de vie professionnelle non plus, selon le frère de l'accusé. Ce dernier évoque des relations distantes avec son frère et sa mère. Ses enfants ne connaissent pas Gabriel Fortin. Et le frère va plus loin, accusateur : "je pensais qu'il avait un problème, je ne savais pas que c'était un psychopathe à ce point-là, assène Olivier Bengone. Ce dernier ignorait également que son frère pratiquait le tir, "cela aurait peut-être été différent si je l'avais su", avait indiqué un peu plus tôt le témoin.
16h28 C'est au tour d'Olivier Bengone, le frère de Gabriel Fortin de témoigner. "Notre père, il est reparti au Gabon, il a refait sa vie et c'était tout !" L'absence du père à la maison relevait du non-dit. Selon le témoin, les deux frères étaient très proches jusqu'à l'adolescence. Olivier Bengone évoque "une différence de personnalité". Le témoin indique avoir des relations distantes avec sa famille : "je les vois tous les 10 ans et ça suffit". Il explique avoir vu son frère la dernière fois en mai 2020.
Une mère présente
16h15 A la question de l'avocat général sur les difficultés au travail de l'accusé, cette proche de la mère de Gabriel Fortin évoque "des difficultés à l'embauche". "Donc des questions de discrimination", précise Laurent de Caigny. Ce que ce témoin sait des difficultés de Gabriel Fortin au travail, elle l'a appris de la bouche de sa mère. Elle évoque aussi beaucoup de non-dits dans cette famille. "C'est pas une famille où on s'épanche beaucoup sur ses sentiments", précise-t-elle. "Les enfants étaient très bien éduqués et pas du tout livrés à eux-mêmes. L'éducation d'une maman très présente", ajoute-t-elle.
16h00 Un nouveau témoin prête serment et témoigne à distance. Une proche de Francine Fortin, appelée à la barre pour la défense. "Gabriel était un gentil petit garçon, très bien élevé, un peu solitaire, passionné par la philatélie, le modélisme." Le témoin confirme les liens fusionnels entre l'enfant et la mère. "On décrit une personnalité un peu hautaine et méprisante, ce n'est pas la vision que j'ai de lui."
"Parce que c'est mon fils !"
15h54 "Je ne sais pas ce que j'ai fait mais la société est responsable aussi, c'est ce que vous avez dit tout à l'heure. Pourtant vous lui avez donné une bonne éducation", reprend Me Chateau à l'adresse de Francine Fortin. "Quand vous êtes rentrée dans la salle, vous n'aviez pas vu votre fils. Quand vous l'avez vu, vous vous êtes effondrée en larmes. Pourquoi ?" "Parce que c'est mon fils !", répond la vieille dame dans un souffle. En sanglots, elle ajoute :"pour moi, c'est comme s'il était mort, il a gâché sa vie. Pardon pour les autres aussi". Et à son fils, elle s'adresse une dernière fois : "Gabriel n'attaque pas les gens ! Il faut que tu leur expliques". L'accusé répond invariablement : "j'ai été victime de nombreuses attaques et atteintes à ma vie privée !"
15h40 Me Galland, l'avocate de la défense questionne à son tour Francine Fortin sur sa vie dans l'entreprise. "Je l'ai vécu comme la génération kleenex", répète-t-elle. Le deuxième avocat de la défense, Me Chateau, prend la parole : "est-ce que c'était important la réussite scolaire? C'était une valeur importante, le travail ?" Francine Fortin répond : "oui, ça l'est toujours. Le chômage, c'est un échec !"
Gabriel Fortin sort de ses gonds
15h30 "Les familles des gens qui sont morts sont dans la douleur, notre famille est dans la douleur aussi. Je t'en prie, explique ce qui s'est passé", demande une nouvelle fois Francine Fortin à son fils. La réaction de ce dernier ne tarde pas. "Je peux parler ?" Gabriel Fortin se lève et prend la parole avec véhémence, feuille de papier en main : "j'ai alerté le procureur de Valence, le procureur de Chartres (..) le CSM, vous connaissez Monsieur le président ? J'ai alerté le défenseur des droits sur ma situation. J'ai alerté le procureur de Valence, en rouge ! Levez-vous !" Et Gabriel Fortin, qui se pose une nouvelle fois en victime d'atteinte à sa vie privée, déclare d'une voix ferme : "les parties civiles n'ont pas à donner des instructions aux témoins. L'affaire est finie !" Gabriel Fortin se rassoit. "Gabriel... Gabriel". Sa mère a tenté en vain de le ramener à la raison.
15h25 "Aujourd'hui, vous savez ce qui est reproché à votre fils (...) Est-ce-que c'est lui qui vous a demandé de ne pas venir le voir ? Vous êtes fusionnels, extrêmement proches et là c'est la césure totale. Vous vous êtes adressée à lui avec une émotion non feinte et lui n'a rien à vous dire. Est-ce que vous pouvez nous aider à comprendre ?" demande l'avocat avec douceur. "Je voudrais savoir ce qu'il me reproche", explique-t-elle. Et l'avocat réitère sa demande : "Vous vous êtes adressée à votre fils. Est-ce que vous pouvez nous aider madame, lui dire qu'il est important qu'il parle ! (...) Croyez vous que c'est de la faute des autres ? (...) Je suis persuadé qu'il ne vous reproche rien, mais je suis persuadé que vous pouvez nous aider en lui disant : Parle !"
15h23 Reprenant un PV d'audition, "on vous dit de quoi votre fils est suspecté et vous ne l'avez pas cru. Votre réponse : il faut encore prouver que c'est lui", précise Me Jakubowicz.
15h17 Maitre Jakubowicz, avocat de Pôle Emploi, s'adresse à Francine Fortin. "Nous sommes là pour juger votre fils. On doit comprendre qui est votre fils. Jusque-là il a refusé de s'exprimer. On doit comprendre qui est votre fils, ce qui s'est passé dans sa vie (...) On a l'impression que vous êtres très présente dans la vie de votre fils. Est-ce que je me trompe ? Dans son enfance vous avez été une maman extrêmement protectrice, mais aussi une maman très sévère, vous contrôliez les fréquentations de votre fils" demande l'avocat qui cherche à ménager la vieille dame. "Je ne le laissais pas traîner et il allait à des activités avec des gens respectables", confirme Francine Fortin.
15h13 "Quel est le lieu où il a été le plus heureux ?" demande un des avocats des parties civiles. La mère de l'accusé répond sans hésitation : "en Allemagne, dans le bureau d'études allemand".
15h07 Des photos de Gabriel Fortin sont montrées à l'assistance. Des photos de vacances. "Monsieur Fortin vous souhaitez vous adresser à votre mère ?" Réponse négative de l'accusé.
"Essaye de leur dire ce qui s'est passé !"
15h04 "Ma voiture est en panne depuis le Covid. Si j'avais eu la voiture je serais venue le voir (en prison)", explique Francine Fortin. "Je ne l'ai pas revu" explique la mère en parlant de son fils Gabriel. "Il est là !" s'exclame le président Yves de Franca. La septuagénaire se tourne, aperçoit son fils et éclate soudain en sanglots en réalisant sa présence dans le box des accusés.
"Vous souhaitez lui parler ?" demande le président. "Oui ! Pourquoi, tu ne m'as pas parlé. Je t'en prie, réponds bien aux questions qu'on te pose, essaye de leur dire ce qui s'est passé. Ils ont besoin de faire leur deuil," implore la vieille dame.
14h56 A propos de l'arrestation de son fils : "on est venu me le dire", explique vaguement la vieille dame. "Des gens sont venus chez moi (...) j'ai fait un malaise quand on me l'a dit". La mère n'a jamais eu de contact avec son fils incarcéré. Elle lui a écrit. "Je ne me souviens plus", explique-t-elle lorsque le président lui demande ce que contenait la lettre.
14h52 Questionnée sur les contacts téléphoniques entre la mère et le fils, Francine Fortin indique : "j'avais des problèmes avec mon téléphone, j'avais l'impression qu'il était piraté".
"Mon fils était quelqu'un de discret, passionné d'aviation, serviable"
14h47 "Quand avez-vous vu votre fils pour la dernière fois ?" demande le magistrat. "Il n'était pas bien". Mais la vieille dame n'a pas souvenir de la date à laquelle elle a vu son fils pour la dernière fois avant son arrestation. Aux enquêteurs, elle aurait indiqué l'avoir vu 15 jours avant son arrestation. "Il est parti en sanglotant", ajoute-t-elle après un moment. Sur le caractère de l'accusé, la mère décrit : "mon fils était quelqu'un de discret, passionné d'aviation, serviable".
14h40 "Votre fils ne travaillait plus depuis de nombreuses années, vous le saviez ?" demande le président. "Il faisait des demandes !" indique sans plus de précisions Francine Fortin. Sur son expérience de travail en Allemagne, elle indique "il aimait bien travailler avec le chef de service allemand".
14h40 "Vous avez vécu toujours seule avec vos deux enfants ?" demande le président. Réponse affirmative de la mère. Cette dernière a-t-elle eu des difficultés avec ses deux enfants privés de la présence de leur père ? "Le jeune était un peu imprévisible".
14h32 Quels liens Gabriel Fortin entretenait-il avec sa mère ? C'est ce que cherche à savoir la cour. L'accusé a travaillé en Allemagne et en France, à divers endroits. "Avez-vous gardé des contacts avec lui ? Est-ce que vous êtes allée le voir ? " demande le président à Francine Fortin. La vieille femme répond par l'affirmative. "Il ne m'expliquait pas trop, dans toutes les entreprises, on est tenu au secret professionnel", ajoute-t-elle. Parlait-il de l'ambiance au travail ? "On ne se voyait pas suffisamment pour en parler, des fois oui ! Il s'investissait beaucoup quand il rentrait dans une entreprise pour faire son travail correctement", assure la mère de Gabriel Fortin. "Il y avait un truc à faire, il le faisait bien, il était viré !" ajoute-t-elle. "Il vous disait pourquoi il avait quitté son emploi" demande le président. "Pas du tout !" "Vous parliez de quoi avec votre fils ?" Silence de quelques secondes. "On faisait des activités ensemble, des promenades".
14h30 "Vous avez déménagé à Strasbourg parce que vous étiez harcelée à Nancy ou pour d'autres raisons ?" demande le président. "Un peu les deux", déclare la septuagénaire qui ajoute avoir aussi voulu se rapprocher de son fils.
14h26 "Gabriel a eu des problèmes de santé, il était asthmatique et limité en sport". Les deux frères avaient-ils des amis ? Pas vraiment selon leur mère.
14h23 Le père de Gabriel Fortin est d'origine gabonaise. Ce dernier est reparti dans son pays d'origine. "Je ne l'ai jamais revu", explique Francine Fortin à la cour. La mère et ses deux enfants ont vécu à Nancy. Elle n'a jamais refait sa vie. Elle ignore si son fils a entretenu des liens avec sa famille paternelle. La septuagénaire habite Strasbourg à présent, comme son aîné Olivier.
14h20 "Je suis tombée des nues, ce qui s'est passé pour moi, c'est l'impensable ! Il a fichu la vie des gens et la sienne en l'air", déclare la vieille dame très émue. "S'il m'avait parlé, je l'aurais envoyé voir quelqu'un."
14h15 "Il avait des problèmes racistes à l'école". "Plus tard, quand il a voulu faire des études, je lui ai déconseillé d'aller en métallurgie. Il a passé des concours. Il en avait présenté plusieurs", la vieille dame est émue mais s'exprime clairement. "Quand il a cherché un emploi, il a trouvé mais il était... C'est un peu la génération kleenex !" déclare Francine Fortin avec hésitation. "Au bout de quelque temps, il a été licencié". La septuagénaire décrit quelqu'un qui "a toujours été consciencieux au travail". "À chaque fois, c'était un travail minutieux et précis... Au bout de trois ou quatre licenciements alors qu'il faisait correctement son travail", "il était proche des ouvriers, c'était un ingénieur concepteur, il faut aller sur place, il faisait ce qu'il devait faire".
14h10 La mère de l'accusé, Francine Fortin, 78 ans, s'approche de la barre pour témoigner. C'est une septuagénaire, cheveux blancs, elle porte un masque chirurgical qu'elle baisse pour parler. La vieille dame est assise, elle a du mal à se déplacer. "On vous écoute madame, parlez-nous de votre fils".
Les premiers mots de Gabriel Fortin
14h08 : l'audience reprend. Gabriel Fortin est debout : "À la suite des actes d'accusations, est-ce que vous souhaitez réagir ?" demande le président. " Oui !" répond l'accusé. "Je souhaite dire qu'il y a beaucoup de mensonges dans la continuité des faits dont j'ai été victime.
Tout cela a impacté ma vie personnelle, ma vie professionnelle. Ces faits sont des atteintes à ma vie privée (..) j'ai envoyé de nombreuses plaintes", déclare l'accusé d'une voix claire et ferme. Gabriel Fortin se pose en victime.
À la suite de ses deux licenciements survenus en 2006 et 2009, l'accusé a expliqué avoir "envoyé de nombreuses plaintes" aux procureurs de Chartres, Valence et Nancy, "à des députés, à des ministres de la Justice" et au Défenseur des droits, vers lesquels il reporte la responsabilité de ses actes. Ces "personnes en capacité d'agir sont responsables de ma situation", a-t-il affirmé. Des mots qui ont provoqué une légère agitation dans la salle d'audience.
La deuxième partie de cette première journée d'audience est consacrée aux témoignages des proches de Gabriel Fortin.
12h "Pour avoir avec préméditation volontairement donné la mort à Estelle Luce, pour avoir tenté de donner la mort à Bertrant Meichel (...) pour avoir, avec préméditation donné la mort à Patricia Pasquion et Géraldine Caclin", Gabriel Fortin est renvoyé devant la cour d'assises. L'audience est suspendue et reprend à 14h.
Dans la salle, pas un bruit. Le silence à l'écoute de la longue description des faits et des éléments de l'instruction par le président Yves de Franca. Dans le box des accusés, Gabriel Fortin semble impassible.
11h40 La lecture de l'acte d'accusation se poursuit. Les différents licenciements de Gabriel Fortin sont également évoqués. Il est question des nombreux repérages qui auraient été effectués par l'accusé.
11h30 Les faits concernant l'homicide d'Estelle Luce et la tentative d'assassinat sur Bertrand Meichel dans le Haut-Rhin sont rappelés.
11h10 C'est dans l'entreprise Faun Environnement que Géraldine Caclin a été abattue. "L'homme est entré dans le bureau, a pointé son arme en direction de Géraldine Caclin et tiré au moins à deux reprises", "sans prononcer un mot".
11h07 Les faits sont relatés de manière détaillée. Une reconstitution des faits a été réalisée le 14 décembre 2021 évoque "un tir balistique réalisé à une courte distance". Puis quelques minutes après les faits commis à Pôle Emploi, les forces de l'ordre ont été appelées à Guilherand-Granges.
11h Les faits reprochés à l'accusé sont rappelés par le président. Gabriel Fortin écoute avec attention. Les faits commencent par le volet Pôle Emploi et la mort de Patricia Pasquion, tuée par "un seul projectile". De l'arrivée à l'agence, à la sortie de l'individu du bureau occupé par Patricia Pasquion.
10H55 Gabriel Fortin a retrouvé sa place dans le box des accusés. L'audience reprend.
Jean-Luc Pasquion, un homme en colère
À la sortie de l'audience, ce matin, Jean-Luc Pasquion ne pouvait contenir ses émotions. Les paroles sont violentes : "je ressens de la colère. J'ai envie de le flinguer, c'est tout ! Je l'ai vu dans le blanc des yeux ce type. Je l'ai regardé, il m'a regardé. Il ne mérite plus de vivre, c'est clair. On perd trop de temps ici. Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir. Il ne mérite qu'une balle dans la tête ! C'est tout, il n'y a rien à dire ! On défend l'indéfendable."
10H20 L'audience est suspendue pour une demi-heure.
Les deux avocats de Gabriel Fortin ne s'expriment pas face caméra, mais ils ont précisé que la présence dans le box des accusés de leur client traduit sa volonté de "participer à son procès".
L'appel des témoins et des experts
10h10 L'appel des experts est rapidement bouclé. Ils seront présents, comme indiqué dans le plan d'audience.
9h53 Après l'appel des parties civiles, place à l'appel des témoins et des experts par la greffière. Les parties civiles peuvent assister à l'ensemble des débats. "La loi dit que les témoins ne peuvent assister aux débats tant qu'ils n'ont pas été entendus par la Cour", rappelle le Président Yves de Franca. Les témoins sont donc invités à quitter la salle d'audience et à revenir le jour prévu pour leur témoignage. Francine Fortin, mère de l'accusé, doit être entendue dans l'après-midi. Elle devrait venir avec son fils, le frère de l'accusé. La tante de Gabriel Fortin, Magali Fortin, sera également présente pour témoigner en début d'après-midi. L'ex-petite amie de Gabriel Fortin a indiqué qu'elle témoignerait. Plusieurs témoins ont fait savoir qu'ils ne viendraient pas.
Le procès commence : Gabriel Fortin est présent dans le box
9h38 Les jurés prêtent à présent serment. "Je déclare le jury définitivement constitué !" indique le président."Les débats sont ouverts". Les avocats des parties civiles prennent ensuite tour à tour la parole. De nouvelles parties civiles se déclarent en dernière minute, notamment deux sœurs de Géraldine Caclin. Les parties civiles sont constituées. Le procès, qui compte une trentaine de parties civiles, doit rentrer dans le vif du sujet ce mardi après-midi avec les premiers témoins de personnalité.
9h25 L'appel des jurés commence aussitôt qui répondent "présent" à tour de rôle. La défense a le pouvoir de récuser 4 jurés. Un juré absent, sans excuse, est condamné à une amende de 1500 euros. Les jurés prennent place l'un après l'autre dans la salle. La défense a déjà récusé deux jurés. Quatre jurés supplémentaires doivent être tirés au sort. Un juré a été récusé par l'avocat général. Gabriel Fortin a semblé attentif à la sélection des jurés.
Il est 9h22 et l'audience vient de débuter. "On va faire entrer Monsieur Fortin". L'accusé, cheveux rasés, vêtu d'une chemise bleue pénètre alors dans le box et s'assoit lourdement. Le président lui demande de se lever et de décliner son identité. Il prononce distinctement son nom, son prénom et sa date de naissance. Mais il a refusé de donner son adresse exacte. Le quadragénaire habitait Nancy au moment de son interpellation. L'accusé est défendu par deux avocats qui sont présents. L'accusé a reçu dans sa cellule la visite d'un huissier ce matin.
Le suspense planait encore ce mardi matin sur la cour d'assises concernant la présence ou non du prévenu. Gabriel Fortin, qui est resté muet pendant toutes les investigations, a refusé de participer aux reconstitutions. Avant l'ouverture de l'audience, les parties civiles retenaient leur souffle, imaginant un box vide. Mais contre toute attente, l'accusé assiste à son procès. Quelques minutes à peine après l'arrivée de Gabriel Fortin dans le box des accusés, ce sont les premiers signes de colère de la part de Jean-Luc Pasquion. Ce dernier mime un tir de carabine en direction de Gabriel Fortin. Le veuf ne parvient pas à contenir sa colère. Ses filles le rappellent à l'ordre.
Derniers instants avant l'ouverture du procès
C'est un procès hors norme qui va se dérouler durant trois semaines à Valence. Pour preuve, le dispositif, en place. En plus de la salle d'audience, une autre salle a été réservée aux parties civiles, nombreuses ce matin, et à la presse pour pouvoir suivre la retransmission du procès en direct.
Il est presque 9h et les parties civiles continuaient à arriver. Ainsi, Augustin Caclin, l'un des fils de Géraldine Caclin, DRH de Faun Environnement, a fait son entrée peu avant 9h dans le Palais de Justice. Lui non plus ne s'exprime pas.
La tension est palpable du côté des parties civiles. Jean-Luc Pasquion, veuf de Patricia Pasquion, la salariée de Pôle Emploi abattue le 28 janvier 2021, arrivé très tôt, ne décrochera pas une parole. La famille Pasquion, partie civile, a préféré garder le silence. "Monsieur Fortin, c'est très secondaire à l'instant présent", a indiqué leur avocat, Me Dreyfus.
Même douleur pour la famille Caclin. "C'est très douloureux la perspective de se remémorer cette journée du 28 janvier. La perspective de pouvoir peut-être voir Gabriel Fortin, de l'entendre. Certains y sont préparés. Pour d'autres, et pour Marjorie (Baud), c'est beaucoup plus compliqué", explique Me Gerbi, avocat de trois sœurs de Géraldine Caclin.
Deux sœurs de Géraldine Caclin sont arrivées arborant des t-shirts portant l'inscription "Je suis Géraldine" et une photo, en hommage à la DRH abattue sur son lieu de travail à Guilherand-Granges, en Ardèche, le 28 janvier 2021. Dans le palais de justice, c'est l'effervescence avant le procès.
Le suspense
Le procès de Gabriel Fortin s'ouvre devant la cour d'assises de la Drôme ce mardi 13 juin et doit durer trois semaines. L’audience va soulever de très nombreuses questions, car depuis son périple meurtrier, il y a deux ans, Gabriel Fortin est resté mutique.
L'accusé "a ressassé une espèce de haine recuite au fil des années. Mais pourquoi ? On l'ignore encore. J'ai peur qu'on ait du mal à l'apprendre," a confié avant l'ouverture du procès Me Dominique Arcadio, l'avocat d'Augustin Caclin, de son frère et de son père.
Gabriel Fortin a toujours refusé de s'expliquer. "C'est le moment de parler !", a déclaré Me Sophie Pujol-Bainier, avocate de la famille d'Estelle Luce avant le début du procès. "Nous sommes dans l'attente de savoir si enfin, Fortin va sortir de son mutisme, s'il va expliquer comment, 15 ans après les faits, il a monté sa cabale et sa vengeance inadmissible. Estelle Luce n'était que stagiaire. Elle n'est pas responsable de son licenciement. Le seul responsable, c'est lui (Gabriel Fortin) pour son insubordination, son incapacité à travailler en groupe. C'est pour cela qu'il a été licencié et c'est Estelle qui paye".
Estelle Luce, DRH en Alsace, a été abattue dans sa voiture, le 26 janvier 2021. Elle est la première victime présumée de Gabriel Fortin. Elle avait mené en 2006 avec Bertrand Meichel l'entretien de licenciement de l'ex-ingénieur aujourd'hui poursuivi pour un triple assassinat.
L'arrivée de l'accusé
Peu avant 8h30, l'accusé Gabriel Fortin a été extrait de sa cellule de la prison de Valence et est arrivé au Palais de justice, sous escorte policière.
Vers 8 heures, la famille de Patricia Pasquion est arrivée à pied au Palais de justice. Les visages sont fermés.
Dès 7 heures du matin, de nombreux journalistes attendaient l'arrivée de Gabriel Fortin, l'accusé. Une centaine de journalistes ont été accrédités, pour ce procès hors du commun.
Un procès hors norme
Celui qui a été surnommé "le tueur de DRH", devra répondre de trois chefs d'assassinat et d'une tentative d'assassinat devant la cour d'assises de Valence. Les 30 parties civiles présentes espèrent donc que l'accusé acceptera de répondre aux questions du tribunal.
Gabriel Fortin pourrait refuser d'être présent dans le box des accusés et d'assister à son procès. Une possibilité sérieusement envisagée par les avocats des familles de victimes.
Rappel des faits
L'affaire Fortin se déroule entre l'Alsace, la Drôme et l'Ardèche. Le tueur présumé, originaire de Nancy, est soupçonné d'avoir agi en moins de 48 heures dans quatre lieux différents avant d'être interpellé sur un pont enjambant le Rhône, entre Ardèche et Drôme.
Le 26 janvier 2021, Gabriel Fortin est accusé d'avoir tué Estelle Luce sur le parking de son entreprise près de Colmar. Le même jour, toujours dans le Haut-Rhin, un autre DRH, Bertrand M. avait échappé à la mort. Il s'était fait tirer dessus sans avoir été atteint. Avant de se faire licencier, Gabriel Fortin était ingénieur dans l'entreprise alsacienne dans laquelle les deux DRH travaillaient.
Deux jours plus tard, le 28 janvier 2021, il est accusé d'avoir tué Patricia Pasquion, cadre au Pôle Emploi de Valence où le tueur présumé était inscrit avant d'en être radié en 2013. Puis, il aurait assassiné Géraldine Caclin, DRH d'une entreprise située à Guilherand-Granges en Ardèche où l'ingénieur avait travaillé pendant deux ans avant d'être licencié.
Un des principaux enjeux de ce procès repose sur l'accusé et sa présence ou non dans le box. Son silence assourdissant depuis son arrestation, y compris au cours des reconstitutions, laisse de nombreuses questions sans réponse, notamment pour les familles des victimes.
"Il va y avoir des décharges émotionnelles"
Au cours de ce procès hors norme, qui a nécessité de nombreux aménagements du tribunal de Valence, les parties civiles auront à leur disposition une salle dédiée pour se reposer à l’abri des caméras. Pendant tout le procès, elles seront épaulées par des professionnels.
"Il va y avoir des décharges émotionnelles. Ils vont avoir besoin de se retrouver entre eux. J'ai banalisé une bibliothèque pour qu'ils puissent se rencontrer", explique Luc Barbier, Président du tribunal judiciaire de Valence. "J'ai également banalisé une salle dans laquelle il y aura psychologues et sophrologues pour les accueillir", précise le président du tribunal.
Une association drômoise, REMAID France Victimes 26. a réuni des professionnels et des bénévoles pour soutenir les victimes et leurs familles.
Placé en détention provisoire, Gabriel Fortin, 47 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.