Dans la Drôme, la commune de Bourg-de-Péage a trouvé la parade contre les dépôts sauvages d'ordures. Des boîtiers photographiques automatiques haute définition ont été installés. Ils contribuent à identifier les contrevenants. Ces derniers risquent des amendes allant de 150 à 1.500 euros.
Des déchets divers posés à même le sol, au pied de grands bacs à ordures... Les dépôts sauvages d'ordures empoisonnent la vie de la commune de Bourg-de-Péage. Ils ont également un coût pour le contribuable. Les dépôts sauvages d'ordures mobilisent un employé municipal chaque après-midi pour les collecter. Ces incivilités sont d'autant plus incompréhensibles que Bourg-de-Péage possède 16 lieux pour déposer ses déchets, des lieux faciles d'accès et une déchetterie. La ville a donc décidé de passer à l'action.
Pièges photographiques contre les incivilités
La municipalité drômoise de Bourg-de-Péage a décidé de faire la chasse aux auteurs de ces incivilités avec l'installation au printemps dernier de dispositifs discrets : des appareils photos sont positionnés en hauteur, parfois masqués par la végétation. Ces pièges photographiques à déclenchement automatique s'activent à chaque passage d'une personne à proximité. Ce type d'appareil est souvent utilisé pour l'observation d'animaux sauvages.
"On a un dispositif de flash nocturne, donc ça marche de jour comme de nuit. On a un champ large sur l'objectif, donc on prend tous les mouvements sur toute la place et avec une définition permettant d'identifier facilement les véhicules et les personnes," détaille Gilles Braghini, chef de la Police Municipale de Bourg-de-Péage.
Et les clichés sont révélateurs : sur l'un d'eux on voit une femme déposant un carton contre un mur. Ensuite, c'est un homme qui fait de même au même endroit. Les déchets ont généralement tendance à se multiplier en peu de temps. Le phénomène concerne les particuliers comme les professionnels. Ainsi, sur un autre cliché, c'est un artisan qui est pris en flagrant délit : il dépose 4 sacs poubelles et puis s'en va.
"J'ai retrouvé la semaine dernière sur ce même site, une machine à laver, des petits meubles, un matelas... c'est un véhicule qui a déposé tout ça. On l'a identifié," explique Gilles Braghini. Les clichés sont suffisamment précis pour identifier les visages des contrevenants ou les plaques d'immatriculation des véhicules. Ce dispositif de piégeage photographique se révèle une aide précieuse pour la police municipale dans l'identification des contrevenants. Plus besoin de faire les poubelles à la recherche d'une adresse... Ces clichés sont consultés lorsqu'un dépôt sauvage est constaté au moment d'une patrouille ou après un signalement.
Inciter à déposer ses ordures à la déchetterie gratuite
Pourquoi la municipalité a-t-elle pris cette initiative ? "La pédagogie ne fonctionnait plus, on a vraiment essayé d'être dans la prévention," déplore Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage. "On a essayé de sensibiliser les habitants (..) mais malheureusement ça ne fonctionne pas. On s'est dit : après être allé sur la prévention, il faut aller sur de la répression," explique l'élue. Et Nathalie Nieson ne cache pas son exaspération.
Ce sont des incivilités qui dégradent la vie de tous les jours de tout le monde. Ce n'est agréable pour personne de passer devant un endroit sale. Nous, on travaille au quotidien au bien-être de nos concitoyens. C'est terrible d'avoir ces dégradations qui pourrissent la vie de tout le monde ! L'objectif est de faire en sorte que cela cesse...
Mais la sanction n'est pas l'objectif premier. La pose de ces appareils photographiques a vocation à inciter les habitants à faire preuve de civisme, comme l'explique le maire de Bourg-de-Péage. "L'objectif, c'est de faire en sorte que les gens aillent à la déchetterie. Nous avons une déchetterie sur la commune qui est gratuite, elle est gérée par l'agglomération," résume l'élue. Elle poursuit : "L'objectif quand ils ont des encombrants, c'est qu'ils nous appellent pour qu'on vienne les retirer gratuitement. C'est la facilité que de déposer ses déchets au pied des poubelles. L'objectif c'est que les gens ne le fassent plus."
Pour l'heure, seulement trois dispositifs sont opérationnels. Ils sont régulièrement déplacés sur le territoire de la commune. Ces appareils photos changent de site en moyenne tous les 15 jours. Quatre PV ont été dressés avec des amendes allant de 150 à 1.500 euros. Mais le dispositif va s'étoffer pour mettre définitivement à la poubelle les mauvaises habitudes.