Drôme : l'Institut pharmaceutique Mérieux va racheter la plateforme fantôme Ecotox

Ecotox était devenu un "éléphant blanc", un fardeau pour les pouvoirs publics qui y ont investi 50 millions d'euros. En quatre ans, la structure, basée à Valence, est restée telle une coquille vide. Ce 8 mars 2021, fin du cauchemar : l'Institut Mérieux va racheter le site via une de ses filiales.

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Échec, fiasco, cauchemar... Les mots sont forts pour évoquer Ecotox, le projet de "plateforme mutualisée d'innovation", inaugurée en février 2017 par le président François Hollande en personne. Ce lundi 8 mars 2021, l'Institut Mérieux a annoncé vouloir reprendre ces locaux ultramodernes, implantés près de la gare TGV de Valence, afin d'y lancer une production biopharmaceutique.

50 millions d'euros d'argent public engloutis

Ecotox devait accueillir jusqu'à 300 chercheurs spécialisés dans l'étude de l'impact des substances toxiques sur l'environnement. Quatre ans plus tard, les vastes bâtiments design accueillent moins d'une dizaine de personnes.
La plateforme de recherche, qui devait s'attacher à mesurer l'influence des polluants sur la santé humaine, a été financée par "Drôme habitat", le département de la Drôme, la Region, l'État et l'Europe. Cinquante millions d'euros de financements publics ont été engloutis dans ce projet : "la trajectoire économique du projet s'est révélée un échec" dès sa première année, a déclaré ce lundi 8 mars 2021, la présidente (LR) du conseil départemental de la Drôme, Marie-Pierre Mouton.


"Le projet qui paraissait séduisant au départ a vite viré au cauchemar", a reconnu Laurent Wauquiez. La faute notamment à "une gouvernance inadaptée", dénoncée en son temps par la Cour régionale des comptes. "Le risque aurait été de voir l'endroit devenir une friche industrielle, ce qui aurait été un scandale absolu", a poursuivi le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Mérieux veut défendre la souveraineté nationale

Les locaux ultramodernes d'Echotox vont donc être repris par l'Institut Mérieux, via une de ses filiales ABL, basée à Washington DC aux Etats-Unis. ABL, spécialisée dans la production de vecteurs viraux pour l'immunothérapie, pèse 80 millions de chiffre d'affaires et compte 260 salariés. La filiale 100% Mérieux va racheter l'intégralité des 13.650 mètres carrés du site, même si une partie devrait rester inoccupée dans un premier temps.

Alain Mérieux, le président du groupe spécialisé dans la santé, n'a pas voulu fournir plus de détails, le projet étant encore loin d'être finalisé : "nous décollons dans le brouillard, avec un plan de vol pas très défini. Nous avons besoin de quelques mois pour l'affiner", a-t-il dit, en indiquant viser 2022 pour une entrée en fonctionnement. "Si nous réussissons, nous espérons créer une centaine d'emplois sur place", a indiqué le dirigeant, qui espère par cette opération "récupérer un peu de souveraineté nationale en matière de bioproduction".

La pandémie de Covid-19 a mis en évidence la nécessité pour chaque pays d'être le plus autonome possible au regard de ses besoins de santé publique.

Alain Mérieux

ABL va y investir de 90 à 100 millions d'euros, en sus du coût de l'acquisition, portant ainsi le coût de l'opération autour de 110 à 120 millions. Cela en fait le plus gros investissement industriel engagé pour l'année en cours dans la région, selon Laurent Wauquiez, qui a promis de l'accompagner financièrement. Le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, a lui aussi indiqué que l'État devrait pouvoir apporter sa contribution, la localisation d'activités dans les biotechnologies entrant dans les priorités nationales.

Un précédent à Lyon en 2018

Alain Mérieux avait déjà donné un coup de pouce similaire en juillet 2018. À la demande du maire de Lyon de l'époque, Gérard Collomb, il avait fait reprendre par ABL la plateforme d'innovation Accinov. Depuis, la structure accueille une quarantaine de personnes.
"Nos trois sites de Washington, Lyon et Strasbourg risquaient d'être saturés en 2022", a indiqué Alain. Mérieux, pour expliquer le tout récent intérêt de son groupe pour les installations valentinoises.

Le rachat du pôle Ecotox sera délibéré au sein du Conseil départemental de la Drôme, le 22 mars 2021.

 

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