Des palettes entières de bouteilles de vin trônent dans les entrepôts de Crozes-Hermitage. Entre la fermeture des restaurants, le confinement et la taxe américaine, les ventes ont chuté tout comme les rentrées d'argent et pourtant il va falloir relancer la vigne comme lors d'une année ordinaire.
Le moral est morose chez les vignerons de Crozes Hermitage. Les caves sont pleines de bouteilles et les carnets de commandes sont vides.
La restauration représente un tiers des débouchés et l'exportation un quart pour ce crû de la vallée du Rhône septentrionale. Le manque à gagner est donc important en cette période de pandémie qui a vu la fermeture de tous les bars et restaurants sur le territoire et à l'international. En plus, la dernière taxe américaine (25%) a considérablement noirci le tableau. Les particuliers, ne recevant plus, eux non plus n'achètent pas. Et cet hiver, les stations de ski qui sont habituellement de gros acheteurs, sont restées fermées. Alors même si les cavistes et la grande distribution continuent de vendre, les stocks s'accumulent chez les producteurs et les rentrées d'argent se font rares.
Mark Romak, vigneron - Domaine de Melody vend habituellement 30% de sa production aux cafés-restaurants. Sur 2020, il est passé à 10%. Il déplore des ventes beaucoup moins dynamiques tant sur le territoire qu'à l'international.
Dans son entrepôt, 2000 bouteilles, destinées au marché américain, sont en attente. Elles auraient dû être livrées au début de l'année.
Avec l'arrivée des vendanges de 2021, les stocks vont poser des problèmes d'espaces car les cuves seront encore pleines.
Le cycle de la nature ne connait pas le Covid
La nature, de son côté, ne s'arrête pas. Il faut suivre le rythme et ne pas prendre de retard pour s'assurer d'un bon millésime en 2021. Les conditions sont très bonnes. Les pluies de l'automne sont encourageantes. Les charges resteront donc identiques aux autres années. Il n'y aura pas de chômage. Il va falloir payer. Les vignes exigent de la main d'oeuvre d'autant plus que l'appellation s'est tournée vers la préservation de l'environnement et a de moins en moins recours aux produits phytosanitaires. Le risque de faire marche arrière est présent dans les esprits.
Sur le canton de Tain l'Hermitage, la viticulture représente 250 déclarants de récolte et entre 4 et 500 salariés permanents sans compter les 2000 saisonniers.
Lorsque l'on aborde le thème des aides, Pierre Combat, Président des vignerons de Crozes Hermitage, a un petit rictus : "On a toujours des effets d'annonces mais pour remplir les critères, c'est toujours impossible. Il faut que le chiffre d'affaire diminue d'au moins 50% pour y avoir droit. La seule qu'on ait eue c'est le PGE (prêt garanti par l'Etat) qu'il faudra rembourser avec les intérêts. Nous, il nous faut des aides directes."