L'importation de vins français aux Etats-Unis est désormais plus largement taxée. Et les viticulteurs de Savoie, déjà fragilisés par la crise sanitaire, craignent de perdre une partie de leur clientèle.
Les viticulteurs savoyards s'inquiètent des effets de la taxe Trump sur le vin français. Une nouvelle salve est entrée en vigueur mardi 12 janvier, portant à 25% les droits de douane sur tous les vins non pétillants importés aux Etats-Unis. Un coup dur pour la filière en Savoie, dont les vins commençaient à séduire la clientèle outre-Atlantique.
A Chignin, Michel Quenard prépare des dizaines de caisses à destination de la Californie et la Virginie. Les Etats-Unis nourrissent un goût particulier pour le vin blanc, le pays représente 10% de ses exportations. "On commençait tout juste à diversifier notre marché de commercialisation via l'export, en particulier vers les Etats-Unis. Et aujourd'hui, notre élan est coupé par cette taxation", juge le viticulteur.
"On se sent oubliés"
Mise en place en 2019, la taxe Trump ne concernait que les vins de moins de 14 degrés, taxés à 25%. Alors que la filière s'attendait à la voir disparaître, elle a finalement été étendue. Le gouvernement américain l'avait mise en place en représailles aux aides européennes accordées à l'aéronautique. Jusqu'ici, certaines cuvées pouvaient échapper à la taxation, ce qui n'est plus le cas. Michel Quenard dénonce une mesure injuste et juge les viticulteurs "pris en otage dans un conflit qui ne nous regarde pas".
La taxe avait déjà fragilisé l'économie de certains viticulteurs du département. Même si, en moyenne, l'exportation représente seulement 5% de la distribution de vins savoyards. Cependant, la filière rencontre d'autres difficultés cette année. "En plus des Etats-Unis, on a la crise du Covid qui nous empêche de vendre auprès de nos clients restaurateurs. On se sent oubliés par nos politiques, localement et nationalement, et pour aller plus loin au niveau de l'Europe. On le voit avec la taxe Trump, il y a très peu de soutien", souligne Guillaume Quenard, viticulteur.
"On reste positifs parce qu'on a un bel élan derrière nous en Savoie, nuance-t-il. On a eu un mois de décembre moins pire que prévu puisqu'il y a eu un bel élan des particuliers et chez les cavistes. Mais on se fait du souci pour les mois à venir." La filière viticole emploie 500 000 personnes en France et souffre déjà de la crise économique due au Covid-19. Le secteur attend beaucoup de l'arrivée de l'administration Joe Biden le 20 janvier, mais aussi du gouvernement français.