Marjorie habite La-Motte-de-Galaure dans la Drôme. Elle fait partie des 35 Français tirés au sort pour constituer au Conseil économique, social et environnemental, un "collectif citoyen" appelé à se prononcer sur la campagne de vaccination anti Covid-19. Première réunion, samedi 16 janvier.
"C'est une expérience à vivre, pour une fois que l'on s'intéresse aux citoyens d'un village de 800 âmes !" A la veille de sa première session de travail, prévue le 16 janvier 2021, Marjorie ne cache pas son enthousiasme. Cette habitante d'un petit village de la Drôme a été tirée au sort, pour rejoindre un collectif de citoyen, appelé à se prononcer sur le plan de vaccination contre le Covid-19. Ce travail de consultation débute samedi 16 janvier, sous la houlette du Conseil économique, social et environnemental.
"J'ai cru à une farce"
Marjorie a été appelée le 4 janvier. Un coup de fil plutôt déstabilisant, raconte-t-elle. "Quand on m'a dit que mon numéro avait été tiré au sort, j'ai répondu à quel moment vous allez me demander mon numéro de carte bleue... tellement je n'y croyais pas !" Marjorie est un peu perplexe, ne sait pas trop quoi penser dans un premier temps. Elle avait certes, entendu parler de ce collectif citoyen aux infos, mais elle n'aurait jamais cru être retenue pour en faire partie.
Coup de stress, sentiment d'illégitimité... L'ancienne ouvrière sur les lignes du fabricant de camping-car Trigano doute, mais finit par accepter, trop heureuse de porter la voie de la ruralité. Âgée de 44 ans, Marjorie entend pleinement jouer son rôle : "C'est un collectif citoyen, on va pouvoir poser des questions que l'on a envie d'aborder. Je ne dis pas que ça va faire changer le plan vaccinal, mais on va poser les questions qui ressortent de notre ruralité. Si on ne le fait pas, ce n'est pas la peine de critiquer après".
Une consultation pour tenir compte des préoccupations
Saisi le 9 décembre dernier par le Premier ministre, le CESE met en place tout un dispositif de consultation sur la stratégie vaccinale, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19. Une plateforme ouverte à tous est accessible en ligne depuis ce 15 janvier 2021. Et un collectif citoyen va donc être installé dans la foulée. Trente cinq Français ont été tirés au sort pour en faire partie, dont Marjorie.
La première séance de travail va se dérouler ce samedi 16 janvier en visio. Histoire de faire connaissance en quelque sorte. Marjorie est prête, motivée, elle a même acheté un ordinateur pour travailler dans de bonnes conditions. "Je veux vraiment faire les choses bien, sinon ce n'est pas la peine", confie-t-elle. Ensuite, la Drômoise se rendra trois jours par mois à Paris, pour participer à ce collectif citoyen. Objectif affiché par le CESE ?
"Ses membres seront invités à émettre les questionnements du Collectif relatifs à la vaccination, que ceux-ci réfèrent aux problématiques scientifiques, sanitaires, techniques ou financières. Pourront également être exprimées les craintes, résistances ou questions liées aux enjeux éthiques de la campagne nationale de vaccination. Il sera aussi invité à s’exprimer sur les choix de politique vaccinale et d’organisation de celle-ci..."
Premières questions en tête
A titre personnel, la Drômoise est favorable au vaccin. Marjorie est aujourd'hui en invalidité, et de ce fait se pose des questions liées aux situations de handicap. Comment se faire vacciner quand on n'a pas de moyen de locomotion ? Pourquoi avoir vacciné en premier dans les Ehpad ? Quelle est la durée d'efficacité du vaccin ? Ces questions, Marjorie les a déjà en tête, et entend bien les poser au ministre de la Santé, Olivier Véran, et au président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale anti Covid-19, Alain Fischer.
Marjorie, c'est le bon sens populaire. Et donc elle pose des questions que tout le monde peut se poser. Je pense que ce regard en tant qu'habitante d'un territoire rural va aussi amener un autre regard, qui peut parfois manquer dans la prise de décisions politiques de ces derniers mois, donc c'est très positif.
Un peu perplexe après le coup de fil d'après tirage au sort, Marjorie a cherché conseil auprès du maire de Saint-Vallier. Et Pierre Jouvet l'a convaincue de sa légitimité. Marjorie est aujourd'hui totalement motivée, prête à relever cette expérience de participation citoyenne. Avec sincérité.