Dans la Drôme, les sages-femmes ne veulent plus être "méprisées"

Les sages-femmes de la Drôme dénoncent le mal-être de leur profession. Elles manifestaient mardi 15 décembre devant l'antenne départementale de l'Agence Régionale de Santé, à Valence. Parmi leurs revendications : la reconnaissance de leur statut médical et la revalorisation de leurs salaires.

Elles ont Bac + 5, Bac + 6 avec une spécialité échographie. Elles peuvent suivre un grossesse dans sa quasi intégralité, réaliser un frottis, prescrire une contraception, un arrêt maladie. A l'hôpital, elles sont le pilier des services de gynécologie obstétrique, à la campagne et en ville elles pallient la pénurie de médecins spécialistes. Pourtant, elle ne sont pas considérées comme une profession médicale à part entière. La colère, la frustration sont immenses dans les rangs de la manifestation à Valence ce jour-là.

"Sages-femmes méprisées = femmes maltraitées", "Ne poussez plus", "sage-femme en voie de disparition". Voilà quelques-uns des slogans que l'on pouvait lire sur les banderoles. Les sages-femmes rappellent leur salaire : 1600 euros en début de carrière. Elles dénoncent l'inégalité flagrante avec d'autres professions plus masculines. Yvette précise :

"Vous prenez un ingénieur a l'hôpital, il gagne deux fois notre salaire, il a le même niveau d'études que nous, ce n'est pas normal. On est des bonnes femmes, on soigne des bonnes femmes, il y a de la misogynie c'est évident."

On dénombre en France 24 000 sages-femmes. Elles exercent en hôpital ou en libéral. Pourtant, elles essuient une opposition des médecins gynécologues sur l'évolution du statut de leur profession. Quant au Ségur de la Santé, il les classe dans les professions paramédicales, avec une revalorisation salariale insuffisance à leurs yeux. Marre d'être dans l'ombre, discrètes, disent-elles toutes aujourd'hui. "On en a toutes assez de ne pas être reconnues profession médicale, et de devoir justifier en permanence de nos compétences. Mon sentiment c'est d'être en permanence ignorée, on est un métier de l'ombre on le sait, ce n'est pas par orgueil qu'on fait ça, c'est parce qu'on a envie quand même que les gens reconnaissent nos compétences.", dit une manifestante.

La fronde nouvelle n'est pas prête de cesser. De nouveaux rassemblements sont prévus dans les régions, avant une grande manifestation à Paris en février 2021.

Portrait croisé de sages-femmes

Sophie Loyal est sage-femme en libéral à Crest. Sa plus jeune patiente a douze ans, la plus âgée plus de quatre-vingts ans. 

"Durant le suivi de grossesse, il faut que nous veillions à ce que la femme enceinte ne soit pas en train de déclarer une pathologie, donc c'est une responsabilité. Il faut surveiller les prises de sang, la tension, l'évolution de la croissance du bébé. Nous suivons aussi les femmes en gynécologie, sur la prévention des cancers du sein, de l'utérus, du col, la prescription de contraceptif. Je m'occupe des femmes sur tous leurs âges, je les accompagne pour essayer qu'elles vivent mieux toutes les périodes de leur vie."

Suzanne Masson, sage-femme à la maternité de l'hôpital de Valence, après de longues études

"J'ai commencé à exercer il y a quelques mois. J'ai fait cinq années de médecine, on commence par une année pour passer le concours de médecine, puis quatre années en école. Je gagne aujourd'hui aux alentours de 1800 euros. J'ai été augmentée suite au Ségur de la Santé. Au début on n'en faisait pas partie, puis nous avons été rajoutées dans la catégorie des non médicaux. Par rapport à ce qu'on fait, à nos responsabilités, je pense que ce n'est pas suffisant, par rapport aux risques que l'on prend."

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