A quelques jours de la clôture du "Ségur de la santé", les personnels hospitaliers sont de nouveau appelés à manifester dans des dizaines de villes ce mardi 30 juin pour obtenir davantage que les 6,3 milliards déjà mis sur la table par le gouvernement. A Grenoble le rassemblement est prévu à 14h
"Battre le fer tant qu'il est chaud": après le succès de leur mobilisation du 16 juin (100.000 à 180.000 manifestants selon les sources), les syndicats et collectifs hospitaliers organisent de nouveaux rassemblements partout en France.
A Grenoble, un rassemblement est prévu à 14 heures (à la même heure que celui de..Paris, où le cortège s'élancera à 14H00 de l'ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce dans le Vème arrondissement, en direction du ministère de la Santé. Le 16 juin dernier, les deux manifestions organisées dans la capitale des Alpes avait fortement mobilisé. Le mouvement de contestation du CHUGA, sur sa page facebook, lance un appel et espère réunir encore plus de monde dans cette dernière ligne droite.
Une manifestation est annoncée à 11 heures ce matin à Vienne, un mouvement de grève est prévu à Bourgoin...le département tout entier, comme dans les deux Savoie entend se mobiliser encore une fois.
L'objectif affiché est de "peser sur les décisions politiques", a prévenu Mireille Stivala lors d'une conférence de presse lundi. La secrétaire générale de la CGT-Santé assure être prête à continuer de se mobiliser "tant qu'on n'aura pas réussi à faire plier le gouvernement".
Mais le temps est compté, car le "Ségur de la santé" touche à sa fin. Cette vaste concertation, lancée le 25 mai pour concrétiser le "plan massif d'investissement et de revalorisation" promis par Emmanuel Macron, s'achèvera en effet vendredi, par une ultime réunion sous l'égide de l'ancienne dirigeante de la CFDT, Nicole Notat.
Le chef de l'Etat pourrait ensuite annoncer lui-même ses arbitrages la semaine prochaine, en particulier sur les très attendues hausses de salaires.
Son ministre Olivier Véran a déjà mis sur la table 6 milliards d'euros pour les personnels non médicaux, à répartir entre une augmentation générale, une refonte des primes et des majorations ciblées sur certaines professions (infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio...).
Une rallonge de 300 millions d'euros a également été proposée lundi pour les praticiens hospitaliers, avec des mesures ciblées sur les débuts et fins de carrière, sur certaines primes et sur les heures supplémentaires ; proposition aussitôt rejetée par des syndicats médicaux évoquant une "désillusion énorme".
"Un geste fort"
"On est très, très loin du compte", estime pourtant le secrétaire général de SUD-Santé, Jean-Marc Devauchelle, qui demande pas moins de 14 milliards pour augmenter de 300 euros net toutes les fiches de paie du secteur.
Son homologue de Force ouvrière, Didier Birig, chiffre plutôt la mesure à 7 milliards et considère que "la balle est dans le camp du ministère". Avec cette mise en garde: "Si la réponse n'est pas à la hauteur des attentes, il y aura des conséquences".
"Nous craignons très clairement une fuite des personnels s'il n'y a pas un choc d'attractivité", précise l'urgentiste Christian Prudhomme (Amuf), qui attend "un geste fort de la part du gouvernement, à la fois sur l'augmentation des salaires, sur les embauches et sur l'arrêt des fermetures de lits".
Déçus par les précédents plans de l'exécutif, qui n'ont pas enrayé un mouvement social entamé au printemps 2019, les syndicats voient d'abord le décalage "entre ce qui a été dit pendant des mois sur la nécessité de revaloriser le personnel soignant, de revoir le financement de l'hôpital public, et la réalité des annonces faites aujourd'hui", considère Mme Stivala.
Elle souligne au passage que "la question des recrutements de personnels (n'est) pas abordée dans le cadre du Ségur et c'est un gros problème".
Le gouvernement entend en revanche dégager des moyens pour l'investissement, en plus de la reprise déjà programmée d'un tiers de la dette hospitalière par la Sécu. Reste à connaître le montant de cette enveloppe budgétaire.
"L'impatience des soignants (...) est très forte, je la partage, je suis au moins aussi impatient qu'eux", a affirmé M. Véran dans un entretien au Monde vendredi.
Le ministre sait toutefois que "qui dit négociation dit un peu d'échanges et de saines pressions de part et d'autre, c'est tout à fait normal".