"Les nappes ne se rechargent pas. Les prélèvements sont supérieurs à la ressource" : le constat est implacable et alarmant pour la Fédération de la Pêche de la Drôme qui tire la sonnette d'alarme sur le manque d'eau. En ce début d'été ils publient une pétition pour exiger plus de mesures.

La Fédération de la pêche de la Drôme lance un cri d'alarme et décrit une situation dramatique sur le manque d'eau dans les rivières du département. Une pétition, "Ensemble sauvons l'eau", est en ligne pour réclamer plus de mesures nationales et plus de restrictions dans les usages domestiques et agricoles, alors que la situation empire chaque année.

Son président Christian Brély, est à l'origine de cette pétition : "Aujourd'hui on ne demande pas l'impossible. On demande que le débit minimal biologique soit respecté, c'est ce qui permet à la faune piscicole de vivre tout simplement. En 2 ou 3 jours de sécheresse, on peut anénantir tous les efforts qui ont été faits."
 

"Les prélèvements sont supérieurs à la ressource"


Christian se dit affolé et apeuré devant des niveaux d'eau qui ne cessent de baisser, toujours plus, et toujours plus tôt chaque année, et des mesures politiques dénuées d'ambition : "Il y a trop de prélèvements dans le milieu aquatique (...). Les rivières sont sacrifiées au profit des autres usages, et pas seulement agricoles. Il y a tout le monde : les jardins, les villes qui arrosent leurs pelouses pendant la sécheresse. Aujourd'hui, les prélèvements sont supérieurs à la ressource, et ça fait plusieurs années que ça dure. Les nappes phréatiques sont en baisse constante. On est peut-être les premiers à tirer la sonnette d'alarme de façon très forte. C'est un coup de geule."
 

Un appel au secours


Le pêcheur précise qu'il y 5 ans, l'Etat a fait des études sur les volumes d'eau disponibles dans la Drôme : "Ils disaient qu'il fallait réaliser 30% d'économies pour pérenniser la ressource dans le temps! Rien n'a été fait dans ce sens. Rien! C'est un signal très fort qu'on lance, c'est un appel au secours. On nous parle de biodivesité, mais sur le terrain on s'aperçoit que c'est la dernière roue de la charette."
 

"De pire en pire chaque année!"


Christian livre un exemple, sur la commune de Manthes, où une source serait tarie depuis 2 ans, selon lui à cause d'un établissement de pisciculture qui prélèverait "une énorme quantité d'eau". "On a déjà fait des pêches de sauvetage sur le département", précise-t-il. "Sur certains cours d'eau, en une seule nuit, vous avez 30 cm d'eau qui descend, uniquement à cause des prélèvements. On prend l'eau des générations futures dans les nappes phréatiques, et ça ne peut pas durer. On est début juillet, et déjà une très grosse partie de nos ruisseaux et de nos rivières de première catégorie sont en manque d'eau, avec en plus un réchauffement des eaux. C'est de pire en pire chaque année."
 

Un manque de prise de conscience


Les pêcheurs décrivent une situation alarmiste, comme des lanceurs d'alerte aux premières loges d'une atteinte à l'environnement de plus en plus visible à l'oeil nu, mais pas pour tout le monde: "Le citoyen lambda, il ouvre son robinet, il a de l'eau. Il voit pas le problème. Nous on est au contact. On défend ce qu'on aime, et on a le sentiment qu'on va à la casse. A un moment, s'il n'y a plus d'eau pour personne, ce sera grave. L'été dernier, 2 communes ont été alimentées en eau par citernes, au bord du département.
 

Quelques pistes



Dans une vidéo l'Agence de l'eau, qui dépend du Ministère de l'Environnement préconise plusieurs solutions pour mieux partager la ressource:
  • Installer des systèmes de goutte-à-goutte, qui permet de diviser par 4 sa consommation d'eau
  • Réparer les fuites des réseaux d'eau, car 1 litre sur 4 n'arrive pas au robinet
  • Plus de recyclage dans l'industrie
  • Plus de stockage en hiver pour une redistribution en été
Mais pour Christian Brély, les préconisations de l'Agence de l'eau ne sont ni respectées, ni mises en oeuvre au niveau local.

 
 

Quelles ambitions ?


Aux dernières Assises nationales de l'eau, le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy a préconisé 10% de baisse des captages d'eau d'ici 2024, et 25% d'ici 2034. Christian ne tarde pas à réagir: "Mais ce qu'il faudrait, ce serait 10% de baisse dès aujourd'hui. Pourquoi attendre? Il faudrait des restrictions dès aujourd'hui pour préserver la ressource. Les nappes ne se rechargent pas. Il y a des vigilances, mais sans restrictions. Tout le monde peut arroser sa voiture ou sa pelouse. On fait n'importe quoi, ça ne peut pas durer.

Autre objectif du gouvernement: une restauration écologique des milieux aquatiques avec 25.000 km de cours d’eau restaurés d’ici 2025, et un doublement de la superficie des zones humides protégées.


 

 

Les chiffres de la pêche
Avec 17.000 adhérents, la Fédération de la Pêche et les associations emploient 1.000 salariés. L'Association Régionale de pêche Auvergne-Rhône-Alpes totalise 270.000 adhérents.    
 
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