La saison de la pêche a repris depuis le 9 mars dans les cours d'eau et les cormorans divisent pêcheur et protecteur de l'environnement. Depuis deux ans, les tirs de prélèvement sont interdits et les pêcheurs de la Drôme craignent pour la ressource piscicole.
À Anneyron, dans la Drôme, on ne voit pas l'ombre d'une plume de cormoran sur le plan d'eau. Les oiseaux aux plumages noirs ont déjà pris leur envol, direction l'Europe du Nord, après avoir passé quatre mois d'hiver sur l'île du petit étang, au grand désespoir des pécheurs.
"Ici, ils ont le gîte et le couvert."
"Le cormoran a tendance à se sédentariser du fait du dérèglement climatique et il y a un effet dortoir. Là, on en a une douzaine qui est arrivée début novembre et est repartie au début du printemps", calcule Jean-Marc Ducoin, vice-Président de la fédération drômoise de pêche, qui réclame une régulation.
"Ils ne sont pas farouches, j'ai pu le prendre en photo à quelques mètres, assure le pécheur en montrant une photo de cormoran sur son portable. Ici, ils ont le gîte et le couvert." Selon les pécheurs, l'absence de régulation créerait une compétition sur la ressource piscicole.
Un cormoran ingurgite environ 400 grammes de poissons par jour, dix cormorans c'est 4 kilos, multipliés par 120 jours. On peut estimer, qu'ici c'est entre 450 et 500 kilos qui sont partis dans le ventre des cormorans.
Jean-Marc Ducoin, Vice-Président de la Fédération drômoise de pêche
"On a la charge du rempoissonnement au mois de décembre, on met entre 650 et 700 kilos de poisson, donc la moitié est partie en fumée", calcule le vice-président. Depuis 2022, le nombre de tirs de régulation autorisés sur les cormorans a été réduit. Des quotas départementaux ont été mis en place et les tirs sont restreints aux zones piscicoles.
"Il faut attendre pour avoir du recul"
Dans la Drôme, depuis 2022 aucune dérogation de tir n'a été donnée. Avant, 250 oiseaux étaient prélevés dans le département, trop pour la Ligue de Protection des Oiseaux.
" Il faut attendre quelques années pour avoir du recul sur l'évolution des populations, prévient Louis Granier, Président de la LPO Drôme-Ardèche. Sur les dortoirs, on a des chiffres de comptage qui sont stables, voir un peu en baisse." Pour le président de la LPO, l'interdiction des tirs est trop récente, pour pouvoir déjà évaluer si les cormorans sont devenus trop nombreux localement.
On parle de la sixième extinction, beaucoup d'espèces d'oiseaux sont menacées, donc il faut les conserver, ça fait partie de la biodiversité.
Louis Granier, Président LPO Drôme-Ardèche
La région compterait aujourd'hui des milliers de cormorans. L'espèce, protégée par le Code de l'environnement, est aujourd'hui classée en état de conservation non préoccupant, sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.