Lundi 25 novembre, le préfet de la Drôme interdisait une manifestation du collectif "Justice pour les nôtres" prévue ce samedi 30 novembre à Romans-sur-Isère. L'État craignant un trouble à l'ordre public lors de ce rassemblement d'extrême droite pour la commémoration de l'anniversaire de la mort de Thomas à Crépol (Drôme). L'arrêté vient d'être suspendu par la justice.
Le tribunal administratif de Grenoble a décidé de suspendre l'interdiction, décidée par le préfet, d'une manifestation du collectif d'ultradroite "Justice pour les nôtres" prévue ce samedi 30 novembre à Romans-sur-Isère. Il suspend aussi l'interdiction de contre-manifestations dans une seconde ordonnance. L'État craint un trouble à l'ordre public lors de ces rassemblements pour la commémoration de l'anniversaire de la mort de Thomas à Crépol (Drôme), survenue le 19 novembre 2023.
Pour justifier cette décision, le préfet évoque les tensions déjà prégnantes dans la région, notamment dues à la mort d'un autre jeune homme, Nicolas, qui jouait dans le même club de rugby que Thomas. Il a été victime d'une balle en pleine tête alors qu'il patientait pour rentrer en boîte de nuit.
La manifestation doit se tenir ce samedi 30 novembre à 15 heure, place Ernest Gailly à Romans-sur-Isère.
La crainte de tensions entre "groupes d'idéologies opposés"
La tension n'est jamais vraiment retombée. Ces dernières semaines, de nombreux tractages, courriers et déclarations publiques ont laissé craindre au préfet des "troubles importants et des affrontements idéologiques à Romans-sur-Isère, Bourg-de-Péage, Crépol et Valence, le 30 novembre prochain".
Mais selon le tribunal, le préfet "n'allègue pas de la diffusion d'appels à commettre des actes de violence" et n'a pas réclamé de modification des itinéraires des manifestations.
"Dans ces conditions, l'interdiction de la manifestation déclarée par les requérants ne peut être regardée adaptée, nécessaire et proportionnée aux circonstances. Dès lors, ces derniers sont fondés à soutenir qu'il a été porté une atteinte manifestement illégale à une liberté publique", estime le tribunal.
"Rassemblement autorisé. Tous à Romans samedi !", s'est réjoui le collectif vendredi sur son compte Instagram. Depuis plusieurs jours, ses membres distribuaient des tracts à Romans et aux alentours appelant à se réunir en mémoire de Thomas et de Nicolas Dumas, qu'ils qualifient de "victimes de l'immigration".
La deuxième ordonnance suspend l'interdiction de contre-manifestations annoncées par des associations ou organisations de gauche dénonçant l'instrumentalisation politique des décès des deux jeunes hommes.
La mort de Thomas, un lycéen de 16 ans poignardé lors de violences à la fin d'un bal de village, avait enflammé la classe politique, la droite et l'extrême droite s'emparant du sujet pour dénoncer une insécurité croissante dans les campagnes venue selon elles des banlieues sensibles.
Quelques jours après le meurtre, des militants d'ultradroite avaient pour leur part organisé une manifestation aux allures d'expédition punitive dans le quartier de la Monnaie à Romans, d'où sont originaires une partie des 14 personnes mises en examen dans cette affaire.
Un an après la mort de Thomas, l'enquête se poursuit. Huit personnes mises en cause sont toujours placées en détention provisoire.
L'inquiétude de la maire de Romans-sur-Isère
Dans un communiqué, la maire de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval "tient à rappeler son attachement à la liberté de manifester mais demeure particulièrement inquiète de la conjonction de ces deux manifestations le même jour sur un même territoire et des risques d’affrontements violents qui en découlent".
Elle demande ainsi "à l’Etat de tout mettre en œuvre pour encadrer au maximum ces manifestations et de déployer des moyens supplémentaires à ceux initialement prévus".