Municipales 2020. Romans-sur-Isère (Drôme) : ce qu'il faut retenir du débat du 2nd tour diffusé sur France 3 Rhône-Alpes

A l'issue du vote du 15 mars 2020, les quatre listes candidates à Romans-sur-Isère pouvaient se maintenir pour le second tour. L'une s'est retirée, deux autres ont fusionné. Se retrouvent en duel : Marie-Hélène Thoraval, maire sortante de Romans ! Et Thomas Huriez de Passionnément Romans.

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L'élection municipale 2020 de Romans-sur-Isère se joue sur un changement de décor politique, comparé à 2014. Plus de liste d'extrême-droite, et ce dès le premier tour du 15 mars. Et dimanche 28 juin, les 21.639 électeurs de la troisième ville de la Drôme, n'auront plus de bulletin pour une liste de gauche à proprement dite. Le Collectif pour Romans s'est en effet retiré de la course, tandis qu'Isabelle Pagani a décidé de rejoindre Thomas Huriez, pour faire face à la maire sortante divers droite, Marie-Hélène Thoraval.

 

► 28 juin : deux candidats pour un fauteuil

Elue en 2014, Marie-Hélène Thoraval brigue un second mandat, à la tête d'une liste divers droite, baptisée Romans ! Maire sortante créditée de 46,25% des voix le 15 mars 2020, elle fait de la sécurité une priorité dans son programme électoral. Milite "pour une ville attractive, à la tranquillité publique stabilisée avec une police municipale présente jour et nuit sur le terrain, et 50% de caméras de vidéo protection en plus dans les quartiers résidentiels".

Classé second du premier tour avec 25,64% des suffrages exprimés, Thomas Huriez est la tête de liste de Passionnément Romans. Une liste qui a gardé son nom de baptême, après la fusion avec celle d'Isabelle Pagani, soutenue par le PS. L'entrepreneur de 39 ans veut transformer Romans en une ville forte, écologique, humaine et attractive. Sa première des dix actions annoncées en cas d'élection ? Diviser de moitié l'indemnité de maire.

 

Le 15 mars 2020, le premier tour avait donné lieu à une abstention record de 63%.

 

► Le débat animé par Paul Satis


L'entame de ce débat est l'occasion pour chacun des deux candidats de préciser leur positionnement politique. Thomas Huriez est officiellement sans étiquette. Après la fusion d'entre deux tours, sa liste est soutenue à la fois par le Modem, La République en Marche et le Parti Socialiste. Mais l'entrepreneur insiste, il s'agit d'une liste "transpartisane". "Nous, on veut réunir un maximum de Romanais de tous bords, pour amener le meilleur pour la ville." Pas question de se priver d'une "diversité" pour la gestion communale.

A la question de savoir si elle se revendique d'une liste de droite, Marie-Hélène Thoraval préfère parler d'énergie, au regard de l'expérience de ses colistiers. Romans ! est "une liste renouvelée, à un peu plus de 50%, une liste qui, au-delà des partis, fait foi de l'expérience, de la compétence, et pour certains de l'expertise".

 

► La fusion entre Thomas Huriez et Isabelle Pagani : premières prises de bec


Avec Marie-Hélène Thoraval, Romans a été une ville "brutalisée" selon la désormais numéro 2 de la liste Passionnément Romans. Thomas Huriez assume, parle également de "ville aseptisée par un changement de culture".
Cette fusion fait "qu'ils sont tous caution solidaire de ceux qui ont fait la ruine de Romans. Je rappelle que nous avons pris en 2014 une ville qui était au bord de la faillite".

L'état des finances de la ville... Le débat est lancé. L'échange entre Marie-Hélène Thoraval et Thomas Huriez change de ton.

 

- Mon cher Thomas, il faudrait que tu apprennes aussi ce qu'est la comptabilité publique. - Je vous demande de me respecter, de me vouvoyer. Je suis candidat comme vous, je vous vouvoie, vous me vouvoyez. -Et bien, Thomas, je l'ai bien entendu. Tu as raison, je vais continuer comme je l'entends puisqu'on se connait depuis 15 ans. -Marie-Hélène Thoraval a du mal avec le respect, on le voit encore ce soir, c'est comme ça. - C'est au nom de l'amitié, nous nous sommes toujours tutoyés, je reste nature.

 

Un conflit d'intérêt si Thomas Huriez est élu ?


Thomas Huriez est président fondateur de l'entreprise 1083. Sa candidature "cache des intérêts privés" selon Marie-Hélène Thoraval. "La question se pose pour beaucoup, surtout qu'il n'a pas pu concrétiser son projet, pour lequel la collectivité a passé beaucoup de temps pour l'accompagner. Il n'a pas eu la confiance de ses banques. Puisqu'une partie de ce projet est lié à une propriété municipale, en étant maire, Thomas se trouvera radicalement en conflit d'intérêt".

Calomnie, mensonge rétorque Thomas Huriez. "Tout est précis, très clair, dans les délibérations qui ont été votées par Marie-Hélène Thoraval et au Conseil communautaire en 2016 et 2019. Ces délibérations, elles protègent la ville, 1083 et l'Agglo. Par contre, elles ne protègent pas des menaces et des mensonges de Mme Thoraval, qui contraint les projets, qui ne sait pas écouter, qui se fâche avec tout le monde". 

 

Romans, ville meurtrie par de dramatiques évènements

Romans-sur-Isère est une commune meurtrie au sortir de la crise liée à l'épidémie du coronavirus Covid-19. En plein confinement, le 4 avril 2020, le centre-ville est le théâtre d'une attaque au couteau perpétré par un réfugié soudanais, et dont le bilan s'élève à 2 morts et 5 blessés.
 

"Je respecte les réactions, l'attitude de Marie-Hélène Thoraval face à ces épreuves" déclare Thomas Huriez, ajoutant que face à de telles difficultés, "ce n'était pas le temps de la confrontation, mais celui de l'unité".
Le candidat au changement en profite toutefois pour marquer son désaccord, concernant quelques décisions prises lors de la crise sanitaire du Covid, notamment "quand il s'agissait d'asperger la ville de javel alors que c'était déconseillé par l'OMS".

Marie-Hélène Thoraval dit avoir fait le choix de la responsabilité et réfute l'idée de la moindre prise de risque pour la santé publique . "Tout ce qui pouvait être fait, nous l'avons entrepris. Nous avons nettoyé certains trottoirs, ceux qui étaient les plus fréquentés avec un produit recommandé par l'OMS."

 

► Budget et endettement de la ville

Les deux candiats à la mairie de Romans-sur-Isère ont des points de vue diamétralement opposés en ce qui concerne les comptes de la ville. Selon Thomas Huriez, l'actuelle maire "a surendetté la ville de 11 millions de plus, en camouflant une hausse de dettes en soustrayant les aides financières de l'État".

Quel est le montant réel de la dette ? Combien doit-on rembourser aux banques ? Les deux candidats s'affrontent plusieurs minutes, à coups de chiffres, avec en toile de fond la sortie de la commune des emprunts toxiques en 2016.

14,2 millions évoque Marie-Hélène Thoraval.  68 millions, lit sur une feuille, Thomas Huriez. 53 millions net, reprend Marie-Hélène Thoraval. Thomas Huriez persiste : "les 53 millions, c'est une déduction que vous faîtes de la dette réelle, moins des aides à venir. C'est trop facile de faire ça."

 

Est-ce que Mr Huriez, cher Thomas, peut comprendre qu'il y a des règles en comptabilité publique comme il en existe en comptabilité privée. Nous remboursons nos prêts. Nous n'avons absolument aucun souci. On a été obligé de refinancer la dette suite au prêt toxique. La dette de Romans est complètement assainie puisqu'elle n'est qu'à taux fixe.

Marie-Hélène Thoraval

 

► Les commerces en centre-ville

Quelle concurrence représente le village de marques pour les commerçants installés au coeur de Romans ? La question fait débat entre les deux candidats. Pour Marie-Hélène Thoraval, les deux peuvent parfaitement cohabiter, car ce sont deux typologies commerciales qui peuvent coopérer. "Aujourd'hui, on travaille à la revitalisation commerciale. Mais au lieu de faire quelque chose de massif, et bien, on fait de la petite couture. On estime qu'entre le centre-ville médiéval et un plateau plus accessible, il faut faire au cas par cas".

Le centre-ville de Romans se paupérise, estime quant à lui Thomas Huriez.

C'est plus compliqué et c'est plus cher de stationner à Romans qu'en périphérie. On a fait fuir les clients du village de marques. On a coupé des poches de stationnement de façon arbitraire. Tout cela a tué le centre-ville. En 2014, il y avait 107 locaux vacants à Romans. En 2019, il y en a 182. Cela fait 75 boutiques qui ont fermé en l'espace de 6 ans. Il y a de moins en moins de commerces, de moins en moins de vie à Romans, et c'est dramatique alors qu'il y a un potentiel incroyable.

Thomas Huriez

 

 

► Le débat à voir ou revoir

 

 

 

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