Après la Seine-Saint-Denis, la Bourgogne, le Nord et Marseille, la commission d'enquête sur les narcotrafics se rend à Valence dans la Drôme, ce 28 mars 2024. Une ville moyenne, théâtre de violences récurrentes liées aux trafics de drogues comme il y en a de plus en plus dans le pays.
Valence n'a pas été choisie au hasard. Depuis trois ans, les habitants tentent d'interpeller sur ce qu'ils décrivent comme "un climat de guerre". Règlements de compte, trafic de stupéfiants, guerres entre quartier, et surtout fusillades récurrentes, minent le quotidien des quartiers classés politique de la Ville de Valence, principalement Fontbarlettes et le Plan.
Ce phénomène de villes moyennes touché par des phénomènes de violence d'une intensité inédite concerne de plus en plus de communes, selon la commission d'enquête du Sénat sur l'impact du narcotrafic en France.
Créée en novembre 2023, cette commission d'enquête fait étape dans la Drôme, car le département a été fortement frappé avec quatre meurtres en quelques jours à Valence en 2023.
La question centrale des prisons
Le président Jérôme Durain, sénateur socialiste et écologiste de Saône-et-Loire et le rapporteur Etienne Blanc, sénateur Les Républicains du Rhône, rencontrent des élus locaux, les forces de sécurité intérieure et les magistrats. Par ailleurs, " il semble plus que jamais essentiel de lutter contre le narcotrafic jusque dans les prisons, c'est pourquoi nous irons aussi au centre pénitentiaire de Valence" explique Jérôme Durain. La commission d'enquête est d'ores et déjà en mesure d'affirmer que des crimes peuvent être commandités depuis les prisons et qu'il existe "une corruption de basse intensité" c'est-à-dire un policier, un greffier, un docker peuvent laisser passer des produits ou faire tomber une procédure."
L'élu pointe également une "ubérisation de la violence", c'est-à-dire que des individus de plus en plus jeunes se retrouvent en possession d'armes à feu de gros calibre et perpétuent ce qui s'apparente à des "narchomicides" des meurtres liés au trafic de drogues. La commission d'enquête parlementaire, après ses premières constatations, est déjà en mesure de pointer des préoccupations quant à cette violence brute, désorganisée... qui augmente notamment le nombre de victimes collatérales.
Trop dangereux d'aller à l'école à Valence ?
À Valence, où les meurtres et les fusillades s'approchent de plus en plus près des grilles des écoles, les parents de plusieurs établissements scolaires appellent à une journée "classe blanche", le jour de la visite de cette commission d'enquête parlementaire. Autrement dit, ils ne souhaitent pas envoyer leurs enfants à l'école de peur qu'il leur arrive quelque chose car un homme a été très gravement blessé dans une fusillade sous les fenêtres d'une école primaire le 26 mars.
Ces habitants alertent depuis des années et partagent un sentiment d'incompréhension sur le "réveil tardif" des élus quant à cette question. " Des choses étaient en germes et oui, c'est vrai, plusieurs personnes alertaient déjà, reconnaît Jérôme Durain, " mais aujourd'hui tout explose dans le pays". Marseille en est un cas emblématique évidemment, mais Rennes, Dijon, Valence, Limoges ont été le théâtre de récentes fusillades, "on parle d'expansion de la zone marseillaise" explique le sénateur.
"Dans l’attente de la présentation du nouveau "plan stups", qui n’est toujours pas rendu public, et face aux doutes sur l’efficacité des opérations "place nette", la commission d’enquête tâchera de dresser un diagnostic lucide sur la situation du pays" peut-on lire sur le site du Sénat. Les élus dresseront une liste de propositions en mai 2024.