Le nombre de volatiles élevés simultanément à Peyrins pourrait passer de 29 950 à 142 800. Des chiffres qui effraient riverains et associations environnementales.
"Les nouveaux poulaillers seront implantés à côté du poulailler vert, à la place des serres en plastique qui sont en face de nous" montre le maire du village qui accueillera ce futur "super-poulailler" comme certains l'appellent à Peyrins, dans la Drôme des collines.
Deux nouveaux bâtiments doivent en effet être construits à Peyrins pour accueillir l'extension d'un élevage existant. Ces poulets doivent être produits pour alimenter la filière sud-est de la France, avec des poussins venus de Crest, à quelques kilomètres de là et des aliments produits en Rhône Alpes. L'agrandissement est porté par deux agriculteurs du village, en lien avec un géant du poulet industriel.
Le nombre de poulets multiplié par 5
Le nombre de volatiles élevés simultanément passerait alors de 29 950 à 142 800. Sur une année, plus d'un million de poulets seraient alors produits sur ce site. "La capacité de l’élevage présentera une densité moyenne de 21 poulets par m² sans accès à l’extérieur" décrit un rapport de la mission régionale d'autorité environnementale. Un projet qui suscite beaucoup d'interrogations pour les riverains mais aussi en termes d'enjeux environnementaux.
"Le problème, c'est la grosseur de l'élevage avec tous les ennuis qu'il y a autour", estime Philippe Barneron, le maire de Peyrins. "Les odeurs, l'ammoniaque... on est en zone de tension pour l'eau potable. Donc déjà qu'on ne peut pas construire plus de bâtiments et on a des poulaillers qui sont prévus à la place de 100 logements, donc ça fait beaucoup. Et puis il y a la zone Natura 2000 à proximité, et un site d'accrobranches", s'inquiète-t-il.
Vives inquiétudes
Une enquête publique environnementale a été ouverte par la préfecture de la Drôme et un commissaire enquêteur indépendant désigné par le tribunal administratif de Grenoble. Pour se faire une opinion, le commissaire enquêteur a organisé une réunion publique entre les porteurs du projet, et ses détracteurs. Bernard Pipon, du Collectif citoyen, santé, environnement Peyrins prend la parole : "il y a tout ce qui est risques de pollution de l'eau, du sol, de l'air. Les ammoniaque qui peuvent perturber les gens qui sont fragiles des poumons. Plus toutes les contraintes des nuisances sonores, olfactives et tout ce qu'on peut imaginer à côté."
Les deux agriculteurs porteurs du projet n'ont pas pris la parole. Tour à tour une éleveuse, un membre de la chambre de l'agriculture ou encore un représentant du groupe de volailles industrielles ont expliqué et défendu le projet. "C'est un projet qui est réfléchi depuis 2 ans, 2 ans et demi", précise l'un d'eux. Thierry Mommée, élu au bureau de la chambre d'agriculture de la Drôme ajoute : "Il n'y a pas de risque dans le sens où tout est contrôlé et verrouillé. On a la chance d'avoir en France les services de l'Etat qui puissent suivre tous ces élevages, tout simplement" estime l'enquêteur public.
Les gens ne savent pas coment ça se passe dans un poulailler. Et c'est normal parce que nos poulaillers sont fermés, ils ne vont pas tous les jours dedans. Et puis c'est vrai que globalement les éleveurs on n'a pas assez communiqué sur l'évolution de l'élevage depuis 40 ans, alors je comprends les inquiétudes.
Hélène Bombart, éleveuse de poulets depuis 22 ans
Dans un avis rendu en septembre 2023, la mission régionale d'autorité environnementale affirme que "le bilan carbone du projet doit être complété pour prendre en compte l’ensemble du projet, depuis
la production des aliments jusqu’à la distribution des poulets abattus".
L'enquête publique prendra fin le 16 mars 2024. Le commissaire enquêteur rendra alors un avis, mais c'est le préfet de la Drôme qui aura le dernier mot.