Aujourd’hui 28 mai, c’est la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Des collectes de serviettes hygiéniques et de tampons sont organisées dans les centres Leclerc un peu partout en France. La précarité menstruelle reste un sujet encore tabou.
Le sujet de la précarité menstruelle touche près de deux millions de femmes en France. Ces produits d’hygiène intime sont chers et ne sont pas à la portée de toutes les femmes. Depuis 2015, l’association nationale Règles Elémentaires organise et aide toutes opérations de collecte de ces produits d’hygiène intime afin de les redistribuer gratuitement aux femmes. Par ce moyen, l’association tente de diminuer ce fléau que l’on appelle la précarité menstruelle qui est «l’incapacité pour des raisons financières d’avoir accès à des produits d’hygiène intime».
Car durant les règles, ces femmes précaires se retrouvent isolées chez elles. Certaines ne vont pas au travail et/ou ne suivent plus leurs cours si elles sont étudiantes. D’autres utilisent du papier journal ou des bouts de tissus comme palliatif en prenant le risque d’avoir des problèmes de santé comme des infections, des démangeaisons. Un tampon resté trop longtemps dans le corps d’une femme peut entrainer un choc toxique. La précarité menstruelle est une discrimination de genre qui touche à la dignité de la femme.
Une prise de conscience qui démarre tout juste
Le problème de la précarité menstruelle est un problème qui a toujours existé à travers le temps. Ce n’est que depuis quelques années seulement que la société en parle. «Les collectes, c’est tout nouveau, ça avance, mais ce n’est pas encore gagné » explique Henri Pais, le représentant régional Auvergne- Rhône-Alpes de l’Association Règles Elémentaires.
Ce n’est que depuis 3 ans seulement, en France, que la T.V.A sur les produits d’hygiène intime est passée de 20%, considéré alors comme un produit de luxe, à 5,5 % relevant ainsi du produit de première nécessité. Le budget relatif à la menstruation a pour la première fois été évalué à 8 000 euros pour une femme et pour une vie, c’est la fourchette basse. 20 000 euros si l’on considère le coût des antidouleurs, des jours d’absence de travail etc… Un budget qui est loin d’être négligeable.
Enfin, d’après une étude menée conjointement entre l’association Règles Elémentaires et Opinion Way, une femme sur cinq en France a déjà vécu une situation de précarité menstruelle.
Il faut monter en puissance, si l’on veut faire disparaitre la précarité menstruelle eu égard au nombre bien plus important de femmes qui sont dans la précarité aujourd’hui
Des collectes qui s’organisent
Un peu partout en France, depuis 3/4 ans, des collectes de produits d’hygiène intime se mettent en place de manière spontanée et plus ou moins pérenne dans le temps. Collectivités territoriales, entreprises, associations, établissements scolaires organisent chacun à sa manière et avec l'aide de Règles Elémentaires leur opération de collecte. Les produits collectés sont les serviettes hygiéniques, les tampons, les protège-slips, les serviettes lavables, les coupes menstruelles et les culottes menstruelles neuves. Les produits comme le gel antibactérien et les lingettes font aussi partie des produits recherchés.
La ville de Lyon organise depuis 4 ans des collectes. Récemment, c'est la Métropole de Lyon qui lui emboite le pas. Elle vient d' organiser durant deux mois une grande collecte de dons. Cette campagne s’est échelonnée du 08 mars 2021, journée Internationale des droits des femmes à aujourd'hui, ce vendredi 28 mai, journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Elle a permis de récupérer plus de 40 000 produits sur les 41 points de collecte répartis sur le Grand Lyon. Selon Nicolas Perez du service presse de la Métropole de Lyon, cette première édition est une réussite «La précarité menstruelle reste un sujet tabou dans notre société. Nous voulions à travers cette action remettre cette problématique au cœur des discussions et essayer de résorber un tant soit peu cette question ».
Durant ces deux jours, les 28 et 29 mai, une campagne nationale est organisée par l’association Règles Elémentaires avec l'aide des Banques alimentaires. Elle a lieu dans les magasins Leclerc. En Drôme, ce sont les magasins de Valence, Montélimar et Bourg-les-Valence qui sont concernés.
La CAF et la CARSAT du Rhône viennent d'organiser une collecte. 3500 produits ont été récoltés et reversés au camion du coeur, une des actions des Resto du Coeur. Jusqu'au 22 juin, une collecte est organisée au lycée Jules Froment d'Aubenas en Ardèche.
Une aide précieuse pour les femmes
L’association Règles Elémentaires reverse les dons aux différentes associations humanitaires comme le Foyer Notre-Dame des sans-abris, les Restos du cœur, Habitat et Humanisme, le Secours populaire etc... Sans oublier les associations étudiantes.
Cécile Taillandier est chargée de mission sociale chez Habitat et Humanisme à Vénissieux dans le Rhône. Elle s’occupe de la réinsertion de trois femmes précaires. En tant que jeune femme de 30 ans, elle aborde plus facilement le sujet de la précarité menstruelle avec elles.
C’est un sujet tabou en France. Elles ont honte de dire qu’elles ne peuvent pas se payer des tampons ou des serviettes hygiéniques. Ça coûte cher et ce n’est pas une priorité pour elles. Mais moi, je leur en parle avec bienveillance et réserve, c’est peut-être plus simple pour moi qui suis une femme, mais je leur dis que c’est le lot de toutes les femmes et qu’il ne faut pas en avoir honte. Il faut, là aussi sur cette question, libérer la parole…
Effacer la précarité menstruelle en 2021 relève du sens commun et requiert une volonté politique forte. Le ministère des solidarités et de la santé vient d'annoncer ce vendredi 28 mai le déblocage de cinq millions d'euros de fonds pour amplifier toutes les actions qui luttent contre cette précarité menstruelle. En attendant que de nouvelles subventions arrivent, l'urgence pour l'antenne régionale Règles Elémentaires basée à Lyon est de trouver de nouveaux locaux de stockage pour ces produits d'hygiène intime.