Le 4 avril 2020, un demandeur d'asile soudanais poignardait plusieurs personnes en plein centre-ville de Romans/Isère, dans la Drôme. Deux ans, presque jour pour jour après les faits, une reconstitution de cette sanglante attaque au couteau est organisée ce mardi 12 avril, à partir de 8h30.

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Tôt ce matin, Abdallah Ahmed Osman, demandeur d'asile soudanais, a été extrait de sa cellule de la prison de la Santé pour participer à une reconstitution judiciaire à Romans-sur-Isère. Deux personnes ont été tuées lors de cette attaque au couteau du 4 avril 2020, et cinq personnes blessées, dont trois grièvement. Le suspect avait été mis en examen pour "assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste".

Périmètre bouclé dans le centre historique

Demandées par les juges antiterroristes parisiens en charge de l'affaire, cette reconstitution judiciaire doit avoir lieu ce mardi 12 avril, entre la place Ernest Gailly et la Côte Jacquemart. C'est dans cette rue du centre historique de Romans/Isère, à proximité de la place Gailly, que se trouvait le domicile du mis en cause. La reconstitution de son périple sanglant doit démarrer dans cette rue ce mardi matin.

 

 

Sur la place désertée, non loin de la Tour Jacquemart, les forces de police ont pris place tôt dans la matinée. Le mis en cause se trouvait dans le fourgon blanc de l'administration pénitentiaire. Doudoune grise et pantalon noir, il a été escorté jusqu'à son domicile au 30 de la côte Jacquemart où il a débuté son sanglant périple.

 

 

Pour les besoins de cette reconstitution, un large périmètre a été mis en place dans ce secteur de la cité drômoise. D'importantes forces de police sont mobilisées dans le cadre de cette reconstitution. Le centre-ville a été bouclé à partir de 8 heures ce mercredi matin. Il doit rester inaccessible jusqu'à 22 heures. Les commerces sont fermés.

Nouvelle épreuve pour les parties civiles

Le trentenaire a été mis en examen pour avoir tué Thierry Nivon et Julien Vinson, et pour avoir blessé grièvement cinq autres personnes, poignardées au hasard de son parcours entre la place Ernest Gailly et le boulevard Marx Dormoy, en plein centre-ville de Romans. Deux ans après, ce trentenaire doit donc reproduire les faits et gestes de ce matin du 4 avril 2020. Un parcours sanglant en plein confinement.

Il était environ 11 heures le jour du drame lorsque le réfugié soudanais a attaqué un buraliste de la place Ernest Gailly. Sa femme s'est interposée. Le couple de buraliste agressé a changé de région depuis le drame. Le bureau de tabac a été racheté en octobre 2020 peu après l’attaque. 

 

Un peu plus loin, c'est dans une boucherie qu'il fait irruption. Il veut remplacer son couteau brisé dans le bureau de tabac. L'agresseur s'empare alors d'un coutelas et poignarde un client. Thierry Nivon, 55 ans, est mortellement touché.

 

Ensuite, au hasard de son périple, l'assaillant poignarde plusieurs passants. Une funeste rencontre pour Julien Vinson qui reçoit 22 coups de couteaux. Ce dernier rend l'âme. Son fils n'est pas loin.

Les juges antiterroristes ont prévu ce mardi de retracer ce périple sanglant d'Abdallah Ahmed Osman. Si cet acte judiciaire est indispensable, il n'en reste pas moins une épreuve pour les parties civiles et les victimes. 

"Il est évident que ça réactive leur souffrance, ça réactive leur volonté de tourner cette page de leur vie à cet instant-là. Il va falloir se confronter, à la fois à la scène des faits et à l'auteur des faits. C'est une situation très difficile pour eux mais ils le font avec courage et avec sérieux. Ils souhaitent concourir à la manifestation de la vérité", a expliqué ce matin Me Guillaume Fort, avocat des parties civiles.

 

Les victimes espèrent que cette journée de reconstitution permettra de réveiller la mémoire défaillante d'Abdallah Ahmed Osman. Pour cette journée éprouvante de reconstitution, un dispositif d'accompagnement psychologique, avec sophrologue et psychologue, a été mis en place par l'association d'aide aux victimes Remaid

Le traumatisme des "survivants"

Me Fort a évoqué le traumatisme des victimes qui ont assisté aux événements. "Mme Breyton a fait preuve d'un grand courage pour revenir sur le lieu de son traumatisme, pour la manifestation de la vérité, de la justice", a expliqué Me Guillaume Fort. Mme Breyton n'est jamais revenue dans sa boucherie sur les lieux des faits. 

A l'occasion de cette reconstitution des faits, il lui a été demandé de donner sa version. Mais Il n'y a pas eu de confrontation avec Abdallah Ahmed Osman. Une décision prise en accord avec les praticiens de la cellule d'accompagnement et avec le magistrat instructeur, "pour ne pas réactiver son traumatisme", mais "elle était prête à lui faire face", selon l'avocat.

Mme Breyton n'était jamais revenue dans sa boucherie. Elle a vu l'ensemble de la scène, le moment où la victime a été poignardée, elle lui a porté secours, elle aurait pu s'enfuir, elle ne l'a pas fait. Pour elle c'est un traumatisme extrêmement important.

Me Guillaume Fort

avocat des parties civiles

De son côté, Me Dimitri Grémont, l’avocat parisien d' Abdallah Ahmed Osman, a indiqué que son client "collabore complètement" à l'occasion de cette journée de reconstitution : "il fait tout ce qu’il peut - dans la mesure de ses moyens et de ses souvenirs. Il n’a plus de souvenirs des événements. Il suit les indications du magistrat instructeur et ce qui lui est rapporté". A savoir, les dires des personnes ayant assisté aux événements ou les ayant vécus comme ceux de Mme Breyton.

Absence de souvenirs 

Selon Me Dimitri Grémont, son client qui comprend le français mais le parle peu, "n’a plus que quelques images ou quelques sons" de cette tragique matinée. Pas de "déroulé précis des événements". Et il ajoute : "pour l’heure, les choses ne remontent pas. C’est un des enjeux de la journée : voir ce qui peut lui revenir ou pas. Mais pour le moment ce n’est pas très probant".

Comment expliquer cette amnésie ? "Il était dans un épisode psychotique particulier. Une forme de transe. C’est tout à fait cohérent avec son état psychologique du moment", assure l'avocat du mis en cause.  Le premier rapport d’expertise évoque un état psychotique. "Pour le moment il est établi qu’il y a altération du discernement", poursuit l’avocat.

Depuis le début, il regrette ce qui s'est passé, il le vit mal. Il cherche dans la mesure de ses moyens à faire ce qu'il peut pour collaborer, pour aider.

Me Dimitri Grémont

avocat du mis en cause

Me Grémont l'assure au sujet de son client : "Il a toujours dit et il maintient aujourd'hui qu'il n'était pas radicalisé, qu'il était heureux de vivre en France. Il regrette ce qu'il a fait". Un sentiment qui explique selon l'avocat la collaboration de son client avec la justice.

Pour l'avocat des parties civiles, Me Fort, "on est dans une stratégie de défense". 

Attaque au couteau, Romans/Isère meurtrie

Le 4 avril dernier, deux ans jour pour jour après cet acte sanglant, la ville de Romans/Isère a rendu hommage aux victimes de l'attentat.

 

 

Sur la place du Champ-de-Mars, plusieurs centaines de personnes, élus, familles des victimes, habitants et anonymes s’étaient rassemblées pour se recueillir. L'attaque au couteau a coûté la vie à Thierry Nivon et Julien Vinson. Elle a également fait cinq blessés. 

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Le 4 avril 2020, un demandeur d'asile soudanais poignardait plusieurs personnes en plein centre-ville de Romans/Isère, dans la Drôme. Une reconstitution de cette sanglante attaque au couteau a été organisée ce mardi 12 avril. ©FTV

 

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Le 4 avril 2020, un demandeur d'asile soudanais poignardait plusieurs personnes en plein centre-ville de Romans/Isère, dans la Drôme. Une reconstitution de cette sanglante attaque au couteau a été organisée ce mardi 12 avril. ©FTV
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