"Ce procès n'apaisera pas ma colère" : témoignage de l'époux d'une victime du présumé "tueur de DRH"

Dans moins de deux semaines s'ouvrira le procès de Gabriel Fortin devant les assises de la Drôme. Fin janvier 2021, Patricia Pasquion a été tuée sur son lieu de travail. Elle était responsable d'équipe de Pôle Emploi, à Valence. Jean-Luc Pasquion, son époux, a accepté de témoigner.

Renvoyé devant la cour d’assises de la Drôme pour trois assassinats et une tentative, Gabriel Fortin, ex-ingénieur devenu chômeur de longue durée, comparaît à partir du mardi 13 juin 2023 à Valence. L'une de ses victimes présumées est Patricia Pasquion, 54 ans, abattue sur son lieu de travail. Elle était cheffe d'équipe de Pôle emploi, à Valence. Son époux Jean-Luc Pasquion, qui se prépare au procès et à la confrontation avec Gabriel Fortin, affirme être "prêt" et solide. "Je me prépare de longue date", assure-t-il. "Les nuits sont courtes, ça mouline pas mal dans la cafetière… On fait avec ! Pendant le procès, je vais être sous pression". Pour Jean-Luc Pasquion, pas question pour autant de rater une minute des audiences.

"Pour moi, c'est un lâche"

La proximité du procès l'a poussé à sortir du silence. Presque deux ans et demi après la mort tragique de son épouse, Jean-Luc Pasquion n'entend masquer ni sa colère, ni sa douleur. Un chagrin toujours aussi vif aujourd'hui.

"Gabriel Fortin a tué ma moitié. Trente-quatre ans de vie commune. On allait fêter nos 30 ans de mariage en juillet. Je ne peux pas accepter ça, ce n'est pas possible. Pour moi, c'est irréparable. Il est impardonnable", explique-t-il. Au-delà du deuil, c'est une colère froide qui s'exprime à travers des propos assumés. Une colère teintée d'indignation et de ressentiment. Le père de famille qui a pensé à se venger à son tour. Il avoue avoir souhaité la mort de Gabriel Fortin. 

Pour Jean-Luc Pasquion, ce drame va au-delà de son cercle familial. "À Pôle Emploi, il y a des personnes qui ne sont jamais retournées au travail. Il a meurtri des familles entières". Le veuf demande à l'institution judiciaire de prendre ses responsabilités à présent. 

"Je n'attends rien"

"Il viendra !", Jean-Luc Pasquion est certain que Gabriel Fortin assistera à son procès. Mais l'accusé s'est muré dans le silence depuis son interpellation le 28 janvier 2021. Mutique en garde à vue, devant le juge instructeur ou encore lors des reconstitutions judiciaires, Gabriel Fortin retrouvera-t-il la parole lors de son procès ? La question reste posée.

Les audiences vont se dérouler jusqu'à la fin juin. Jean-Luc Pasquion affirme qu'il n'attend rien de l'accusé. "Je ne veux pas d'explications, je n'attends rien de la justice. Je suis à moitié mort. J'ai un pied dans la tombe. Qu'il parle ou pas, ça ne m'intéresse pas. En revanche, je veux qu'il m'entende. Je veux lui dire ce que je ressens. Il faut que ça sorte ! Il y aura des mots forts," prévient le veuf, d'une voix déterminée. Il n'en dira pas davantage, préférant réserver ses paroles à Fortin. 

Ce procès n'apaisera pas ma colère. Pendant le procès, je vais être sous pression.

Jean-Luc Pasquion

Pourquoi cette employée de Pôle Emploi a-t-elle perdu la vie ? Si son époux ne l'explique pas vraiment, les actes de Gabriel Fortin étaient cependant prémédités, selon lui. "Ce qu'il a fait, tout était prévu depuis 2013. Il avait un parcours à faire. Il était serein et déterminé" explique Jean-Luc Pasquion. Le mis en cause est accusé d'avoir tué trois femmes. "Il ne leur a laissé aucune chance", selon Jean-Luc Pasquion.

Quel verdict attend l'époux endeuillé ? Une peine exemplaire. "Je demande à la justice, la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine incompressible. Ce n'est pas possible, on ne peut pas laisser un gars comme ça dans la nature," indique ce dernier.  

Rappel des faits 

Gabriel Fortin est un ancien ingénieur âgé de 47 ans. Il est soupçonné d'avoir tué Estelle Luce, le 26 janvier 2021. Cette responsable des ressources humaines a été retrouvée sans vie dans sa voiture. Elle a été abattue sur le parking d'une entreprise de Wolfgantzen, dans le Haut-Rhin. Le même soir, quelques kilomètres plus loin, à Wattwiller, Gabriel Fortin est également soupçonné d'être impliqué dans une tentative d'homicide. Il s'est rendu au domicile d'un ancien responsable des ressources humaines. Ce dernier l'avait aussi licencié. L'arme dissimulée sous un carton de pizza s'est enrayée. Fortin a alors pris la fuite en direction du sud. 

Deux jours plus tard, le 28 janvier 2021, Gabriel Fortin tire sur Patricia Pasquion, conseillère Pôle Emploi de Valence. Si le demandeur d'emploi avait bien été inscrit dans cette agence, l'enquête a déterminé que la responsable d'équipe n'était pas visée personnellement.  

Le même jour, Géraldine Caclin, responsable des ressources humaines, est aussi assassinée sur son lieu de travail, à Guilherand-Granges, en Ardèche. Gabriel Fortin avait été embauché comme ingénieur par cette société en 2008, puis licencié en 2010. Le mis en cause a été interpellé quelques heures plus tard sur un pont entre la Drôme et l'Ardèche. 

À l'issue de l'information judiciaire, Gabriel Fortin a été mis en accusation en juillet 2022. Il comparaîtra devant la cour d'assises de la Drôme pour "assassinats' et "tentative d'assassinat". Le procès se tiendra du 13 au 30 juin. 

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