"Clergerie ne sera plus jamais Clergerie" : l'Américain Titan Footwear rachète l'emblématique chausseur drômois

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Soixante-quinze employés laissés sur le carreau, une production en partie délocalisée, l'aventure drômoise de Clergerie prend un terrible coup de massue. En difficulté financière, le chausseur de luxe est racheté par l'entreprise californienne Titan Footwear.

Accrochée à son téléphone, Valérie Treffé-Chavant attend inquiète le coup de fil fatidique. En milieu d'après-midi de ce jeudi 29 juin 2023, le couperet tombe. "Voilà, c'est Titant", glisse la déléguée syndicale CFE-CGC, en raccrochant, la mine soucieuse et les lèvres pincées.

75 salariés laissés

Son employeur, l'emblématique chausseur Clergerie va être repris par la société américaine Titan Footwear. Le groupe californien était le seul à avoir déposé une offre de reprise auprès du tribunal de commerce de Paris, pour racheter Clergerie, l'entreprise de Romans-sur-Isère en redressement judiciaire depuis fin mars. 

L'entreprise américaine doit reprendre 45% des effectifs de Clergerie, soit 59 des 134 employés, durant deux ans. "On ne peut pas se réjouir de perdre autant de collègues. Toutes les personnes qui vont rester vont être amputées d'un membre de la famille", réagit Valérie Treffé-Chavant. "Clergerie ne sera plus jamais Clergerie c'est sûr !", glisse une collègue fortement émue par la nouvelle.

De 1500 à 500 paires drômoises

Le repreneur compte aussi délocaliser une partie de la production. Une terrible rupture avec l'histoire de la maison. L'entreprise de la chaussure en cuir haut de gamme avait été fondée par Robert Clergerie en 1981. Malgré les rachats, elle n'avait jamais quitté sa ville de création, Romans-sur-Isère, et à son apogée, la marque exportait jusqu'à Hollywood.

On sait pertinemment que l'on va baisser notre production Made in France. Au lieu de 1500 paires, on fera 500 paires par semaine. On espère un avenir meilleur, avec une augmentation de la production française, mais nous craignons le départ de tout notre savoir-faire.

Valérie Treffé-Chavant, déléguée syndicale CFE-CGC Clergerie

"J'ai travaillé 42 ans pour cette marque"

La boutique, située à Romans, ne fait pas partie de l'offre de reprise de Titan Footwear. Alors avant sa fermeture, des clients viennent faire leurs derniers achats. "En descendant dans le Midi, quand j'étais enfant, mes parents achetaient des chaussures en passant par Romans, se souvient nostalgique, une des clientes. J'ai continué à venir, ils ont des modèles très beaux. J'ai une fille qui vient aussi parce qu'elle fait du 42 et c'était un des seuls marchands qui vendait des chaussures avec un style épatant à sa taille." 

Cette fermeture définitive laisse amère la gérante. "Depuis trois mois, on a eu énormément de clients qui sont venus faire le plein, raconte Sylvie Bret. Je suis très déçue, j'ai travaillé 42 ans pour cette marque, que j'ai aimé passionnément." Mais, derrière la colère, la commerçante cache difficilement son émotion : "je suis très malheureuse, c'est une journée très difficile".

La fin d'une ère à Romans-sur-Isère. Pendant trente ans, un des derniers chausseurs de luxe made-in-France a fait les beaux jours de la petite ville drômoise et sa réputation à l'internationale. Reste à savoir ce qu'il restera de sa production, après les deux ans de maintien de l'emploi de 59 salariés, annoncé par le repreneur. 

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