Les annonces d'Edouard Philippe de samedi soir ont fait l'effet d'une "bombe" chez les restaurateurs. "On en parlait souvent entre professionnels, mais on ne pensait pas que ça se passerait aussi vite". Une restauratrice de Valence témoigne "On est un peu sonnés, on ne réalise pas trop."
Cette restauratrice de Valence dans la Drôme, n'en revient pas même si elle pensait que ça allait arriver : "quand le président a pris la parole il y a quelques jours, on s'en doutait un peu, mais plutôt dans les semaines à venir, après les municipales, pour être francs.""On supposait bien que ça allait arriver, mais pas si vite !"
Dès 20 heures samedi soir à l'annonce des nouvelles mesures par le premier ministre, la nouvelle se répand. Dans les bars et autres établissments de nuit, on prend la mesure de ces fermetures à compter de minuit le jour même.
Si l’ambiance ne retombe pas pour autant, l’inquiétude domine chez les patrons de la restauration. «On se rend compte du problème, tout devient un peu plus réel, continue la restauratrice valentinoise. Jusqu’à ce soir, on n’était pas dedans. »
La plupart des responsables d’établissement se disent pris de court. «C’est vrai, on n’a pas pris les choses au sérieux, donc on a laissé les gens s’installer en nombre aux terrasses. On s’était dit que non, il fallait éviter et on a laisser faire», avoue un patron de bar des quais de Saône, haut lieu des fins de semaines dans la métropole lyonnaise.
La prise de conscience est désormais dans tous les esprits
Pris par le temps, la plupart des clients font comme si ce rien n’était. Minuit est dans deux heures, ils espèrent profiter de cette dernière soirée festive. Pourtant, évoquent certains habitués interrogés, il y a moins de monde que la veille. Une preuvre que les gens ont entendu et écouté le message du premier ministre ? Peut-être.
Musique pour danser, ambiance sonore comme à l’accoutumée, on se déhanche entre les tables. Mais la prise de conscience est là. "Je pense que le gouvernement a bien fait de prendre cette décision, mais pourquoi cela n’a-t-il pas été annoncé dès jeudi", s’interroge une jeune femme d’une vingtaine d’années, habituée à sortir le weekend. Une voisine de table fait remarquer que in fine l’isolement social est peut-être nécessaire vu le contexte sanitaire. «En fait, on n'a pas assez écouté les messages de précaution. On était trop amassés dans les lieux publics et les cafés. Il fallait des mesures de clarté» réplique un ami.
A minuit, pas une minute de plus, les patrons ont mis tout ce beau monde dehors avec injonction souriante de se disperser. Dix minutes plus tard, en tous les cas très en avance sur le timing normal, les employés ont sorti les balais et les serpillères et ont commencé à nettoyer. La dernière de ce mois de mars assurément. Et puis le rideau est tombé.