Drôme - A l’hôpital de Valence, les syndicats dénoncent une situation à risque après un décès en zone Covid

Que s’est-il passé aux urgences de l’hôpital de Valence, vendredi 2 octobre ? Un patient, arrivé à 5 heures du matin et qui présentait des douleurs au ventre -pouvant être assimilées à des symptômes de la Covid19- est décédé, seul, dans le secteur réservé à cette épidémie.

D’après le syndicat CGT, une infirmière aurait prescrit des soins à cet homme avant de devoir rejoindre l’autre partie des urgences de l’hôpital, dédiée aux autres pathologies que la Covid-19. Une enquête est ouverte par la direction pour déterminer les circonstances et la cause effective de la mort du patient. Selon Karim Chkeri, secrétaire CGT, l’infirmière a bien suivi le protocole. «Ce jour-là, il n’y avait que trois infirmières au total. Deux d’entre elles ont été accaparées par deux déchoquages, et l’accueil des autres patients, laissant leur troisième collègue seule. Elle a apparemment prescrit des soins au patient avant de repartir vers les autres urgences, où l’attendaient 11 autres patients ». 

La CGT estime avoir averti la direction de la dangerosité de l’organisation. «On leur a dit que si des situations graves devaient se présenter, on allait avoir des morts ! Il y a eu des alertes : ces derniers temps, pas moins de 21 événements indésirables signalés par le personnel, et la direction n’a pas bougé ».
Pour ce syndicaliste, le manque de personnel est en cause. Une réunion a été organisée, dès lundi, avec la direction. Les syndicats en ont profité pour expliquer à leur direction quels secteurs devaient être renforcés par la présence d’infirmières et d’aides-soignants. «Dans le cas du malade de vendredi, la présence d’une aide-soignante aurait pu éviter que cet homme ne se retrouve seul.» Au passage, le syndicat dénonce aussi des problèmes techniques, et l’absence d’une prise d’alerte directe pour contacter un médecin, autrement qu’en lui téléphonant. 

De son côté, le représentant du syndicat Sud Yohann Pannetier, dénonce la complexité de l’organisation de l’hôpital. «Certes, on n‘arrête pas de se battre avec la direction pour que le secteur Covid bénéficie de personnels à demeure. La problématique de la zone Covid, c’est son éloignement. Vous pouvez vraiment appeler au secours, personne ne vous entend. On avait déjà rencontré ce souci lors de la première vague de l’épidémie. Dès le premier soir, une infirmière s’est retrouvée seule en zone Covid avec un patient en arrêt cardiaque. A l’époque, on avait fait intervenir un inspecteur du travail, qui est venu interroger tous les personnels. Son rapport confirme qu’il est nécessaire de rajouter du personnel» explique le syndicaliste, qui regrette que la direction n’en ait pas tenu compte. 

Le syndicat dénonce aussi le trop grand nombre de services dont le personnel est en charge en même temps : urgences, zone covid, hospitalisations à court terme (uhcd), boxe de contention, et chambres sécurisées pour la pénitentiaire. «Clairement, ce n’est pas possible. Donc on demande un binôme en renfort qui puisse naviguer entre les différentes zones, sans que cela impacte les tâches des autres collègues.»
 

On n’arrête pas de nous alerter sur le fait que la deuxième vague va arriver. Donc il faut anticiper.


De son côté, la direction a signalé à nos confrères de France Bleu que les «urgences Covid étaient peu nombreuses en ce moment, et que des personnels supplémentaires n’étaient donc pas forcément nécessaires.» Un argument qui surprend la CGT : «On n’arrête pas de nous alerter sur le fait que la deuxième vague va arriver. Il y a tout de même à nouveau des hospitalisations Covid, que la direction ne peut pas nier. Donc il faut anticiper. Un secteur Covid a été mis en place, et donc il faut l’accompagner de moyens.»

La direction de l’hôpital – qui n’a pas donné suite à notre demande d’explications ce matin - doit répondre aujourd’hui aux syndicats. Dans le cas contraire, un CHST extraordinaire serait déclenché rapidement. 
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