Au moins une vingtaine d'hôpitaux français, dont six dans les Pays de la Loire, ont déclenché un plan blanc. Leurs services d'urgences sont submergés par un afflux de patients atteints de grippe. Mais pour les syndicats, c'est surtout la conséquence d'un manque de moyens.
C'est une information qui sonne comme un mauvais refrain.
Après le CHU de Nantes puis les hôpitaux de Cholet et Laval, c'est au tour de celui de Saint-Nazaire de déclencher un plan blanc. Un premier de niveau 1 avait déjà été mis en place le 2 janvier, cette fois, il est de niveau 2. L'annonce a été faite dans la soirée du mardi 7 janvier.
Ce dispositif dit "de crise" permet aux centres hospitaliers de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d’afflux massif de patients ou de victimes.
Dans l'histoire récente, il avait notamment été déclenché le 13 mars 2020 dans tous les hôpitaux de France pour faire face à la pandémie de Covid-19.
Ce n’est pas seulement lors d’épidémies que l’hôpital souffre
Gaël Leturqueagent hospitalier et délégué Force ouvrière à l'hôpital de Saint-Nazaire
À ce jour, selon le décompte de nos confrères de l'AFP, une vingtaine d'établissements hospitaliers, dont six dans les Pays de la Loire y auraient recours. Cela pour être en capacité d'accueillir l'afflux de malades aux urgences, dans un contexte d'épidémies saisonnières.
"Mais ce n'est pas un problème de grippe", s'insurge Gaël Leturque agent hospitalier et délégué Force ouvrière (FO) à l'hôpital de Saint-Nazaire. Une opinion partagée par Maxime Lebigot, trésorier FO du Centre hospitalier de Laval.
"Ça nous inquiète d'être obligé de déclencher des plans blancs alors qu'on fait face à des épidémies saisonnières courantes et prévisibles en hivers", alerte Maxime Lebigot. Dans un souffle, témoignant de sa lassitude face à la situation, il déplore, "on n'arrive plus à gérer un flux quasi-normal."
Carence d'effectif et manque de lits
De son côté, Caroline Brémaud, médecin urgentiste à Laval, regrette le système de santé dans lequel elle évoluait en tant qu'interne dix ans auparavant. "En période hivernale, pour faire face à ces épidémies, on ouvrait un service dédié", relève-t-elle.
Un souvenir qui appartient désormais à une autre époque. "Aujourd'hui, on ne peut plus faire ça parce qu'on n'en a ni les moyens humains ni les moyens matériels", se désole la docteure.
Pour Caroline Brémaud, cette multiplication des "plans blancs" est le symptôme d'un hôpital malade en France. "Chaque année, notre système de santé se dilate plus que la précédente. Et ce n'est pas parce que les gens sont plus malades qu'avant. C'est parce qu'on a de moins en moins d'effectifs et de lits pour accueillir les patients", détaille-t-elle.
La situation sanitaire n'est pas exceptionnelle, c'est la solution trouvée qui l'est
Caroline Brémaudmédecin urgentiste à Laval
L'urgentiste prend ainsi l'exemple de ce qu'elle connaît, la situation en Mayenne : "à cause de ce manque de moyens, on se retrouve souvent qu'avec un seul service d'urgence de nuit dans le département, puis on n'a plus qu'une seule structure mobile d'urgence et de réanimation au lieu de trois."
Des conséquences similaires sont observées au centre hospitalier de Saint-Nazaire. "Donc, ce sont les conditions dans lesquelles les patients sont pris en charge et les conditions de travail du personnel qui sont dégradées", ajoute pour sa part Gaël Leturque.
La direction a fait le choix d’installer des patients dans une salle de réunion, faute de places dans un service d’hospitalisation
Gaël Leturqueagent hospitalier et délégué Force ouvrière (FO) à l'hôpital de Saint-Nazaire
Selon les informations du syndicaliste, des patients sont restés pendant 72 heures sur un brancard, sans intimité, dans le service d'urgence nazairien en janvier. "La faute à des choix politiques amenant les services d'urgences à devenir un service d’hospitalisation sans moyens", fixe-t-il.
Des problèmes qui mettent tous les hôpitaux de France à bout de souffle. "Le problème majoritaire, c'est le manque de lits d'hospitalisation, comme toujours", confirme Agnès Ricard-Hibon, porte-parole du syndicat Samu-Urgences de France (SUDF), à l'APF.
Elle annonce par ailleurs lancer une enquête pour quantifier le phénomène.
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