Frédéric et Edmund marchent ensemble depuis le 1er octobre. Partis de Marseille, ils comptent bien rejoindre Paris, à pied, en 47 jours. Leur défi : ramasser tout le long de leur route, un nouveau type de déchet. Des centaines de masques chirurgicaux, jetés dans la nature.
Nous les avons croisés à Valence, dans la Drôme, le 13 octobre 2020. L'escargot anglais et le sanglier marseillais comme ils se surnomment, y faisaient étape. Une étape de leur long périple entre Marseille et Paris, réalisé à pied, dans le but de ramasser ce nouveau type de déchet que l'on retrouve désormais dans la nature : les masques anti-Covid.
Sensibiliser, expliquer ce qui relève du bon sens
Edmund Platt et Frédéric Munsch sont partis de Marseille le 1er octobre. Leur idée : suivre la ligne de TGV qui les emmènera 880 kms plus loin, à Paris. Les deux hommes ne sont pas dans le train, mais à pied. Objectif fixé : une étape d'une vingtaine de kilomètres chaque jour, au cours de laquelle ils récoltent à l'aide d'une pince télescopique ou d'une simple branche d'arbre, des masques par dizaines, voire par centaines.Selon qu'ils se retrouvent dans une zone urbaine ou un peu plus à l'écart d'une grande agglomération, le duo "ramasse de 60 à 80 masques par jour. Cela dépend de la fréquentation de la route. Mais entre Cavaillon et Avignon, le chiffre est monté à plus de 250. C'est scandaleux", s'insurge Frédéric Munsch. En l'espace de 15 jours, les deux compères ont ramassé 1472 masques, qu'ils ont ensuite placés dans un sac soigneusement fermé, avant de les mettre à la poubelle.
Le marcheur engagé pour la défense de l'environnement poursuit sur le même tempo : "depuis le Covid, on nous parle du monde d'avant et du monde d'après. Là, on s'aperçoit que dans le monde d'après, il y a de nouveaux déchets. Ce sont les masques chirurgicaux, jetés dans la nature, alors qu'ils sont composés de plastique. Le souci, c'est que le masque est considéré comme un mouchoir alors qu'en fait, c'est un déchet dangereux".
On porte des masques pour se protéger du virus. Les jeter dans la nature, c'est contribuer à sa propagation.
Les masques, source de pollution
Jeter son masque dans la rue ou dans la nature, c'est une vraie pollution. Un vrai désastre écologique, selon certains.
Selon le journal de l'Organisation des Nations-Unies du 29 juillet 2020, 75% des masques jetables risquent de se retrouver dans des décharges ou dans les mers, et donc constituer un risque de sur-pollution. Les masques s'abîment très vite dans la nature, mais le polypropylène, matière qui les constitue n'est pas biodégradable et continue de polluer les sols et les mers pour une durée que certains estiment à 450 ans.
Une belle campagne qui appelle à la responsabilité pour protéger la biodiversité marine de la pollution liées aux masques et aux gants de protection ! ? On rappelle que jeter son masque à la poubelle, c'est préserver l'environnement mais aussi ralentir la diffusion du covid-19 ! https://t.co/LKYTdtlkum
— Gestes Propres (@GestesPropres) October 7, 2020
Conscient de l'enjeu, le ministère de l'Écologie a annoncé, en juin 2020, que l'amende pour abandon de déchet sur la voie publique allait être rehaussée à 135€. Les deux marcheurs qui passeront par Lyon du 17 au 21 octobre 2020, poursuivent quant à eux, leur sensibilisation auprès des jeunes notamment. Leurs étapes sont ponctuées d'intervention dans les écoles et centres aérés, et de séances collectives de ramassage comme l'organise régulièrement l'association Un déchet par Jour, fondée par Edmund Platt.