Jeudi 23 novembre, un imprimeur de Valence a refusé d'imprimer un tract jugé "haineux" concernant la mort du jeune Thomas, tué à Crépol. L'entreprise, victime d'un bad buzz, a essuyé une véritable tempête d'injures et de menaces sur les réseaux sociaux. Explications.
L'entreprise Bureau Vallée est lynchée sur les réseaux sociaux depuis ce jeudi 23 novembre. Son antenne basée sur le plateau des Couleures, à Valence, a refusé d'imprimer des affichettes présentées comme des messages de soutien à la famille de Thomas, victime du drame de Crépol.
"Contenus haineux"
Rien à voir avec un tract de soutien à la famille, explique-t-on chez Bureau Vallée. L'entreprise jointe par téléphone s'est refusée à révéler l'identité des auteurs de ce tract. Relayé sur les réseaux sociaux par certains internautes, le texte apparaît signé par la section locale du groupuscule d'extrême droite Action française.
"Les employés ont été choqués par les termes du tract. Ils ont aussitôt contacté le service juridique du groupe". Le siège social de Bureau Vallée se trouve en région parisienne. L'entreprise, qui a refusé d'imprimer les affichettes, invoque "sa responsabilité" au regard du respect de la loi. "Il est interdit en France de relayer des propos appelant à la haine et à la violence", rappelle-t-on chez Bureau Vallée.
Face à la tempête provoquée par ce refus, l'entreprise Bureau Vallée s'est même expliquée dans un communiqué officiel publié sur les réseaux sociaux dès jeudi. Le groupe explique avoir reçu une demande par mail pour une impression de tracts le mercredi 22 novembre. "Compte tenu de leurs contenus que nous avons estimés haineux et de notre responsabilité au regard de la Loi, nous avons décidé de ne pas les imprimer", explique l'entreprise. La société précise : "c'est la seule et unique raison pour laquelle nous avons décliné cette demande". Le communiqué de Bureau Vallée indique que ces propos seront "portés à la connaissance de la justice dans les prochains jours".
Communiqué officiel pic.twitter.com/Wwi2JTyvcp
— Bureau Vallee (@bureauvallee) November 23, 2023
Extrême violence
Sur les réseaux, ce ne sont pas uniquement des insultes, une incitation au boycott ou des commentaires négatifs qui fleurissent à l'encontre de l'entreprise. "Le mail du DG a été dévoilé, les noms de l'équipe du magasin de Valence. Il y a eu des menaces de mort, des appels menaçants au service client et au magasin qui a refusé d'imprimer le tract. On a vu un tweet qui appelait à brûler le magasin de Valence... c'est très grave, ça va très loin ! C'est d'une violence inouïe". Ces menaces ont été portées à la connaissance de la police qui a augmenté les rondes aux abords du commerce valentinois, précise-t-on. L'entreprise a pris contact avec les différentes plateformes internet pour qu'elles agissent.
Mais le groupe n'entend pas en rester là face au lynchage dont elle fait l'objet sur les réseaux sociaux. "Le directeur du service juridique s'apprête à aller voir la police avec tous ces éléments. On ne peut pas laisser faire", explique-t-on chez Bureau Vallée. Plainte ou main courante ? C'est encore un peu tôt pour le dire.
"Ce n'est pas du boycott ou de la censure. Nous n'avons pas refusé d'imprimer un trac de soutien à la famille de Thomas. La petite équipe de Valence est choquée. C'est même doublement douloureux pour certains de ces salariés : ils sont directement menacés et ils connaissent de la famille et des proches de Thomas", conclut-on chez Bureau Vallée.
Les obsèques de Thomas ont eu lieu ce vendredi matin, à Saint-Donat-sur-L'Herbasse, à quelques kilomètres de Crépol. La cérémonie a rassemblé près de 2000 personnes venues lui rendre un dernier hommage.