Ce mercredi 28 juin, au procès de Gabriel Fortin, l'heure était aux réquisitions de l'avocat général et aux plaidoiries de la défense. L'accusation a requis la peine maximale. Du côté de la défense, les avocats ont plaidé l'altération du discernement de l'accusé. Le verdict, initialement attendu vendredi 30 juin, a été rendu dès aujourd'hui, à 18h. Gabriel Fortin a été reconnu coupable.
Le procès de Gabriel Fortin est terminé. Les jurés se sont retirés pour délibérer à 14h50. Le verdict a été rendu en trois heures. Gabriel Fortin, 48 ans, a été reconnu coupable.
Les premières réactions des parties civiles
Des parties civiles assaillies par la presse à la sortie de la salle d'audience. Les premières réactions après l'énoncé du verdict sont des réactions de soulagement.
Si Bertrand Meichel se dit plus serein, Mathieu Caclin en revanche explique avoir été ému à l'annonce de l'expression "altération du dicernement". "Mais je ne suis pas effondré", a confié Mathieu Caclin à l'équipe de France 3 Rhône-Alpes. Ce dernier se dit "satisfait" du verdict de perpétuité et de la peine de sûreté de 22 ans.
Les réquisitions ont été suivies
Après 12 jours de procès devant les assises de la Drôme, à Valence, les jurés ont considéré que l'accusé était coupable d'avoir volontairement donné la mort à Patricia Pasquion, une cadre de Pôle Emploi et à deux responsables des ressources humaines, Estelle Luce et Géraldine Caclin. Le quadragénaire a aussi été reconnu coupable d'avoir tenté de donner la mort à un autre DRH, Bertrand Meichel. Des faits qui se sont déroulés entre l'Alsace, la Drôme et l'Ardèche. Les jurés ont toutefois retenu que des troubles psychiques avaient altéré le discernement de cet ingénieur au chômage au moment des faits. Mais Gabriel Fortin ne bénéficiera pas de diminution de peine.
Les réquisitions de l'avocat général ont été suivies : Gabriel Fortin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il s'agit du maximum prévu par la loi. A l'énoncé du verdict par le président de la cour Yves de Franca, l'accusé est demeuré impassible. Gabriel Fortin a dix jours pour faire appel.
Vers un verdict anticipé
Ce mercredi 28 juin a été marqué par les plaidoiries de la défense qui ont suivi les réquisitions de l'avocat général. En milieu de matinée, Laurent de Caigny a requis la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, à l'encontre de Gabriel Fortin. Soit le maximum prévu par la loi. Les avocats de la défense ont plaidé l'altération du discernement.
Le verdict, initialement attendu vendredi 30 juin, va être rendu dès aujourd'hui. L'accusé, âgé de 48 ans, sera fixé sur son sort en fin de journée. Peu avant 15 heures, les jurés se sont retirés pour délibérer.
Avant celà, le président a donné une dernière fois la parole à l'accusé. "Pendant dix années, j'ai été victime d'atteintes à ma vie privée (...) J’ai envoyé de nombreuses plaintes, ces personnes n'ont rien fait. La justice savait, la justice n'a rien fait, elle est responsable de ma situation, car elle est défaillante". L'ultime déclaration de Gabriel Fortin ressemble à s'y méprendre à celle du premier jour de son procès. Une déclaration lue dans laquelle il se pose en victime. Pendant les réquisitions et plaidoiries, l'accusé est demeuré tête baissée, prenant des notes.
"On ne juge pas les fous !"
Les deux avocats de la défense n'ont pas contesté les faits. En début d'après-midi, Me Romaric Chateau, l'un des deux avocats de Gabriel Fortin a pris la parole, après sa consœur Me Galland. Cette dernière est revenue sur le parcours de l'accusé. Mais, pour Me Chateau, malgré deux ans d'instruction, des centaines de questions et un procès, le mystère Fortin reste entier. Sa plaidoirie a été axée sur la santé mentale de l'accusé. "On ne juge pas les meubles, on ne juge pas les animaux et on ne juge pas les fous. Ils n'échappent pas à la justice, mais ils sont jugés différemment", a rappelé l'avocat. "Si Gabriel Fortin n'est pas capable de regrets, de remords, est-ce que ce n'est pas parce qu'il y a un problème psychiatrique ?" questionne l'avocat de la défense. "Mais la folie fait peur, et parce qu'elle fait peur, on ne veut pas la voir !"
La possibilité de dire que Gabriel Fortin était atteint de délire paranoïaque au moment des faits, ce n'est pas un gros mot (...) Il faut se poser la question : Gabriel Fortin était-il atteint d'une altération de son discernement au moment des faits ?
Me Romaric ChateauAvocat de Gabriel Fortin
"Le paranoïaque ne voit jamais d'éléphant rose (...) Il perçoit les objets, les gens, les événements comme ils sont, mais il en donne une interprétation délirante. Il faut chasser de la tête l'idée du délire d'un schizophrène. Le délire (NB : de la personne paranoïaque) est cohérent, sa faculté intellectuelle est intacte. On n'est pas dans la folie telle qu'on l'imagine, de manière caricaturale !" explique Me Romaric Chateau dans sa plaidoirie.
Paranoïa : "délire cohérent" et "décompensation progressive"
Petite explication de texte. "On a entendu l'expert dire que Gabriel Fortin souffre d'un trouble majeur de la personnalité paranoïaque" ajoute-t-il. "Y a-t-il eu perte du réel ? A-t-il eu une décompensation ? La décompensation, c'est la rupture de l'équilibre psychique de l'individu. Cela se caractérise par le fait que la personne sort du réel", poursuit l'avocat. Quelles sont les causes de cette décompensation ? "Il faut qu'il se passe quelque chose d'important : stress, décès, licenciement, blessure narcissique, sentiment d'injustice", "l'individu n'arrive plus à gérer les événements de la vie qu'il traverse", poursuit l'avocat du barreau de la Drôme, se basant encore sur les dires de l'expert. "Chez le paranoïaque, la décompensation se fait vers l'âge de 40 ans, nous a dit l'expert", reprend l'avocat. Mais ce basculement est progressif, est-il précisé.
On voudrait scénariser la brutalité du monde du travail, on ne pourrait pas faire mieux. Ces deux procédures ont été brutales, inutilement !
Me Romeric ChateauAvocat de la défense
L'avocat a défendu l'idée d'un "délire paranoïque" chez homme déjà en proie à des "troubles de la personnalité". Un délire paranoïque déclenché par une suite de "traumatismes" professionnels."Ces deux licenciements ont-ils pu provoquer un trouble dans son psychisme ? Ont-ils pu blesser son ego à tel point qu'il n'arrive plus à faire face ? On se moque du droit social et des prud'hommes", reprend l'avocat de la défense. Évoquant le licenciement de l'entreprise Francel, "le 26 juillet on lui dit de faire des efforts, et le 26 août, on lui dit "dehors" sans préavis".
Chez Faun Environnement, c'est une scène de film ! C'est tellement brutal et tellement violent, qu'il ne le comprend pas ! La médecine traumatique, ça vous intéresse (...). On rentre à la maison avec un sac-poubelle, et c'est fini ! Vous voudriez que vos enfants vivent ça ?
Me Romaric ChateauAvocat de la défense
L'avocat évoque aussi les conséquences d'une décompensation, à commencer par l'isolement social. Il souligne le bouleversement survenu dans la vie de son client. "Gabriel Fortin dont on a dit qu'il était un minable, un incapable... Il a suivi une scolarité, il a eu son bac, son diplôme d'ingénieur, il a travaillé en Allemagne (...) À partir de 2009 plus rien ! Dans sa tête il ne s'est rien passé, mais toute sa vie change ! Il vit chez sa mère, dans des cartons, vous ne le voyez pas le changement ?" tempête l'avocat.
Lors de sa plaidoirie, l'avocat revient aussi sur les "conclusions tronquées" de l'expert psychiatrique. "Il n'y a pas de propos délirants de Gabriel Fortin, puisqu'il ne parle pas !" rappelle Me Chateau aux jurés. Pour l'avocat de la défense, le fait que le procureur n'ait jamais répondu aux plaintes de Gabriel Fortin est également révélateur.
"Tous les médecins qui l'ont vu ont constaté que tout allait bien." Gabriel Fortin a été brièvement hospitalisé dans un service de psychiatrie après son interpellation, contre sa volonté, début février 2021, rappelle l'avocat. "Mais, tout va bien !" Étude à l'appui, l'avocat rapproche la personnalité de son client avec une étude sur les troubles de la paranoïa qui conclut dans la majorité des cas, à "une absence de remords et de regrets", à "une préméditation souvent ancienne après avoir épuisé toutes les voies légales". "Peut-on imaginer qu'il est atteint d'un délire paranoïaque ?", questionne l'avocat. "Si on reconnaît la folie, la peine appliquée peut être moins importante. C'est la règle et il faut l'appliquer". Selon la loi, le maximum légal encouru est diminué du tiers, a rappelé l'avocat de la défense.
"Faire aussi œuvre de justice, c'est faire en sorte qu'il soit soigné", explique la défense aux jurés. "Je ne vous demande pas d'apprécier Gabriel Fortin, de clémence à son endroit. Je vous demande d'appliquer le droit ! S'il y a altération, il faut la constater" a conclu Me Chateau.
"Solitude" et isolement
Me Laetitia Galland, avocate de Gabriel Fortin, avait pris la parole en fin de matinée, évoquant aussi les troubles de son client. Elle s'est attachée à faire le portrait d'un homme isolé, marqué par le manque d'amour dans sa vie personnelle. "Nous ne sommes pas là pour justifier, mais comprendre ce qui s'est passé afin de pouvoir rendre justice", a-t-elle expliqué en préambule. "Vous ne pourrez vous contenter de dire que l'accusé est un monstre", lance Me Galland à l'adresse des jurés, leur demandant de prendre en considération le parcours de l'homme dans le box des accusés. "Il vous manque un élément : la parole de Gabriel Fortin". "Il a un trouble de la personnalité de type paranoïaque", explique-t-elle. "Vous ne pouvez pas regarder les faits avec nos normes, nos propres sentiments", ajoute-t-elle. "La folie, c'est perdre pied avec la réalité !".
À la naissance de l'accusé, "il n'a pas été reconnu par son père. On a une première chose importante," plaide l'avocate. "Le père est retourné au Gabon, on n'a pas cherché plus loin. (...) C'était un sujet que l'on ne devait pas évoquer". L'avocate déroule ensuite l'enfance de son client, entre absence du père, ruptures avec la mère, peu de démonstrations d'amour et non-dits au sein d'une famille "repliée sur elle-même". "Il fallait avancer, rester dans le rang, bien travailler à l'école", détaille la défense, soulignant aussi le contraste avec les familles des victimes.
"Dans cette famille, on a mis en exergue le travail, le moteur d'une vie (...) C'est la première fois que je voyais un client aussi isolé, avec des liens limités aux aspects pratiques avec sa famille", a ajouté l'avocate, évoquant "une pauvreté des liens" familiaux et amicaux. Pas davantage de liens lors de sa vie étudiante en école d'ingénieur. "La personnalité de Monsieur Fortin l'empêche de construire des liens amicaux forts, pour autant il essaye", assure Me Marie-Caroline Galland. Sur son changement de personnalité à son retour de Valence dans sa région d'origine. Un changement intervenu à partir de 2010 : "qu'est-ce qui a pu arriver ? La réponse vient du monde du travail", indique la défense.
Gabriel Fortin était-il compétent ? Là n'est pas la question dans ce dossier. Mais, comment il a pu vivre ces deux licenciements de manière brutale et injuste.
Me Laetitia GallandAvocate de Gabriel Fortin
"Sentiment d'injustice"
"Chez Francel, il a été conforté dans le fait qu'il faisait l'affaire. En 2006, on le convoque deux jours avant ses congés". Le résultat de cet entretien tient en peu de mots. " Doit faire ses preuves". "Du jour au lendemain, c'est un effondrement", plaide l'avocate qui parle d'"un licenciement dans l'urgence". Évoquant les démarches d'un salarié qui "a suivi les règles" : "on doit laisser une seconde chance, ça n'a pas été fait !", revenant sur un licenciement brutal et "sans ménagement". "Mais Monsieur Fortin fait encore confiance à la justice à ce moment-là". Échec de la procédure devant les prud'hommes, avec ses avocats…
"Tous ces éléments viennent dire qu'il y a une injustice pour Monsieur Fortin, exacerbée par ce deuxième licenciement", indique Me Galland. La mise à pied, le sac-poubelle... "Peut-être que ce sont les démarches habituelles, qu'il n'y a pas de volonté d'humiliation, mais je vous laisse imaginer", ajoute l'avocate à l'adresse de la cour et des jurés. Gabriel Fortin a contesté son licenciement, "à ce moment-là, on va noter un changement : un repli sur soi, un enfermement", ajoute l'avocate qui souligne l'envoi par l'ingénieur au chômage de 950 candidatures. "Le mutisme de Gabriel Fortin vient en partie de cette perte de confiance dans l'institution judiciaire", a expliqué un peu plus tard l'avocate de la défense.
"Juge et bourreau", "sans qualités"
Juste avant les plaidoiries de la défense, l'avocat général a pris la parole pour ces réquisitions en commençant par évoquer la personnalité de l'accusé. "Qui est Gabriel Fortin ? C'est un quasi quadruple assassin !", déclare avec force l'avocat général, Laurent de Caigny. "Gabriel Fortin est un assassin méthodique. Tente-t-il de passer pour fou ? (…) Il est organisé. C'est mûri, c'est adaptatif, ce qui prouve qu'il est bien dans le réel. (…) Il n'est pas fou, il est méthodique."
Sur la personnalité de l'accusé, l'avocat général évoque un homme qui est à la fois "juge et bourreau". Un individu "assez insensible aux autres". "Gabriel Fortin est buté. Il ne veut pas entendre les autres, il ne veut pas qu'on lui donne tort !" Faisant référence à l'écrivain Musil, l'avocat général évoque un homme "sans qualités", "pauvrement humain", "un homme orgueilleux", emprisonné dans "une médiocre toute-puissance" mais "sûr de sa valeur", et qui "ne délire pas". "Qu'est-ce qui pousse Gabriel Fortin à agir ? C'est sa petite estime de soi!", assène l'avocat général. Pour ce dernier, l'accusé n'est pas fou.
"Je ne crois pas que Gabriel Fortin s'est muré dans son mutisme (...) On n'est pas dans un conte de fée", ironise Laurent de Caigny. Pour l'accusation, Gabriel Fortin "choisit ses interlocuteurs". Son mutisme relève de la stratégie. Ni bouffée délirante, ni décompensation psychiatrique ou "sorte de coupure du monde". Pas d'expertise "tronquée" non plus pour l'accusation. "Gabriel Fortin, il faut sortir de l'enfance ! Vous êtes dans un tribunal pour adultes, pas dans un tribunal pour enfants", déclare l'avocat général à l'adresse de l'accusé.
Peut-être qu'il est devenu complètement dingue. Mais, est-ce qu'il était dingue au moment des faits ? Si c'était le cas, ce serait tellement rassurant. Il n'y a pas de maladie mentale chez Gabriel Fortin.
Laurent de CaignyAvocat général
"La loi prévoit la peine perpétuelle, elle doit être prononcée dans ce dossier", a déclaré Laurent de Caigny. L'avocat général a également requis une peine de sûreté de 22 ans, soit le maximum prévu par la loi.
Me Denis Dreyfus, avocat de Jean-Luc Pasquion et de ses filles, a réagi : "22 ans de sûreté, ça ne veut pas dire qu'au bout de 22 ans cet homme aurait une facilité quelconque à sortir. Ces réquisitions très fortes sont dans la logique de l'ensemble de cette procédure. (...) Lorsque l'homme a montré qu'il est un mort-vivant, qu'il n'a pas eu le moindre mot - et c'est exceptionnel - le moindre sentiment ou geste vis-à vis de ses victimes, malheureusement, il n'y a plus que l'élimination qui est la réponse sociale".
Satisfaction aussi du côté de la famille d'Estelle Luce face à la peine demandée par l'avocat général.
Un homme déterminé
“Gabriel Fortin n’a tiré qu’à une seule reprise sur Patricia Pasquion, il a forcément croisé son regard, l’a forcément entendu crier et ça ne l’a pas arrêté,” a expliqué Marie-Caroline Gervason, substitut au parquet de Valence, qui parlait ce mercredi matin au nom du ministère public. La magistrate, qui a pris la parole en premier, est précédemment revenue sur les faits survenus en Alsace.
Elle est revenue aussi sur les faits commis en Drôme et en Ardèche, indiquant que Géraldine Caclin a été la cible de trois tirs. “Géraldine Caclin a mis sa main en protection et il a tiré quand même”. “C’est à bout touchant et appuyé qu’il s’est assuré qu’elle ne se relèverait pas” indique-t-elle, évoquant la détermination criminelle de l’accusé. “Gabriel Fortin l’a abattu froidement !"
"Dans sa logique criminelle, tout s'est avéré parfaitement cohérent, (bis) il s'était armé d'armes à feu puissantes... Des centaines de munitions ont été retrouvées. Il n'était ni alcoolisé, ni sous l'emprise de stupéfiants". Et, elle ajoute :
Pour chacune de ses victimes, il a visé sans que jamais, jamais, on ne l'ait vu vaciller. Il ne leur a laissé aucune chance d'échapper à leur mort ! (..) Pour Estelle Luce et Géraldine Caclin, Gabriel Fortin a visé la tête et atteint le visage. En les défigurant, c'est leur identité profonde qu'il a voulu atteindre.
Marie-Caroline GervasonMinistère public
Mais, des questions resteront en suspens selon l'accusation : concernant d'autres cibles potentielles ou l'intention de Gabriel Fortin de se suicider. "À la question de savoir s'il est coupable, je vous demande de répondre oui", conclut Marie-Caroline Gervason avant de passer la parole à Laurent de Caigny.
Un accusé muré dans le silence
L'interrogatoire de Gabriel Fortin, jugé par la cour d'assises de la Drôme pour trois assassinats et une tentative d'assassinat, a tourné court lundi, accélérant ainsi le déroulé du procès, avec un verdict désormais attendu ce mercredi soir ou jeudi, au lieu du vendredi 30 juin. Gabriel Fortin, campé sur sa chaise, est resté muet. Il a refusé de répondre aux questions de son propre avocat, Me Romaric Chateau. Le traditionnel interrogatoire de l'accusé à la fin des débats a duré moins de 15 minutes. Gabriel Fortin a répété, à chaque question, qu'il n'avait "rien à dire" sur le ton égal qu'il a adopté tout au long du procès, avant de se refermer complètement.
Sur les trois assassinats qui lui sont reprochés ? Les documents trouvés sur l'ordinateur de Gabriel Fortin qui laissent suggérer un long processus de préparation ? Sur ses licenciements, qu'il avait pourtant précédemment dénoncés ? Son interpellation sur un pont menant à Valence ? "Rien à dire". L'accusé ne collabore pas, à une exception. "Pour que quelqu'un soit bien jugé, il faut qu'il puisse s'exprimer. Vous avez conscience que vous prenez le risque d'être mal jugé ?", demande le président de la cour Yves de Franca. Ultime dénonciation par Gabriel Fortin d'une "enquête à charge", sans plus d'arguments.
Seul élément sur lequel se défend Gabriel Fortin : l'analyse informatique des "quatre millions" de fichiers saisis sur des ordinateurs et disques durs lors d'une perquisition. "Toute l'analyse informatique est fausse", s'est-il borné à commenter. Ces documents, qui contiennent les détails de l'emploi du temps de Gabriel Fortin depuis 2010, mais aussi de plus de vingt ans de déplacements, attestent de nombreuses recherches et repérages sur les victimes ou encore plus de 600 comptes de réseaux créés avec des identités usurpées, dont ont été la cible en particulier les victimes alsaciennes, a expliqué à la barre l'expert en charge de cette analyse.
Sa "paranoïa écrase tout, elle prend le dessus sur sa personnalité et elle l'a empêché complètement de vivre. Je crois que c'est le signe d'une grande altération, voire d'une abolition de son discernement", a confié à des journalistes Me Romaric Chateau. Gabriel Fortin comparaît depuis le 13 juin 2023 pour trois assassinats et une tentative d'assassinat. Des faits commis entre le 26 et le 28 janvier 2021. La peine encourue : la réclusion criminelle à perpétuité.