Dans la vallée de la Roanne, près de 250 personnes ont été inhumées depuis le 17e siècle dans le cimetière de Petit-Paris. Cette commune drômoise a disparu en 1966 à cause d'un exode rural massif. Des bénévoles passionnés ont œuvré pour redonner vie à ce cimetière longtemps laissé à l'abandon.
Qui se souvient encore du cimetière de la commune de Petit-Paris dans la Drôme ? Ce "Père Lachaise" miniature a été laissé à l'abandon pendant plus d'un demi-siècle. Le cimetière a été progressivement enseveli sous la végétation. Si aujourd'hui quelques pierres tombales sont encore visibles, la plupart sont sous la terre. 250 personnes ont été inhumées dans ce lieu.
Exode rural
"On pense que le cimetière existe depuis le XIIIᵉ siècle. C'est le dernier vestige de la commune du Petit-Paris qui a disparu en 1966, faute d'habitants", explique Pierre Nicola, secrétaire de l'association Philomène.
La mairie de Petit-Paris a été rattachée à la commune de Saint-Nazaire-le-Désert. Mais jusqu'aux années 1900, elle comptait encore une centaine de familles, selon Pierre Nicola. La Première Guerre mondiale, puis l'exode rural, ont eu raison du village. "À partir des années 1960, plus personne n'habitait le Petit-Paris. Il y a eu un dernier baptême en 1987 et le site a été rendu à la nature". Laissé en friche, il aurait pu tomber dans l'oubli.
"Un prêtre à la retraite a fait des recherches et a retrouvé les noms des personnes inhumées, avec dates de naissance et de décès depuis 1715. Mais on sait qu'il y en a bien d'autres, avant 1715", ajoute le bénévole.
"J'ai mon arrière-grand-mère qui est enterrée dans ce cimetière. C'est l'une des dernières personnes ensevelies ici. Ce cimetière, c'est un petit joyau qu'il faut préserver. C'est très sympa, on est à l'ombre, on peut déambuler", explique Robert, un visiteur venu en "pèlerinage" sur le site.
Association Philomène
La chapelle Saint-Thomas, sous sa forme actuelle, date de 1634. Avec l'ancien cimetière, ce sont les derniers vestiges de la commune de Petit-Paris. Le site est perché au sommet d’une colline isolée. Il n'est accessible que par un chemin forestier. Le lieu était à l’abandon depuis les années 1990 en raison sans doute de son isolement et de son accès difficile.
Le cimetière et la chapelle se dégradaient et menaçaient de disparaître. En 2015, quelques enfants du pays, ne pouvant se résoudre à assister impuissants à la disparition de ce patrimoine, ont créé l’Association Philomène, du nom de la cloche de la chapelle Saint-Thomas. L’association a entrepris de débroussailler, clôturer le site et réhabiliter le chemin d’accès. En plus du cimetière, la chapelle qui menaçait ruine a, elle aussi, été restaurée. Au total, six ans de travaux ont été nécessaires pour réhabiliter les lieux.
"Au départ, on était quatre du village à vouloir faire quelque chose. Quand on a commencé à débroussailler le cimetière, beaucoup d'enfants de l'exode rural se sont mobilisés, le bouche-à-oreille a fonctionné. On a eu une générosité impressionnante. On n'en revenait pas," explique Pierre Nicola.
Si le cimetière est désormais un jardin du souvenir, la chapelle, elle, peut désormais commencer une nouvelle vie. Pierre et sa femme n'espèrent qu'une chose : qu'un mariage soit de nouveau célébré dans la chapelle.