Deux rassemblements ont été organisés ce samedi 30 novembre, en début d'après-midi, à Romans-sur-Isère en mémoire du jeune Thomas. L'adolescent avait été tué il y a un an dans le village de Crépol. Dans la petite commune drômoise, on redoutait des violences. Les deux manifestations se sont déroulées à distance et sans incident.
Deux manifestations ont eu lieu ce samedi après-midi à Romans-sur-Isère. L'après-midi s'annonçait tendu. D'un côté, le collectif d'ultra-droite "Justice pour les Nôtres ", qui se présente comme patriote, entendait rendre hommage au jeune Thomas, tué à Crépol en novembre 2023. De l'autre, l'extrême gauche dénonçait une récupération raciste. Les deux manifestations ont eu lieu chacune d’un côté de la ville. Les rassemblements se sont opposés à distance et sans incident. Les deux manifestations se sont dispersées dans le calme.
"Hommage revendicatif"
Le rassemblement du collectif d'ultra-droite a été annoncé pour 15h, place Gailly dans le centre historique. Les manifestants entendaient aussi rendre hommage à Nicolas, tué début novembre. Le jeune rugbyman de 24 ans a reçu une balle dans la tête alors qu'il se trouvait devant une discothèque de Saint-Péray. Par coïncidence, le jeune Romanais appartenait au sein du même club de rugby que Thomas. Pour ce cortège, les drapeaux tricolores étaient de sortie. Sur les pancartes, on pouvait lire : "Justice pour Thomas et Nicolas" ou encore "État laxiste = Français en colère".
Environ 200 à 300 personnes se sont rassemblées sur cette place du centre-ville pour des discours et une Marseillaise. Certains participants se sont enveloppés dans un drapeau français. "C'est un hommage revendicatif", a expliqué à la presse Raphaël Ayma, porte-parole de "Justice pour les Nôtres". "La meilleure manière de rendre hommage à Thomas, c'est de tirer des leçons politiques de sa mort. Il faut revendiquer dans la rue. On est des militants politiques qui ressentent de l'empathie vis-à-vis de Thomas, qui se sentent touchés", a expliqué le jeune homme de 22 ans.
2 #manifestations organisées ce 30/11/24 à #RomansSurIsère, 1 an après le drame de #Crépol et la mort de Thomas, 1 mois après la mort de Nicolas à Saint-Péray. La manifestation d'un collectif d'ultra-droite était prévue à 15h dans le centre-ville.
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Contre "la récupération"
Une heure plus tôt, c'est un "cortège pacifique" qui est parti de la place Hector-Berlioz, dans le quartier de la Monnaie. En début d'après-midi, les participants à cette manifestation menée par diverses organisations de gauche ont commencé à défiler dans le calme derrière des banderoles indiquant "Face au racisme, Romans résiste", ou encore "A Romans, comme ailleurs, à bas le fascisme" ou encore "Crève les idées fascistes". Plusieurs centaines de personnes, dont la mère de Zakaria, étaient présentes dans ce cortège. Son fils, âgé de 15 ans, originaire du quartier de La Monnaie, a été mortellement poignardé en avril dernier alors qu'il tentait de s'interposer dans une altercation. Au cours de la marche, les manifestants se sont arrêtés à l'endroit où cet adolescent est mort pour une minute de silence. "J'ai perdu mon fils à cause de la violence. Il n'y a pas de mots pour expliquer ça", a déclaré la jeune femme.
2 #manifestations organisées ce 30 novembre à #RomansSurIsère, un an après le drame de #Crépol et la mort de Thomas. Une manifestation d'un collectif d'ultra-droite était annoncée à 15h. À 14h, une contre-manifestation de l'extrême gauche était prévue.
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Le choix du quartier de la Monnaie n'est pas un hasard. C'est ce quartier qui avait notamment été pris pour cible lors d'une manifestation aux allures d'expédition punitive quelques jours après la mort de Thomas. Certains suspects en sont originaires.
Inquiétude à Romans-sur-Isère
Les deux rassemblements ont été maintenus, la justice administrative ayant finalement suspendu l'interdiction préfectorale concernant les manifestations du jour. À commencer par le rassemblement du collectif "Justice pour les Nôtres". Le tribunal administratif de Grenoble a également suspendu l'interdiction de contre-manifestations dans une seconde ordonnance. Le tribunal a tranché ce 29 novembre en faveur des référés-liberté déposés par chaque camp.
Si les deux participations aux deux manifestations ne doivent pas se croiser, leur proximité dans la petite ville de Romans-sur-Isère inquiète. La commune sera placée sous haute surveillance ce samedi 30 novembre. Marie-Hélène Thoraval, la maire de Romans-sur-Isère, a notamment réclamé des renforts policiers. Dans un communiqué, l'édile a tenu "à rappeler son attachement à la liberté de manifester, mais demeure particulièrement inquiète de la conjonction de ces deux manifestations le même jour sur un même territoire et des risques d’affrontements violents qui en découlent".
Condamnation de Nicolas Daragon
La mort de Thomas, un lycéen de 16 ans poignardé lors de violences à la fin d'un bal de village, avait enflammé la classe politique. La droite et l'extrême droite s'étaient emparées du sujet.
Invité cette semaine de l'émission Dimanche en Politique sur France 3 Rhône-Alpes, le maire LR de Valence et actuel ministre de la Sécurité du quotidien, Nicolas Daragon, a dénoncé les risques de troubles et a fustigé "l'exploitation politique" du drame de Crépol : "J'estime que nous n'avons pas à exposer les gens, ils le sont déjà suffisamment. Je trouve que cette exploitation politique est regrettable. Elle est indigne. Je ne crois pas qu'on réglera ça en manifestant et en s'opposant les uns aux autres". Nicolas Daragon a condamné ces manifestations. "Ces manifestations, je trouve qu'elles sont parfaitement déplacées. Ce sont des manifestations de l'extrême droite violente et de l'extrême gauche violente, avec le souhait exprimé à plusieurs reprises de se confronter. Elles mobilisent des forces de l'ordre massivement, des magistrats. Quand on prône plus de sécurité dans le pays, on commence par ne pas manifester en annonçant qu'on va accomplir des violences et se confronter", a déclaré Nicolas Daragon.
Concernant la mort de Thomas, tué dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, l'enquête n'a pas encore réussi à faire la lumière sur l'auteur du coup mortel. Un an après la mort de Thomas, l'enquête se poursuit. Dans ce dossier, 14 personnes ont été mises en examen, dont huit ont été placées en détention provisoire.